de Zêta Amrith le Lun 15 Déc 2025, 13:13
Metroid Prime 4.
Il est très compliqué d'évaluer un tel jeu. C'est un bon titre, mais rapporté au pédigrée prestigieux de MP, sans même parler de la vingtaine d'années qui le séparent du précédent chapitre, c'est aussi une petite déception et probablement le moins abouti de la sous-série - à condition de mettre de côté l'épisode DS, un vrai volet de la saga, mais forcément plus limité dans son ampleur. La direction artistique et musicale fait à nouveau des étincelles, l'ambiance si particulière que Retro avait su insuffler à la série est toujours au rendez-vous, ainsi que les longs allers-retours fructueux ou infructueux et les tentatives désespérées d'activer un mécanisme sans disposer de l'équipement nécessaire.
Pour l'essentiel nous sommes toujours en 2005, rien, rien n'a changé, pas même les combats, ce qui est un peu embêtant ; on eût aimé plus de réactivité, plus d'alternatives, de dynamisme, pourquoi pas des coups au corps à corps, quelque chose qui prenne compte des évolutions apportées par le monde du BTA. Le jeu fonctionne, il provoque toujours ces petits pics de satisfaction lorsque que la chasseuse de primes déverrouille une nouvelle capacité, mais au prix d'un mimétisme presque timoré avec le précédent opus, les développeurs ayant renoncé à s'aventurer hors du patron déjà constitué.
On comprend rapidement pourquoi : les rares nouveautés introduites dans la formule par MP4 sont (très) ratées. Il s'agit bien entendu de ce désert vide et moche, un hub au sein duquel le joueur passera beaucoup de temps et qui ne propose que très peu de choses à faire ; il y a bien six ou sept salles secrètes qui se courent après sous les dunes, mais rapportées à l'ensemble, c'est l'indigence qui l'emporte. Il y a aussi ces phases d'escorte durant lesquelles Samus doit protéger ses compagnons des attaques ennemies, lesquelles viennent contaminer jusqu'à certains boss. Des séquences obsolètes et casse-couilles, pas très bien exécutées, que l'ensemble de l'industrie a pourtant abandonnées depuis près d'une décennie. Ces moments contrastent avec les niveaux principaux, qui bénéficient de la qualité de conception et de l'atmosphère fascinante habituelles de la franchise.
Le jeu est trop dirigé, disent certains ? C'est la voie plus grand-public qu'a prise la série depuis Metroid Fusion sur GBA, il serait moment d'admettre que les Metroid à dédales impénétrables n'existent plus depuis plus de vingt ans. On pourrait effectivement réclamer, au moins, de pouvoir visiter les biomes dans l'ordre qui nous convient plutôt que de se voir tout imposer du début à la fin, mais le développement chaotique a sûrement poussé le titre vers les options les plus sûres et les moins ouvertes. On se serait aussi passé de devoir retourner au campement chaque fois qu'une arme doit être installée ou comment augmenter très artificiellement la durée du périple - quinze vingt heures à la base, vingt vingt-cinq avec tous les items et scans. Quoiqu'il en soit, MP4 comme ses prédécesseurs excelle dans l'illusion que le joueur a le choix, lorsqu'il est en réalité aiguillé d'un point à l'autre ; si la sauce prend malgré les effets d'un autre âge, c'est parce que MP4 est demeuré en vérité le vrai Zelda à donjons old-school de la maison depuis que BOTW a bousillé réorienté la licence.
Ah et oubliez les trolls qui prétendent que le jeu serait woke ou que son histoire lorgnerait vers Disney. Ca ne relève pas de l'opinion mais de l'invention intégrale. Depuis la vexation qu'a causée ci et là Mario Kart World, certains s'emploient à poster tout et n'importe quoi pour faire du clic.
Malgré le plaisir que procure le core gameplay du jeu, toujours efficace en dépit des années écoulées, trop de phases inutiles ou laborieuses viennent entâcher le résultat final, ainsi qu'un dernier boss en demi-teintes qui provoque un ouf de soulagement plutôt que le regret d'avoir terminé le titre. On est donc face au jeu le plus inégal de la (sub-)série, loin d'être l'échec brandi par la meute, mais qu'on peut apprécier tout en concédant qu'il vaut un 14/20, pas un dixième de point de plus. Ce qui n'est pas honteux, juste tiède.
Maintenant il faut que j'arrive à sortir le thème de la forêt de ma tête.
Trois conseils pour ceux qui souhaitent s'y mettre :
- dans les grandes salles comportant plusieurs portes, vérifiez toujours si une station à sauvegarde ne se trouve pas derrière l'une d'entre elles avant de partir trop loin en vadrouille. Il n'y a (quasiment) pas de sauvegarde automatique donc sauvegardez chaque fois que vous le pouvez sans quoi vous pourriez le regretter. Il y a une station de sauvegarde accessible dans le désert, près de la tour centrale.
- pour ceux qui visent encore le data 100%, n'oubliez pas que certains éléments ne se présentent qu'une seule fois et qu'il suffit de les louper pour passer à côté de la complétion de données. C'est le cas notamment, mais pas exclusivement, des boss et de certaines de leurs excroissances vivantes ou des ennemis présents dans le niveau d'introduction et qui ne réapparaissent pas.
- ramassez dès le départ un maximum de cristaux verts dans le désert car le jeu sur sa fin vous demandera d'en farmer des quantités astronomiques. Ce sera toujours mieux de ne pas tout avoir à cueillir d'un coup.