Justice LeagueRéalisation: Zack Snyder
Autant être franc: bien que j'aime beaucoup la plupart des films de Zack Snyder, si j'exclus sa belle adaptation live de
Watchmen, je n'avais pas été très convaincu par ses autres films DC: Je n'ai pas du tout aimé
Man of Steel et je dirai que c'est principalement dû a fait que ce film ne correspond pas à ma vision du personnage.
Quant à
Batman V Superman j'ai trouvé le film moyen: certainement pas un navet, mais pas un chef d'oeuvre pour moi non plus. J'ai cependant vu aussi la version longue, plus cohérente et plus intéressante.
Néanmoins, j'ai voulu laisser sa chance à Justice League mais j'ai fait l'impasse sur la version charcutée par les producteurs et Joss Whedon sortie en salles, attendant de voir la version originelle du réalisateur.
Je l'ai enfin découvert hier et...
J'ai adoré.
Vraiment. Pour moi, c'est un véritable coup de coeur, et c'est peut être le film que j'aime le plus de Zack Snyder après
L'Armée des Morts que je considère comme son chef d'oeuvre (remake magistral du Zombie de Georges Romero).
Déjà, je trouve que le film est visuellement MAGNIFIQUE: c'est un enchantement perpétuel pour les yeux, tant pour les décors, variés et somptueux que pour les nombreuses scènes d'action, véritablement dantesques.
Je trouve que Zack Snyder est véritablement parvenu à retranscrire via son son long métrage le souffle épique et la démesure de comics majeurs tels que Le Quatrième Monde de Jack Kirby et Crisis on Infinite Earths de Marv Wolfman et George Pérez.
En fait, j'ai la sensation qu'il a réussi à trouver un juste équilibre: il est arrivé à diviniser les super héros légendaires de DC en les représentant comme de véritables demi dieux des temps modernes et descendants spirituels légitimes des héros de la mythologie grecque, mais sans négliger pour autant leur humanité, leur vie quotidienne, leurs sentiments...
L'un des thèmes principaux est en effet le deuil, chacun des protagonistes ayant perdu des êtres chers au cours de leur vie et tentent tant bien que mal de panser leurs blessures psychologiques, surmonter leur peine et d'aller de l'avant...
Ce que j'aime avec l'histoire c'est qu'elle laisse le temps aux héros
d'exister.
J'avais lu certaines critiques négatives au sujet de la prestation de Ezra Miller qui reprochaient à celui-ci d'avoir rendu Barry Allen/Flash trop cabotin voire insupportable dans la version de Whedon. Ne l'ayant pas encore vu, je ne pourrai pas dire.
Mais dans cette version ci, ce n'est pas le cas: oui, Barry n'est pas sombre comme peut l'être Batman ou renfrogné comme Aquaman, il a de l'humour... Mais il sait être sérieux et efficace quand la situation l'exige et sait prendre du recul face à certaines situations.
Pour ce qui est de Victor Stone/Cyborg j'ai trouvé Ray Fisher remarquable dans le rôle.
On sent en tout cas que le staff s'est fortement inspiré des comics New Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez car, comme dans ceux-ci, Silas Stone son père lui a sauvé la vie, mais à quel prix: il a été presque complètement cybernétisé, le faisant ressembler à un "monstre" aux yeux des gens, et il en veut à son père pour cela.
Ils entretiennent des rapports conflictuels l'un envers l'autre, mais quoi qu'en dise Victor, il aime son père et tient à lui.
Dans le story arc du personnage, on peut percevoir aussi une critique de certains travers du système éducatif américain: Victor se fait sermonner par le proviseur de son lycée pour avoir trafiqué par ordinateur les résultats scolaires de l'une de ses camarades afin qu'elle ait de meilleures notes ce qui pour lui n'est pas très moral. Mais si il a fait cela, c'était pour la soutenir, car ses parents ont hypothéqué leur maison pour financer ses études, et, si elle venait à échouer, l'ensemble de sa famille finirait à la rue. Bien que les actes de Victor soient discutables, il l'a malgré tout fait pour une noble cause.
De plus il est un élement indispensable de l'équipe en raison de ses compétences informatiques inouïes ainsi que de ses facultés de mi homme mi cyborg.
Bruce Wayne/Batman a lui aussi évolué. Exit le justicier consumé par sa rage et trop borné de Batman V Superman, la perte de Superman l'a poussé à devenir plus sage, et, conscient de la menace qui plane sur la Terre, il veut créer une équipe qui sera en mesure de faire face à leurs futurs ennemis. Et en plus d'être un combattant hors pair, il est aussi un bon tacticien et chef de groupe.
Diana/Wonder Woman m'a ébloui: Gal Gadot est toujours aussi époustouflante dans le rôle de la guerrière amazone, et, la scène de l'attaque de la banque m'a époustouflé.
On la voir combattre héroïquement les bandits preneurs d'otage et il leur flanque une raclée magistrale ! elle m'a bien plus impressionné ici que dans les films dont elle est l'héroïne (et pourtant dieu sait que le premier Wonder Woman regorge de scènes d'action virtuoses) et elle montre bien les parts d'ombre et de lumière de la valeureuse héroïne. Quand le chef des bandits menace les otages (des enfants notamment) elle déploie toute l'étendue de sa puissance et le réduit en poussière ! Néanmoins après cet acte brutal, elle terrifie une petite fille, elle s'approche de l'enfant et arbore ensuite un visage beaucoup plus bienveillant et compatissant, et même profondément humain. Je trouve que Snyder a respecté le personnage, car, du triumvirat de DC (elle, Batman et Superman) elle n'hésite pas à se salir les mains (elle a brisé la nuque de Maxwell Lord afin qu'il ne menace plus qui que ce soit !) mais elle sait être altruiste et généreuse envers les civils et les innocents.
Jason Momoa si il ne m'avait pas emballé dans le film
Aquaman où il nous gratifiait souvent de blagues balourdes pas drôles qui plombaient un peu son personnage (contrebalancés heureusement par l'intelligence de Arthur Curry et son excellente culture générale et ses connaissances sur l'histoire de l'Antiquité) campe ici un Aquaman qui est un véritable dur à cuire, très sérieux.
Néanmoins, il sait se montre sensible et empathique comme quand
il éprouvait de la compassion envers Cyborg qui a perdu son père
.
Et il est majestueux et flamboyant lors de ses scènes de combat démontrant que la puissance incommensurable du roi des Océans n'est nullement surfaite.
Quant au retour
Superman, revenu d'entre les morts, je l'ai trouvé bien amené, pas précipité et c'était habile que ce soit Loïs Lane qui l'est ramené à la raison.
Pour ce qui est de Steppenwolf qui est le méchant principal de l'histoire, s'il n'est pas d'un charisme exceptionnel (je préférais son apparence dans Superman l'ange de Métropolis ainsi que dans Batman l'Alliance des Héros ) il a déjà un look plus féroce que dans la version de Whedon et des motivations intéressantes.
Darkseid quant à lui s'il est magnifiquement réalisé et impressionnant est hélas sous exploité au sein de l'intrigue: le récit laisse peu l'occasion à celui-ci de faire preuve de son génie stratégique et son intelligence hors du commun.
Ce que j'ai adoré dans le film entre autres, c'est que TOUS les super héros ont leurs moments de gloire au sein de l'intrigue, aucun d'entre eux ne sert de faire valoir et chacun d'entre eux sont fondamentalement indispensables à l'histoire, et ça, ça fait plaisir.
Ce Justice League m'a enchanté, ému, fait vibrer et rêver et constitue une magistrale réussite de bout en bout.
Merci à Zack Snyder d'avoir finaliser ce film et merci aux nombreux fans d'avoir permis à ce projet de de concrétiser, cela en valait la peine.
Et en dépit de sa très grande longueur (4 heures !) je n'ai pas vu le temps passer.
Je l'avais loué, car je n'avais pas la certitude absolue qu'il me plaise, mais l'ayant en fin de compte adoré et étant sûr de pouvoir le revoir plusieurs fois, je l'achèterai.
Et je suis content de ne pas avoir d'abord vu la version Whedon, m'ayant permis d'éviter de me livrer au jeu des comparaisons qui aurait pu éventuellement casser mon immersion !
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le meilleur film de super héros de tous les temps, car c'est un jugement purement subjectif. Ceux que je considère comme des chef d'oeuvres du genre sont
Superman de Richard Donner,
Batman et
Batman Returns de Tim Burton,
Batman contre le Fantôme Masqué de Bruce Timm et Erik Radomski,
Les Indestructibles de Brad Bird et
Spider-Man into the Spider-Verse de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman...
Mais je peux déclarer que ce Justice League est devenu mon film préféré du DCU
.
Orange MécaniqueRéalisation: Stanley Kubrick
50 ans après sa sortie, j'ai donc enfin pu découvrir
Orange Mécanique un des films majeurs de Stanley Kubrick... N'ayons pas peur des mots, c'est un chef d'oeuvre qui n'a pas volé son statut culte.
Le seul élément de ce film qui a vieilli selon moi (et qui a pourtant le plus marqué les esprits !) c'est sa violence. En effet, même si les actes de Alex Delarge et ses droogies sont ignobles, j'ai vu bien d'autres films live et long métrages d'animation beaucoup plus violents et crus que "Orange Mécanique" allant bien plus loin dans l'horreur que celui-ci. Mais en replaçant dans le contexte de l'époque, oui, "Orange Mécanique" était allé extrêmement loin dans la sauvagerie (comme "Délivrance" aux USA). Pourquoi j'ai adoré
Orange Mécanique ?
Déjà pour la mise en scène comme toujours magistrale et immersive de Stanley Kubrick. Les musiques absolument somptueuses du long métrage (sans oublier la 9e symphonie de Beethoven !). Et bien sûr l'interprétation impériale de Malcom McDowell dans le rôle de Alex Delarge, le "héros" du film, à la fois détestable, fascinant et pathétique.
McDowell lui insuffle un charisme hors du commun. Ce que je trouve assez fascinant dans ce long métrage
c'est l'évolution du personnage: dans la première moitié du film, c'est un monstre de cruauté (néanmoins raffiné et cultivé) éprouvant une joie délectable à assouvir ses pulsions les plus primaires et barbares et n'éprouvant aucun remords à tuer et violer des innocents et brutaliser ses "amis". Puis, dans la deuxième moitié de l'intrigue, suite à son lavage de cerveau, il passe du statut de bourreau à celui de victime, incapable de se défendre et où sa libido est muselée. Et, ironie du sort, ses anciennes victimes deviennent alors ses bourreaux et se vengent sans vergogne de lui.
Je pense que Anthony Burgess l'auteur du roman et Stanley Kubrick le réalisateur ont voulu se livrer à une métaphore de l'âme humaine, démontrant que chez chacun(e) d'entre nous, il y a une part humaine et une autre monstrueuse, l'ombre et la lumière cohabitant en tout un chacun. Mais en définitive, le personnage le plus détestable du film n'est pas tant Alex que le politicien ayant voulu se servir de lui pour parvenir à ses fins, l'intrigue dénonçant aussi les méfaits du totalitarisme (évoqué par ailleurs par le romancier, un des personnages du film).
Orange Mécanique est assurément une oeuvre à la force évocatrice puissante et dont l'intelligence et la pertinence de son propos demeurent toujours d'actualité.
Un chef d'oeuvre, un vrai.
Edgar, Edgar, prince de la Cambriole...