
Réalisation : Nora Twomey
Scénario : Anita Doron, d’après le livre de Deborah Ellis
Animation : Cartoon Saloon et Mélusine Productions
Après que son père ait été emprisonné par les talibans, la jeune afghane Parvana est contrainte de se déguiser en garçon pour rapporter de quoi survivre à sa famille.
Troisième production long-format de chez Cartoon Saloon, la première qui ne soit pas réalisée par Tomm Moore, Parvana confirme le bien que l’on pouvait penser du studio irlandais, rendu célèbre en 2009 grâce à son Brendan Et Le Secret De Kells qui avait pris la critique par surprise. Conformément à ses notoires prédécesseurs, le film répond à cette double-exigence de s’adresser aux enfants (la protagoniste déborde d’opiniâtreté) tout en ayant un quelque chose de plus réel et austère à présenter du monde depuis lequel il est né, et le fait de manière plutôt compétente, sans tentatives d’humour déplacées ni pédagogisme pompeux. Plusieurs séquences se révèlent même formidables de pudeur, à l’instar de celle où l’héroïne lit une lettre à son vieux destinataire analphabète à même le sol du bazar, tandis que la forme élémentaire, efficiente, communicative, remplit élégamment la tâche qui est sienne. On pourra en revanche trouver certains aspects de la narration un peu lourdauds, la faute notamment au lien établi entre le combat de Parvana et la légende populaire à laquelle la fillette se réfère pour se donner du courage, un parallèle qui entraîne d’incessantes allées-venues trop mécaniques pour ne pas lasser arrivé à un certain point ; ces incursions folkloriques sont surtout le prétexte choisi de la réalisatrice pour mettre en avant une seconde esthétique mimant numériquement l’animation en papier découpé des années 70, avec des effets de volume empruntés au théâtre. C’est joli, plein d’âme nul doute, mais il est dommage que ces quelques déviations ne servent que très accessoirement le récit en le saccadant plus que nécessaire.
Pinaillages mis de côté, Nora Twomey peut s’enorgueillir d’avoir mis en boîte un dessin-animé imparfait mais consciencieux, généreux dans ses intentions, de ces métrages qui n’explosent pas en bouche mais qui laissent un petit goût plaisant après générique. Et surtout, qui essaient de tirer le public infantile vers le haut lorsque d’autres préfèrent les abreuver de rebuts 3D ou de blagues potaches copy/pastées sur le net. La sympathie qu'inspire Cartoon Saloon depuis dix ans se justifie donc de nouveau.