Alan Wake, donc, et ses DLC.
Fini le jeu, et je suis assez partagé. Et pas vraiment à cause de Barry et ses agissements, mais parce que le jeu a le plus grand mal du monde à se renouveler.
Il y a un vrai manque de situations de jeu différentes, il n'y a guère que 5 ennemis de base différents (le possédé de base, la version mahous, la version rapide, les corbaques et les objets possédés), ce qui entraine des combats assez répétitif. Tout est dans le
positioning et la façon dont on arrive a ne pas se laisser déborder, mais les mécaniques sont toujours les mêmes, un coup de lampe torche, puis trois balles dans le coffre.
S'ajoute à ça un manque de renouvellement des niveaux, on est toujours à se balader dans ces forêts du nord de l'Amérique, les rares excursions en milieu urbain ou industriel ayant du mal a rompre cette monotonie. Surtout que le jeu réutilise ses
assets à mort, genre cet affleurement rocher qui domine les falaise, on le retrouve partout... On pourrait dire que c'est cohérent avec les inspirations TV du jeu, vu que plein de séries TV se tournent au Canada parce que c'est moins cher là bas, mais pour un jeu c'est difficilement excusable, surtout après pas loin de 8 ans de développement.
Enfin dernier problèmes, et probablement le pire, le jeu est trop facile. Je l'ai fait en normal et je n'ai jamais réellement manqué de munitions ou de piles. En fait les deux moments où j'ai failli être a cours de munitions sont des moments où ensuite je n'ai plus vu de possédés pendant un long moment. Et avant d'en retrouver le jeu me redonnait de quoi m'équiper. Du coup vers la moitié du jeu j'ai compris que ça ne serait jamais un problème, et ça ne l'a jamais été. Et si la fréquence des
checkpoints aide a éviter la frustration par moment, elle retire aussi pas mal de tension en rendant la mort pas assez punie.
Comme dit plus haut, j'ai fait le jeu en normal sur PC, mais ça correspond au
hard console. Au delà de cet aveux de Remedy que le jeu était vraiment trop simple, il ne règle rien vu que le choix
normal/hard s'est bêtement changé en
easy/normal. Du coup j'imagine que le mode
nightmare doit être assez accessible en fait.
Autre reproche, l'exploration. J'ai passé pas mal de temps à chercher les objets cachés, et malgré tout j'ai réussi a manquer des pages de manuscrit (deux de tout le jeu). Ce qui me fait un peu rager car elles contribuent pas mal à la narration. Manqué aussi une télévision, je sais pas trop où vu qu'elles sont assez évidentes, mais eu toutes les émissions de radio par contre.
En soit
Alan Wake cède pas mal à la collectionite aiguë, les thermos de café n'étant que ça, et ça casse un peu le rythme du jeu de devoir ratisser de long en larges toutes les zones du jeu, certaines étant très vastes.
D'ailleurs je me demande si il faut voir dans ces longs niveaux avec leur distance d'affichage élevée et surtout dans les niveaux en voitures, que l'on peut quitter à tout moment pour explorer à pied, des restes de l'époque où le jeu devait être un
open world.
Reste le scénario et l'ambiance qui en découle.
Ce que j'ai le plus apprécié c'est la narration, elle utilise toute les formes possible je pense. On a le jeu en lui même, et ce qu'il s'y passe, narré par le protagoniste, on a les pages du manuscrit, qui commentent des évènements à venir ou passés, qu'Alan les ai observés ou pas, il y a les vidéo diffusés d'Alan qui pète un câble dans sa chambre, le méta-commentaire des épisodes de
Night Springs et enfin le découpage en épisodes de série TV. Tout ça s'entremêle et brouille les repères avec brio. Si il est assez évident qu'Alan n'est pas fou, ça serait trop facile, trop décevant, les premières heures de jeu sont vraiment déstabilisantes. Ça s'arrange ensuite avec la suite (et en effet l'arrivée de Barry), mais le jeu arrive a continuer sur sa lancée. Je reproche aussi à l'histoire de n'avancer qu'entre les niveaux et que la narration pendant ces derniers est trop légère, hachant le rythme.
Mais en soit mon plus gros problème avec le scénario est le même que j'ai avec les romans de Stephen King. King considère que si il explique l'origine de ses horreurs et cauchemars, il les dévalue et leur fait perdre de la force évocatrice. Je pense au contraire que si c'est efficace sur le plan conceptuel, c'est creux au niveau du sens car métaphoriquement ses créatures ne représentent rien. La notion de mal étant fondamentalement anthropique, ce genre de créature absolument maléfique doit être lié a des peurs primaires, des taboux fondamentaux pour fonctionner. Et c'est un des problèmes de l'antagoniste du jeu,
que représente cette présence sombre qui réalise les créations des artistes pour les détourner ensuite vers ses fins, d'où vient-elle ? que représente-elle ? Le jeu n'offre pas grand chose là dessus, préférant en faire un antagoniste sans forme.
Il y a aussi un certain nombres d'éléments que le scénario pose sans en faire rien,
comme ce mystérieux double qui apparait à la fin, et rementionné dans les DLC, ou bien la société secrète dont le sheriff fait parti.
Bon l'arnaque du jeu sur 360 c'était ses DLC, qui offrent la vraie fin de l'histoire. Sur PC ils sont inclus de base, c'est déjà mieux. Malgré quelques bonnes idées, comme cette représentation du pouvoir des mots ou des mécanismes du rêve, et une fin autrement plus satisfaisante, ils entrainent le jeu vers une pente encore plus orienté action, voir bourine. Et puis qu'est-ce que ça continue de recycler à mort les
assets du jeu de partout.
Au final, un bon jeu, une bonne expérience et une histoire qui même si elle tire en longueur n'aurait pas aussi bien rendu en film ou à la TV. Mais aussi un jeu trop facile où l'aspect
survival trop léger nuit à l'
horror.
Un peu dommage.