Tetho a écrit:A une époque où les attentes envers les jeux indés sont de plus en plus conséquentes, c'est une solution que je trouve appréciable.
C'est peut être la que ça coince.
Je vais le répéter encore une fois, peut être que je suis vieux jeu sur le coup, mais ça pue sacrément fort. Si vous me permettez de développer, j'y viens.
Si on remonte aux origines du JV, avec ce mythe de trois types dans une cave qui faisaient leurs jeux, nous ne nous retrouvons pas très loin de la réalité de l'époque. Avec le temps s'est développé l'industrie, des éditeurs sont apparus, qui sont devenus de plus en plus puissants, les jeux ont évolués, les techniques aussi, il devenait plus dur de faire des jeux entiers "solo" ou à trois dans une cave. De là, la course effrénée au profit à amené à la création de ce qu'on appelle poliment des AAA au tournant des années 2010. Il faut comprendre les éditeurs, après tout, c'est leur job de faire autant de fric que possible. En face est apparu ce que l'on appelle couramment donc les jeux indés. Il y a eu l'explosion du phénomène kickstarter évidemment, les greenlit de Steam, ces Early Access maintenant (et surement d'autres trucs que je connais pas).
C'est rapidement résumé, vous m'en excuserez, c'est juste histoire d'avoir une timeline vaguement définie. La dedans il y a pourtant plusieurs choses qui me chiffonnent sacrément.
Déjà, cette "apparition" des jeux indés, comme s'ils étaient venu au monde ex-nihilo, sortit de la cuisse de Saint Mario. D'aucuns un peu au fait me rétorquerais alors "Mais enfin Aer, pas du tout, c'est juste un renouveau des jeux indés !". A ce moment la, j'aurais envie de pousser quelques cris de détresse. Le renouveau des jeux indés est une vaste blague. Ce qu'il y a eu comme renouveau, c'est les moyens de financement. Quand est ce que les jeux indés ont cessés d'exister ? Qui a décrété qu'il y avait une période
sans jeux indés ? Avec la fin des 90s et le début 2000, la transition par internet n'a certes pas aidé, entre ceux qui restaient à l'ancienne méthode pour développer leurs trucs dans leurs coins, et ceux qui se jetaient à corps perdu sur la toile. On pourrait y voir un trou, de facto, vu que tout était chamboulé et qu'il devenait déjà délicat de se renseigner sur quelque chose sans que google n'ait la réponse. Mais le jeu indé, lui, n'a jamais cessé de tourner dans son coin, avec ces adeptes, ces sorties confidentielles, ces teams qui se faisaient et se défaisaient, encore plus avec les débuts d'internet donc, qui offraient un terreau facile de discussion, de regroupement et finalement de création, les gens formaient des teams dans tout les coins du web pour x ou y raisons, ça s'écharpait sur les forums de passionnés, ça tenait parfois trois mois, parfois dix ans (y'en a encore surement en activités, de ces teams de bénévoles qui n'ont jamais rien demandé à personne et font leurs trucs dans leurs coin pour le plaisir).
C'était beau et c'était indé.
Deuxième point, la mise en rapport AAA / Indé. Pourquoi est ce que je la fais ? Parce qu'à peu prêt au même moment, les deux termes ont été saisis par le public et utilisés en opposition, comme s'il y avait une course entre les deux, qu'il y avait les gentils indés qui faisaient du jeu par passion et les méchants éditeurs de AAA qui voulaient que piquer le pognon des joueurs. Il
fallait que les gamers aient une dichotomie en face d'eux, quelque chose à louer et quelque chose sur quoi cracher, refusant de voir ce qu'ils faisaient eux même. Parce que, n'en déplaise, il suffit de regarder le dernier post de Ialda dans le coin avec les ventes de Square Enix. La voila, votre explication. Voila pourquoi "le marché édicte ces lois" et "le porte monnaie donne raison". Si les jeux sont arrivés à être aussi standardisés, c'est parce que les gamers dans leur ensemble (et j'me compte inévitablement dedans, merci) l'ont aussi demandé.
De là, j'aimerais arriver au problème qui m'intéresse vraiment.
Pourquoi les jeux indés ?
En rebondissant sur le second point, nous pourrions dire qu'avec le temps, l'industrie de plus en plus lourde, les titres calibrés tels des blockbusters de cinoche, il y avait effectivement une perte. Une perte d'identité, d'accroche, de
bruit qui permettait d'apprécier un jeu plus qu'un autre. Chacun devenait le clone de l'autre, parce que ça marchait du tonnerre, qu'il fallait rembourser des couts de plus en plus astronomiques, et qu'en conclusions les patrons de boites devenaient moins des développeurs et plus des managers, cherchant à étendre le marché autant que faire se peut tout en proposant des jeux qui marchent au plus grand nombre, quitte à tronçonner tout ce qui dépasse. Le gamer, petit filou qu'il est, a vite compris qu'on lui vendait toujours la même daube - sans cesser d'acheter, cela va sans dire - et ne pouvait que râler dans son coin, ou râler sur les réseaux sociaux maintenant, histoire d'être sur que tout le monde l'entende. Le jeu indé est donc devenu un espèce de Graal new-age qui permet au gamer de se sentir bien dans ces pompes, il a enfin son jeu original qu'il n'avait pas avant, face à la standardisation de l'industrie dont il se moque (mais qui tourne toujours, l'on se demande bien par quel miracle).
Avec les dernières solutions trouvées, qui en soit sont toutes merveilleuses, il est apparu quelques grippages également. Soyons clair, le financement participatif, en théorie, je trouve ça merveilleux, les béta-test, j'en faisais déjà quand NiKi apprenait à tenir un pad. Tout cela est donc fort beau, n'est il pas, et je ne devrais rien trouver à redire. Or si.
A une époque où les attentes envers les jeux indés sont de plus en plus conséquentes, c'est une solution que je trouve appréciable.Pourquoi les attentes envers les jeux indés sont elles de plus en plus conséquentes ?
Le pognon.
Le financement participatif a créé un phénomène assez étrange, ou très vite de "gros" projets ont vu le jour, les financements ont plu tel le nirvana sur l'ascète. Les premiers projets ont démontrés qu'il y avait des possibilités, que ce soit
Fez,
Minecraft ou whatever, c'était la nique parfaite aux grands patrons dans un énorme "Regardez, un type tout seul qui fait un jeu dix mille fois plus intéressants que ce que vous faites avec tout votre pognon, bouh bouh, soyez rouge avec la honte !". De la ça a été l'esclandre et nous en sommes arrivés à un point ou les "jeux indés" ramassent des millions. Des millions. Ca ne vous parait pas antinomique ? Il n'y aurait pas, comme qui dirait, un espèce de rapprochement avec cette industrie vilaine toute pas belle qui fait tout pour faire des jeux qui se vendent ?
Je ne peux m'empêcher de ricaner en voyant ce que deviennent tout ces projets. Il y a ceux qui rejoignent des gros éditeurs (Bouh ! Vendu !), ceux qui pompent le fric par tout les moyens parce que leurs promesses et leurs ambitions dépassent leurs capacités, ceux qui ne sont que des coups fumeux, ceux qui ressemblent tellement aux autres qu'au final tout le monde s'en contrefout comme du dernier
Call of Duty et les quelques rares qui ont droit à un certain respect, mais qui de toute façon vont se monter, ou se sont monter, en petite boites (Genre : les créateurs d'
Amnésia). Parce que l'on ne peut pas faire du "jeu indé" en espérant gagner sa vie, ni proposer du "jeu indé" en croyant qu'il va plaire aux masses. C'est se foutre le doigt dans l’œil jusqu'au coude.
Nous ne devrions pas avoir d'attente envers les jeux indés, par définition les jeux indés ne devraient pas provoquer d'attente mais de la surprise, de la découverte, autre chose. Un coté bricolé mais amusant, un jeu pas fini mais plaisant à jouer, un truc sur lequel on pourrait s'esbaudir mais qu'au final on apprécie pour son caractère truculent. Sauf que maintenant les joueurs mettent leur pognon. Suffit de regarder le vocable hein : "précommande" "test avant l'heure" "développement correcte". Quand je vois schumi dire que c'est important parce que ça permet aux développeurs de pas faire de dérives, je me sens fondre dans mon utopie utopique. Putain mais laissez les se planter en beauté, c'est ça le but, c'est de là que vient le génie ! Pas d'un jeu calibré pour plaire à son public, mais d'un coup de poker, d'un truc abscons qu'on attendait pas, que tout le monde trouvait fou.
Apparté, désolé Schumi mais je viens de voir que tu avais répondu entre temps et ton message va me permettre d'en rajouter une couche.
Sch@dows a écrit:Après, pcars était un projet un peu particulier puisque les contributeur se voit reversé une partie des bénéfices à hauteur de leur participation.
Fuck. It.
C'est tout ce que je disais au dessus, voila.
Les joueurs sont devenus des mini actionnaires, des gestionnaires en herbes qui attendent un retour sur investissement. Y'a pas de noblesse dans tout ça, y'a même pas le début d'un cycle sain, rien si ce n'est le pognon tout puissant qui régie tout. Ce mythe du jeu indé est mort tué dans l'oeuf au moment de son apparition et tout le monde s'en gargarise. Il faudra bien que ça rentre,
à partir du moment ou tu as des comptes à rendre à qui que ce soit, tu n'es plus indé. Finito.
Je trouve ça répugnant.
Schumi > Oui un jeu de compet' ça peut se comprendre, encore que je préfèrerais le voir débarquer chez moi sans rien connaitre et découvrir au fur et à mesure, ça fait partit du plaisir également à mon sens, même si je comprend très bien que ça ne soit pas inévitablement un frein - surtout comparé à un jeu solo
.
Edit : Je crois que ça expose plutôt bien ce que je pense du sujet, même si ça répond surement à coté. Brayf, faites en ce que vous voulez.