Famicom Detective ClubNintendo oblige, je sais déjà que la possibilité de voir cette duologie en promo sur leur store est probablement très lointaine, sinon illusoire - du coup je n'ai pas trop attendu finalement avant de craquer. Merci Nintendo.
Vous connaissez probablement déjà le topo : les deux titres originaux étaient sortis sur Nes en 1988 et 89, et font figure de classique du jeu d'aventure-slash-visual novel (j'ai oublié d'où ça viens mais j'ai longtemps été persuadé que ces jeux d'aventure basé sur des menus de commandes se nommaient des "digital comics", quelqu'un connaissant mieux la terminologie me corrigera), et où l'on doit résoudre les affaires dans lesquelles se retrouve plongé notre perso de jeune détective lycéen plus ou moins ordinaire.
Dans le premier jeu,
The Missing Heir, on enquête sur une histoire d'héritage suite au déçès de la matriarche d'une grosse famille de la campagne locale sur laquelle plane des rumeurs de malédictions - et très rapidement, les héritiers putatifs disparaissent dans des accidents de plus en plus suspects... changement d'ambiance pour le second jeu,
The Girl Who Stands Behind, qui lui prends place dans un bahut ordinaire d'une banlieue japonaise où le déçès suspect d'une jeune lycéenne va pousser notre protagoniste à mener l'enquête dans l’établissement scolaire de cette dernière afin de découvrir la vérité cachée derrière la légende du fantôme d'une jeune fille hantant l'école, et la manière dont cette légende urbaine est liée à une disparition mystérieuse quinze ans plus tôt qui n’a jamais été résolue.
Sans être un expert en VN, une grande partie du plaisir que l'on à rejouer à ces deux ressorties est de se retrouver plongé dans un concentré de tropes que l'on retrouvera dans tout un tas de titres ultérieurs, que ce soit sous forme d'influences plus ou moins inconscientes - quand on n'est pas carrément dans l'hommage revendiqué. Que ce soit le protagoniste se réveillant amnésique un soir au bord de la plage, la famille aussi friquée que toxique retranchée dans son manoir de montagne, les meurtres sur fond de malédiction ancestrale, un puzzle à résoudre mène tout droit au trésor familial, ou les "Nanafushigi" les sept légendes fantastiques entourant le lycée du coin... les clichés du genre sont venus, ils sont tous là.
Techniquement, la qualité du remake est inattaquable - décors colorés, petites animations rendant les personnages rencontrés très vivants, présence de voix sur la plupart des dialogues importants. Perso, je trouve malgré tout le style des nouvelles illustrations décevant (décors trop modernes, aseptisés et pas très 80s, chara-design passe-partout) - j'adore
les graphismes du remake Super Famicom et j'aurais aimé un truc plus dans ce goût là, mais vous me direz, pourquoi faire un remake dans ce cas... et côté voix, confier le rôle du protagoniste masculin à Megumi Ogata provoque tout un tas d'associations d'idées malheureuses qui m'ont distrait pendant toute l'enquête (plus amusant par contre, c'est la VA de Videl qui joue le rôle de la charmante assistante du cabinet de détective - rôle qui est en fait une reprise, puisqu'elle jouait déjà le même perso dans l'épisode 3 qui était une exclu Satelliview en 97 !).
Mais surtout, là où ça risque vraiment de coincer (en fonction de votre niveau de tolérance au bullshit), c'est que ces remakes conservent le même gameplay que les jeux originaux - si vous avez fait
Snatcher,
Policenauts ou encore tous ces titres louches que l'on trouvait à la pelle sur MSX/PC-88, vous voyez de quoi je parle : histoire très linéaire où la navigation se fait par des commandes dans des menus, en général les développeurs ont implémenté une séquence précise qu'il faut suivre pour progresser dans l'histoire, et on se retrouve la plupart du temps à lire et relire les mêmes dialogues une dizaine de fois en essayant de deviner quelle commande débloquera la suite de l'histoire. Le recours à un guide est une alternative très satisfaisante face à cette forme de torture mentale.
Malgré ça, je me suis vraiment bien amusé sur
Famicom Detective Club : les intrigues sont bien menées (surtout celle de
The Girl Who Stands Behind), et c'est tout un pan de l'histoire du genre qui nous devient accessible avec cette sortie. Si Nintendo commissionne Mages pour réaliser une adaptation du troisième épisode, je ne cracherais pas dessus. Et si j'ai longtemps cru que certains de ces tropes de VN étaient des emprunts directs à Rampo Edogawa (le shounen tanteidan, et surtout le manoir isolé où va se dérouler des trucs horribles et qui est un peu le patient zéro de l'eroguro), si on croit l'auteur du script Yoshio Sakamoto maintenant je saurais que les inspis sont plus à chercher du côté de Dario Argento et des romans de Seishi Yokomizo.