Rattrapages.
Doctor Strange : Je sais que les productions du MCU n'ont jamais brillé par l'originalité de leur scénario. Mais à ce point ? Au bout de 30 secondes (grand maximum) de présence de Cumberbatch à l'écran, tout est déjà dit : nous aurons droit à la chute et la rédemption de Sherlock Downey Jr, qui va passer d'imbuvable connard génial à humble sorcier génial avec combat contre le gros méchant et disparition du maitre au passage. Aucune surprise à attendre, le film suit une recette usée et abusée jusqu'à la corde, c'est linéaire au possible. Mais il le fait bien, donc malgré le côté insupportable de certains passages obligés et l'habituel humour
lolmarvel, ça passe. Là où il aurait dû se démarquer, c'est dans l'exploration des dimensions parallèles, l'utilisation de la magie, et tout le délire hallucinatoire qu'il essaye de mettre en place. Après tout, même si Steve Ditko détestait les hippies, cela n'avait pas empêché son comics de devenir une référence auprès de cette communauté, tant l'auteur semble vouloir y décrire les effets du LSD. Sauf que nous sommes chez Marvel Studios, où tout est lissé au maximum pour ne surtout pas proposer quoi que ce soit de trop clivant au public. Donc même si
Doctor Strange peut sembler être la production du MCU la plus élaborée visuellement à ce jour (et aurait mérité sa statuette pour les effets spéciaux), nous sommes quand même plus près du froid
Inception que de
The Trip ou d'une œuvre de Mario Bava. Ce qu'il aurait fallu, c'est un réalisateur avec un vrai univers visuel et suffisamment de liberté créatrice de la part du studio pour donner cours à ses envies. Par exemple un Guillermo Del Toro. Bref tout ce qui risquerait de donner une âme à un tel projet. Hérésie ! Après, c'est comme n'importe quel
fastfood : toujours la même recette, jamais mémorable, mais quand on a faim ça fonctionne sur le moment.
The Arrival : Tiens, en parlant d'absence d'âme
Je vous laisse deviner ce qui va suivre. J'étais curieux de voir ce film,
Sicario possédait quelques belles images qui compensaient la passivité de son héroïne, mais je me méfiais suite à quelques voix dissonantes du côté de la critique. Alors ce n'est pas rédhibitoire, cela se laisse regarder grâce une bonne gestion du rythme, mais il y a pas mal d'éléments qui ne marchent pas.
A commencer par le scénario, souffrant de quelques incohérences et paradoxes, ce qui fait toujours un peu tâche. Les personnages ne sont pas écrits. Ils n'ont pas de personnalité au-delà de la fonction qui leur a été assignée dans le récit, ce qui rend difficile voire impossible de s'y attacher. Surtout, ils semblent dépourvus d'émotion, de véritables coquilles vides. Et cela résume bien ce film : c'est vide. Enfin, plus que ça, c'est froid comme la mort. La photographie est terne comme pas possible, tous les protagonistes se comportent comme des morts vivants, les environnements sont tellement dépouillés que toute trace de vie semble en avoir été arrachée - je pense en particulier à la maison de l'héroïne - j'ai connu des déclarations d'impôts et des morgues d'hôpital plus chaleureuses. Même devant un film de Christopher Nolan, je pense qu'il doit être possible de ressentir plus de choses.