Les Pokémons de Game Freak sont un cas extrême et à ce titre, c’est difficile d’en faire l’illustration qui éclairerait le positionnement général de Nintendo. Le niveau de performance/finition y est désastreux, au contraire de la façon dont sont traités les Mario, Zelda et à peu près toutes leurs licences fortes. Et en l’occurrence, on sait à peu près pourquoi : Game Freak ne sont pas dimensionnés pour produire les Open Worlds qu’on leur réclame à l’année, comme s’ils étaient Ubisoft. De fait, c’est la stratégie d’exploitation commerciale qui est légitimement attaquable, davantage que les équipes qu’on jette là-dedans. Parce qu’en soi, je considère que les Pokémons, même avec une DA arrangeante quand on a une machine qui n’est pas taillée pour faire du photoréalisme, ça devrait avoir une bien meilleure gueule.
Ensuite, je pense que tu te trompes quand tu caricatures les machines Nintendo comme étant destinées à des enfants qui se fichent des specs. Déjà parce que je pense que la moyenne d’âge des joueurs Switch est peu ou prou celle des joueurs tout court – 35 ans en France, il semblerait – et parce que de toute façon, cette exigence de console rutilante avec des textures qui brillent, c’est un truc de collégiens, ou de joueurs PC "master race" ultra-minoritaires. Je doute que des quadra’ de mon profil, qui ont connu la NES et la Game Boy, s’offusquent tant que ça d’un 30 fps à 900p. Et plus globalement, les joueurs dits "moyens" sont très loin d’être des ayatollahs dans ce domaine. Plus curieux encore, j’ai l’impression que quand on discute avec des développeurs – my life : c’est presque le boulot de mon frangin – un Zelda BOTW ou TOTK apparaît comme un monstre technique, parce qu’ils vont analyser le moteur physique, l’IA, la complexité des scripts, l’étendue des environnements etc. C’est rarement des
"Ola mon Dieu, cette texture moche, là !" parce qu’ils s’en foutent et considèrent que la technique du jeu est ailleurs. Plus proche de nous, il suffit de voir les vidéos de Digital Foundry : ce n’est jamais le hardware qui est décrit comme étant problématique, mais bien la façon dont le jeu tourne au regard de ce qu’il vise. D’où nombre de retours enthousiastes.
Davantage que les specs de la Switch – elle embarque à peu près tout ce qu’elle pouvait se permettre d’embarquer pour être à la fois hybride et abordable en 2017 – c’est la fiabilité du matos qui pose question : drifts sur les sticks, durée de vie des batteries et/ou de l’écran, tendance à la surchauffe pour des perf’ fluctuantes en fonction de l’état de la machine etc. J’ai l’impression que ma Nintendo DS me survivra, alors que ma Switch est en sucre.
Deluxe a écrit:On parle beaucoup de la fuite en avant de l'industrie AAA avec des coûts de production qui explosent et des temps de développements interminables, ce qui est certainement un gros problème pour l'industrie, mais du point de vue du joueur/consommateur les effets sont invisibles.
Vrai que c’est pour large partie compensé par la taille du marché lui-même, mais ça n’en fait pas un modèle durable pour autant. C’est Shawn Layden, ancien président et chef de la direction de Sony Interactive Entertainment America, qui le dit dans l’article d’Oscar Lemaire : continuer de produire des jeux de cette façon n’est pas viable. Et puis malgré tout, m’est avis que ça commence à se voir : la multiplication des bad buzz consécutifs à un accident industriel (Anthem, Cyberpunk 2077 ou dans une moindre mesure Halo Infinite) ou la récurrence d’arlésiennes (Metroid Prime 4, Beyond Good & Evil 2) ont quand même tendance à mettre le problème à nu.
De manière presque connexe, ces questions de "sobriété" se posent aussi au regard d'objectifs environnementaux.