J'avais bien aimé la première saison de
The Mandalorian. Sans être époustouflante, c'était une série qui mettait en oeuvre ce que je répétais à qui voulait l'entendre depuis quatre ans : que pour faire un bon
Star Wars il faut d'abord écrire un bon western, film de sabre, film de guerre, film de
fanatsy, puis ensuite aménager le script en remplaçant les nazis par l'empire, les magiciens par les jedi et les cowboys par des cowboys de l'espace. De cette façon si le script est un bon représentant du genre en question, ce sera un bon
Star Wars.
The Mandalorian c'est ça, avec un positionnement quelque part entre la trilogie du Dollar et
Lone Wolf and Cub. L'histoire d'un mec parmi d'autres à qui il arrive des aventures en marge de la grande Histoire. La monté en puissance puis la chute de l'Empire ne lui font ni chaud, ni froid, ça ne change que le nom des personnes qu'il doit éviter au quotidien pour vivre sa vie. La série n'était pas parfaite, je me souviens m'être particulièrement ennuyé devant les épisodes 5 et 6, mais cette approche narrative minimaliste qui mise plus sur une ambiance et une posture, et la progression de la relation entre le Mandalorien et l'Enfant, me semblait être le bon choix, un an après le naufrage
Rise of Skywalker.
Un an plus tard la seconde saison bazarde tout ça et veut être, tout à la fois, la saison 5 de
Rebels, la série qui explique les trucs laissé dans le vague de la troisième trilogie (
Gideon semble être à la tête du projet de conception de Snoke), et trois
backdoor pilots pour trois séries Disney+ différentes. En faisant débarquer en masse les personnages déjà connus, et appréciés des fans, la série modifie complètement son orientation et des aventures minimalistes d'un type qui essaye de survivre dans le chaos qui suit la chute de l'Empire on passe au même type qui est spectateur, et aide un peu involontaire, de tous les grands événements qui suivent. On retombe dans les travers de l'ancien univers étendu où l'on ne pouvait faire un parsec dans n'importe quelle direction sans tomber de façon bien opportune sur Luke Skywalker, Leia, Lando ou le Faucon. Et, pire, ça ne fait que restreindre l'ampleur de l'univers
Star Wars en rappelant que personne ne peut y exister en tant que personnage si il ne se rattache pas à la grande intrigue générale à tout prix.
Je suis près à parier que dans les prochaines saisons on verra, en vrac, Thrawn, déjà teasé, Lando, pour faire le lien avec la série qui lui sera dédiée, Leia, Lucasfilm a les droits sur l'image du Fisher et peut la ressusciter sans problème, et je suis convaincu qu'à terme le héros se trouvera des origines forcément prestigieuses.
Et c'est assez représentatif à la fois du
Star Wars de Disney,
Rogue One et
Solo avaient le même problème et étaient incapable de tenir 5 minutes sans faire une référence plus ou moins subtile aux anciens films ou placer le caméo d'un personnage connu. Mais aussi en même temps du
Star Wars de Dave Filoni, producteur délégué de la série,
showrunner de
Clone Wars et
Rebels, détenteur du titre très convoité de
réalisateur du pire film Star Wars jamais sorti en salles, et sans doutes futur créatif en chef chez Lucasfilm.
Ce n'est que mes obsessions personnelles mais j'ai l'impression qu'on est tombé les deux pieds dans ce dont Johnson a tenté de nous prévenir. Je suis convaincu qu'ne partie de
The Last Jedi était une tentative de corriger le tir du
Star Wars Disney avant qu'il ne soit trop tard. Johnson avait vu ce qui se préparait, au moins
The Force Awakens et
Rogue One et tenté de montrer une autre option. Un
Star Wars moins obsédé par des détails sans importance comme "d'où vient Snoke ?" ou "à quelle lignée appartient Rey ?" mais préoccupé par sa porté mythologique, dans le cas qui nous intéresse l'histoire d'un héros déchu qui fini par accepter que
sa légende est plus importante que la réalité de qui il fut en tant qu'homme. ici, et je ne sais pas si c'est Faverau et Filoni ou bien Lucasfilm qui tente de jouer les pompiers et donner aux moutons ce qu'ils veulent pour les calmer, mais on est complètement dans cette écriture très typique de notre époque où le
lore et les détails triviaux destinés à remplir des pages de wiki sont plus importants que ce que raconte réellement le récit. Mais bon, c'est ce que les fans demandent, donc j'imagine qu'il est temps pour moi de lâcher prise une fois de plus sur
Star Wars et éventuellement y revenir si un jour ça se réaligne sur ce qui m'intéresse. Je renouvellerais sans doute l'abonnement Disney+ l'année prochaine pour la troisième saison et la série sur Boba Fett, mais si cette orientation se confirme, je lâcherais sans regrets.
D'un point de vue plus technique, je trouve aussi la série décevante.
Alors pas de doute
la technologie derrière la série est impressionante au possible. La quantité de décors différents visités est impressionnante et digne de ce qu'on peut attendre d'un
Star Wars sans pour autant donner l'impression d'être tourné sur un plateau. C'est véritablement le futur de la production de séries de
fantasy ou de SF.
Par contre tout ce qui est mise en scène est vraiment décevante. J'en veux pour preuve que la série a un héros taciturne et inexpressif et est pourtant incapable d'exploiter et intégrer ce état de fait à sa mise en scène. Il n'y a guère que ce réalisateur bas du front qu'est Taika Waititi, dixit Xanatos, pour avoir sû l'exploiter correctement lors de l'épisode de pantalonnade bouffonne qu'il a réalisé. Mais le reste, que dalle, alors que c'était vraiment une occasion idéale d'utiliser l'effet Koulechov à bon escient.
Pour donner un exemple concret et rebondir sur le spoil d'Amrith plus haut :
Je pense au contraire qu'en terme d'enjeux dramatique Din Djarin a bien fait de retirer son casque dans la base impériale. Il est en plein territoire ennemi et se retrouve à faire un arbitrage entre un des piliers de sa foi et son attachement à l'Enfant. Sa réponse est forte, quand on voit à quel point quelques épisodes plus tôt il était encore très à cheval à ce sujet. En plus ça nous offre la confrontation avec l'officier trouduc' par la suite et le teasing qu'il a un lien avec les impériaux, vu que sa gueule est reconnue par le système.
Et au contraire, si le réalisateur du dernier épisode était compétent, il aurait su créer de l'émotion dans le regard du Mandalorien même sans que ce dernier ne retire son casque, plutôt que de faire appel au visage de Pedro Pascal. Pour moi là il y a une vraie preuve d'incompétence de la part de (wiki check) Peyton Reed (ok, je comprend mieux).
Mais dans tous les cas après l'avoir fait se démasquer deux fois en deux épisodes, Faverau et Filoni tirent un trait sur l'impact de toutes les prochaines fois où il le fera. C'est devenu quelque chose de banal, et ça c'est très dommageable pour le futur de la série.
Même l'épisode de Robert Rodriguez était assez décevant en terme de réalisation, c'est assez fou ça d'avoir un réalisateur de ce calibre et de ne pas arriver à en profiter pour tirer la mise en scène vers le haut.