La Section Documentaire

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Gemini
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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Sam 11 Nov 2017, 00:34

Le Concours : Documentaire de deux heures sur la Fémis. C'est raccord : c'est chiant :lol: Bon, honnêtement, la réalisatrice a beau être une ancienne élève, elle commet une faute professionnelle sur la seconde partie : le film devient plus intéressant, et capte des moments de vie (qu'elle décide malgré tout de garder au montage) plus passionnés.

Pour moi, la Fémis, c'était cette école pour l'élite autoproclamée du cinéma français où tu te fais virer si tu dis du mal de Godard. En gros. Le Concours écorne cette image : comme le dit fort bien un des intervenants, le principal débouché, c'est le documentaire. Il n'y a que là que ça embauche. Par contre, c'est aussi normatif et - dans une certaine mesure - standardisé que ce que nous pouvons attendre : dès qu'un candidat sort des clous (par exemple en proposant une histoire ne tournant pas autour d'un couple qui se déchire), aussi doué soit-il, il est qualifié de fou ou d'autiste, c'est au choix. Et le jury semble plus préoccupé par la capacité des futurs élèves à se fondre dans la masse du corps étudiant qu'à produire des œuvres ambitieuses et/ou originales.

Justement, parlons du jury. Petite anecdote personnelle : au moment de passer mon bac de Français, j'appris qu'une de mes tantes avait elle-même été correctrice une année. Ce qui en dit long sur la capacité des correcteurs à juger les copies des bacheliers, étant entendu que de par sa formation, sa personnalité, et ses connaissances, jamais la tante en question aurait dû se trouver à juger des copies d'examen. Ici, c'est pareil. A la Fémis, pas de professeurs, et des jurés issus des métiers du cinéma. Pour un résultat très aléatoire, quelques réflexions surréalistes dont je vous ai donné un aperçu précédemment, et un dernier tour ressemblant avant tout à un entretien professionnel et où les intervenants ont droit de faire fi de toutes les qualités techniques affichées par les candidats jusqu'à présent. Il en ressort une forte impression que la chance et le bagou ont plus à voir dans la sélection que tout autre critère.

Pour une ancienne élève, la réalisatrice garde pourtant au montage des éléments qui ne grandissent pas l'institution (je n'ose imaginer ce qu'elle a coupé). Même si les responsables de l'établissement pourront toujours rétorquer que le problème vient du jury de cette année-là. Néanmoins, quand une membre du jury nous explique calmement que ce serait bien d'avoir des rebeus, des renois, et des pauvres dans la sélection, ça fait tâche. D'autant quand au final, les grands gagnants sont très blancs, avec pour certains de bonnes têtes à claque de Jean-Bobo :lol:

Un point positif, c'est que le documentaire ne s'arrête pas sur la section réalisation, mais nous parle des autres métiers proposés par l'établissement, comme la production, les décors, le scénario, etc... Une facette qui n'est pas la plus connue et mérite donc d'être mentionnée.


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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Sam 25 Nov 2017, 19:49

Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar : L'histoire du Japon de la bombe atomique de Hiroshima au début des années 70. Ou plutôt les histoires du Japon.
Comme le titre l'indique, le documentariste décide d'aborder la question à travers le regard d'une hôtesse de bar. Le principe consiste à lui montrer des images d'archive, et de lui demander ce qu'elle en pense, comment elle a vécu ces événements à titre personnel, et sa vie à l'époque. Toutefois, elle parlera peu des images qui lui seront montrées - à moins que ses propos n'aient pas été gardés au montage - pour se concentrer sur sa propre existence. Se superposent alors deux réalités intimement liées : celle du Japon d'après Guerre, et celle de Emiko.
Le cinéaste ne choisit pas ses extraits au hasard. Loin de louer la reprise économique, il préfère parler de la misère consécutive à la défaite, du marché noir, des manifestations étudiantes, des grèves et de leur répression, de la libération puis de la condamnation des principaux dirigeants communistes, de l'assassinat du chef du parti socialiste nippon, du Traité de Sécurité, du mariage fastueux du prince héritier et de cet étudiant qui a lancé une pierre sur le convoi, des expropriations pour la construction de bases américaines,... Vous saisissez l'idée.
Emiko, quant à elle, incarne un Japon rarement mis en valeur. C'est une burakumin. Je ne crois pas que le mot soit prononcé dans le film, mais il se devine : sa famille fait commerce de la viande, elle a quitté l'école lorsque ses camarades l'ont appris, et elle avait peur que sa condition l'empêche de se marier. Sa famille va pleinement profiter de l'après-guerre : trafiquant la viande au marché noir, accumulant les combines, surfant sur la mode du pachinko, elle décide finalement d'ouvrir un bar près d'une base américaine, tandis que sa mère compte bien profiter des dernières heures de la prostitution légale dans le pays. Pour autant, la vie de Emiko n'est pas rose, loin de là. Surtout niveau sentimental : maris violents, amants voleurs, multiples avortements, enfants qui grandissent sans leur mère... Elle développe un rejet des Japonais au profit des Américains, qui font sa fortune et par extension son bonheur.
Burakumin, mère maquerelle à ses heures, très critique envers l'empereur et son propre pays, et s'enrichissant grâce à la défaite et la présence américaine, Emiko représentait sans doute pour ses contemporains la lie de l'humanité. C'est pourtant une travailleuse acharnée, une femme indépendante et aussi moderne que pouvait l'être une Japonaise née avant la Seconde Guerre Mondiale.
Ce documentaire surprend en s'acharnant à traiter de sujets sans doute difficiles pour les Japonais eux-mêmes. Le résultat s'avère ainsi très intéressant, et bien loin de l'image d'Epinal. A montrer à tous les weaboos qui rêvent d'aller vivre au Japon.

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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Lun 11 Juin 2018, 00:02

Making Fun: The Story of Funko : Cette semaine, je me suis rendu dans un magasin Forbidden Planet. L'occasion d'y trouver deux rayons énormes remplis de Funko Pop, ces petites figurines aux têtes disproportionnées, et d'être surpris par la diversité des licences proposées ; dont certaines, comme The Angry Beavers, que je pensais mortes et enterrées. Même si je trouve triste qu'une enseigne de comics consacre un tel espace à ce genre de produits dérivés, je me dis que cela constitue un mal nécessaire pour maintenir ces magasins. Je me suis surtout demandé à quel moment ces figurines aux formes très spécifiques avaient pu prendre une telle ampleur, n'en possédant pas moi-même. J'ai découvert leur existence il y a quelques années en cherchant un produit dérivé Groot pour ma sœur, et j'en vois parfois chez des vidéastes. Heureusement, un documentaire disponible depuis peu sur Netflix devait répondre à toutes mes interrogations.
Comme son nom l'indique, Making Fun: The Story of Funko nous raconte l'histoire de l'entreprise Funko et son ascension fulgurante dans l'univers du jouet, et nous parle de son rapport aux fans et du processus de fabrication de ses produits. Le tout entrecoupé de témoignages de fans collectionneurs - les Funatiques - ou de personnalités dont une figure a été créée à leur image.
Le succès de la firme s'explique par sa démarche même, le vide que souhaitait combler ses créateurs : proposer à grande échelle des produits dérivés issus de licences variées, et pour lesquelles il n'existait pas (ou plus) de jouets (même si cela s'est depuis étendu à des univers ultra-commerciaux).
Les prix attractifs - il suffit de comparer une figure DC Bombshells classique et la même en Funko Pop - facilités par la simplicité du produit et la production à la chaine, font le reste. Mais ce point en particulier, le documentaire n'en parle jamais. Surtout pas. Les Funatiques payent leurs Funko Pop en PASSION. D'ailleurs, le président de la compagnie est très riche en PASSION ; il suffit de voir sa collection de jouets Batman japonais des années 60 pour s'en convaincre.
Making Fun: The Story of Funko tient à la fois de la publicité à peine déguisée de 1h40 et du panégyrique comme l'Amérique les adore, puisque narrant le succès incroyable d'une bande d'asociaux qui ont réussi à bâtir des fortunes grâce à la dévotion de consommateurs heureux de dépenser leur PASSION durement gagnée et qui en redemandent. Les témoignages à base de "les Funko Pop m'ont permis de guérir du cancer" (je n'exagère même pas) vont dans ce sens, à grande force de musique larmoyante. Au bout de 30 minutes, ce long-métrage n'est plus que ça : des témoignages soulignant les qualités des produits Funko Pop et de leurs créateurs.
Nous verrons finalement peu le processus créatif, et c'était déjà un miracle d'avoir quelques aperçus des usines vietnamiennes de la société ; Funko se rêvant en Charlie and the Chocolate Factory de la figurine, ce documentaire aurait aussi bien pu nous raconter que celles-ci étaient fabriquées par des lutins magiques. Quant au moment où les Funko Pop sont devenus un phénomène mondial, nous n'en saurons rien.
Je mentirai en prétendant ne rien avoir appris, mais je n'ai certainement pas eu toutes les informations que j'espérais. A la place, j'ai surtout vu une série de commentaires 5 étoiles sur amazon, le petit côté larmoyant en plus.
M'étant renseigné sur les figurines après ma visite en magasin, j'en avais découvert quelques-unes me faisant de l’œil, comme la Wonder Woman en version Bombshell, Kamala Khan, Sailor Uranus, ou encore la Batgirl de Burnside. Mais les acheter après avoir regardé une publicité déguisée en film, j'aurais surtout l'impression de me faire avoir. C'est ce que j'appellerai donc une opération contre-productive.


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Re: La Section Documentaire

Messagede Aer le Lun 11 Juin 2018, 00:14

Des asociaux qui ont vu trois Nendoroids et ont voulu faire pareil.
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Re: La Section Documentaire

Messagede Ramior le Lun 22 Avr 2019, 03:29

Vu Larry Charles' Dangerous World of Comedy sur Netflix et pour ce qui se pose la question, c'est un documentaire sur la comédie dans les pays à risque avec des gens qui sont les 1er confronté au dit risque.

C'est assez rude à regarder car il n'y à aucune censure, mais c'est très intéressant de voir tout ce pan culturel totalement inexploré.

Et le sujet sont nombreux cela va des journaux satirique Irakien au stand-Up Nigeriens, en passant au veterant américain brûler au troisième degré qui surmonte leur stress via la comédie au Saoudiennes qui critique leur société via des sketch sur Internet.

Pour parité on donne même la parole au troll professionnel d'extrême droite. :lol:

Petit pensé au ex-enfant qui font des skechts dans un cimetière pour pouvoir se payer à manger.

Honnêtement à voir.

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Re: La Section Documentaire

Messagede Ramior le Jeu 16 Jan 2020, 01:48

Désolé pour le double post.


Un doc d'arte sur un sujet qui me passionne:



Excellent, mais dommage qu'ils est négligé de mentionner la guerre contre Rome, qui est arrivé moins de dix après la conquête Romaine de l'Egypte et qui à résulté d'un traité de paix favorable au Kushite.

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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Mer 15 Avr 2020, 10:35



In Search for Darkness (2019) est un documentaire de 4h30 sur le cinéma d'horreur (américain) des années 1980, avec de très nombreux intervenants, des personnes impliquées à l'époque dans le processus de création, ou des passionnés de ce cinéma qui pour certains en ont fait leur métier. Il s'agit sans doute d'une des dernières apparitions du regretté Stuart Gordon.

La longueur peut rebuter mais en même temps fasciner, toutefois son découpage permet de le regarder en plusieurs fois si besoin. Le documentaire fonctionne essentiellement par année, avec les intervenants revenant sur plusieurs long-métrages sortis cette année-là, évoquant sa production et son impact sur le genre. Pas mal de passages obligés, mais aussi quelques surprises, des titres pas forcément très connus en Europe ou en dehors de certains cercles de passionnés.
En parallèle, plusieurs segments permettent de revenir de manière plus générale sur des thématiques comme les effets spéciaux, la représentation des actrices, la figure du boogeyman, et ainsi de suite.
Le tout est à la fois érudit, passionné et passionnant, mais aussi accessible pour un nouveau public, même si le documentaire a le mauvais goût de dévoiler quelques éléments marquants de ces productions.
Je l'ai regardé en une soirée, preuve que malgré son format, cela passe très bien. Et il m'a donné envie de voir plusieurs films, quelques-uns que je ne connaissais pas, d'autres dont je me méfiais (essentiellement des suites).

Là où ce documentaire atteint ses limites, c'est que certains noms semblent devoir se répéter à l'infini. Mais cela reflète aussi l'industrie à l'époque.
Les surprises, les long-métrages que je ne connaissais pas, datent surtout du début de la décennie. C'est un moment de créativité, de nouveauté, avec quelques succès commerciaux lançant une vague de cinéma d'horreur. Tout reste à faire. Mais rapidement, des franchises émergent, et si nous voulons évoquer le meilleur de l'époque, alors certains cinéastes sont condamnés à revenir sans cesse.
Ainsi après quelques heures, le documentaire est revenu sur quatre ou cinq films de John Carpenter, trois de Stuart Gordon, et au moins une dizaine d'adaptations de Stephen King. Surtout, il évoque un nombre conséquent de Freddy, Halloween, et surtout Vendredi 13. Alors oui, ces productions ont ponctué cette périodes, mais au bout d'un moment, c'est lassant...

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Re: La Section Documentaire

Messagede Aer le Mer 15 Avr 2020, 20:41

Ca a l'air intéressant, mais j'aimerais bien savoir comment le regarder.
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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Dim 21 Fév 2021, 23:58

Aer a écrit:Ca a l'air intéressant, mais j'aimerais bien savoir comment le regarder.

Ici : https://80shorrordoc.com/

Je viens de regarder la seconde partie. En gros, nous prenons de nouveaux intervenants - certains reviennent, à moins qu'il s'agisse d'anciennes séquences laissées de côté pour le premier film - et c'est reparti ! Toujours passionnant, toujours érudit, mais avec ses limites. Forcément, les titres les plus iconiques ont déjà été abordés, obligeant à regarder en dehors des US ou à tomber du côté nanar de la Force. Certains films ne semblent être mentionnés que car il a été possible d'avoir dans le documentaire une des personnes impliquées dans le projet. Mais le résultat, c'est que les choix sont moins attendus. Il conserve les digressions sur des sujets plus généraux autour du genre et de la production de l'époque, et propose aussi des rétrospectives sur des artistes en particulier, comme Nancy Allen ou Tom Savini.
De nouveau, cela m'a donné envie de me plonger dans certains titres, mais moins que le précédent documentaire. Ils paraissent globalement moins marquants et réussis. Pourtant, il resterait largement de quoi proposer une troisième partie, toujours de plus de 4h30. Le sujet est inépuisable. C'est dire si les studios se sont déchaînés à l'époque pour remplir les vidéoclubs.


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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Lun 26 Juil 2021, 18:06



Sortie mercredi prochain. Très hâte de découvrir ce Attack n°1: Origins.

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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Ven 30 Juil 2021, 23:08

Les Sorcières de l’Orient (2021) : Dans les années 1960, des employées d’usine japonaises dominent le monde du volleyball, jusqu’à l’or olympique durant les jeux de Tokyo 1964.

Ce succès à domicile, lors des jeux symbolisant le renouveau du Japon après la Seconde Guerre Mondiale – voir à ce sujet Olympia Kyklos de Mari Yamazaki et Asadora de Naoki Urasawa – vaudra à ces jeunes sportives une gloire nationale, mais aussi un impact étonnant sur la pop culture nippone en général, et sur les séries sportives – pas uniquement consacrées au volleyball – en particulier.

En termes de narration, ce documentaire possède une structure tout ce qu’il y a de plus classique. Le réalisateur – spécialisé dans les documentaires sportifs – est parti à la rencontre de plusieurs championnes de l’époque (dont certaines conservent une forme physique absolument incroyable) pour recueillir leurs témoignages, qu’il alterne avec des images d’archive afin de créer une histoire, jusqu’au sacre olympique. Un parcours qu’il met en parallèle de la reprise industrielle du Japon, mais aussi d’une jeunesse née dans les ruines de la guerre.

Leur parcours surprend toutefois par la rigueur extrême de leur quotidien, entre travail à l’usine – où elles ont été embauchées spécifiquement pour leurs qualités de volleyeuses, puisque leur entreprise possédait une équipe et une ambition nationale – et entraînement extrêmement rigoureux, mené par un ancien officier de l’armée impériale. Il apparaît que cet homme a servi de modèle à tous les entraîneurs jusqu’au-boutistes, à la limite du sadisme, qui sévissent depuis dans les manga et leur adaptations animés. Smasher à la figure de ses joueuses jusqu’à 3 heures du matin ne lui posait semble-t-il pas spécialement problème. Les joueuses, elles, expliquent qu'à l'époque, cela leur paraissait parfaitement normal de faire de tels efforts. Et avec le recul, elles ne tiennent pas un discours différent, du moins devant la caméra.

Un reproche toutefois, sur l'histoire telle qu'elle nous est racontée. Le documentaire fait l'amalgame entre l'équipe Nichibo Kaizuka, championne du Japon, et l'équipe nationale. Or, une des championnes olympiques indique qu'elle travaillait pour une autre entreprise. Et, en effet, après vérification, l'équipe nationale victorieuse aux JO de Tokyo comptait dans ses rangs l’entraîneur de Nichibo Kaizuka, dix joueuses issues de cette équipe, mais aussi - parmi les remplaçantes - deux joueuses venues d'autres formations. Donc l'amalgame ne tient pas, de même que ce qui nous est présentée comme une série de plus de 250 victoires d'affilée, alors que cela mélange les matchs nationaux et internationaux. Il existe peut-être une explication, mais le cinéaste ne la donne pas.

Si le fond est très classique, pour un documentaire, la forme surprend plus. Le réalisateur se permet d'insérer dans son montage de véritables clips musicaux, sur une musique entêtante, dans lesquels ils recyclent à l'infini des séquences d'entraînements, ou des images d'archive sur l'industrie japonaise de l'époque. Encore plus surprenant : il explique en entretien que, ce qui l'a poussé à s'intéresser à cette histoire, ce sont des images d'archive dont les cadrages et ce qu'elles montraient - comme des réceptions en rouler-bouler - lui rappelaient furieusement les séries de volleyball diffusées en France, Jeanne et Serge en tête. En se renseignant, il apprend que cela n'a rien d'un hasard, même si au Japon, le principal héritage pop culturel de cet exploit olympique reste Attack n°1, ou Les Attaquantes chez nous. C'est ainsi qu'il va entrecouper les matchs de l'époque de séquences d'animation tirées d'Attack n°1. Cela fonctionne étrangement bien, malgré une animation pour le moins datée.

Malgré ces trouvailles, dont certaines donnent surtout l'impression de rallonger la longueur du métrage, Les Sorcières de l’Orient reste un documentaire très académique, dont la narration ne révolutionne rien. C'est instructif, surtout pour les amateur·ices d'animation japonaise qui trouveront ici l'origine des séries sur le volleyball, mais il a tout-de-même fallu que j'aille glaner un complément d'information après coup.
Dernière édition par Gemini le Ven 29 Oct 2021, 22:25, édité 1 fois.

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Re: La Section Documentaire

Messagede Koga le Sam 07 Aoû 2021, 12:10

Merci pour le partage. C'est amusant car j'ai lu un article récemment sur ces "Sorcières de l'Orient" et donc ce reportage. Bon rien d'étonnant non plus hein, vu le moment ! :mrgreen:

Mais je ne connaissais pas du tout et dès lors, en voyant quelques images, quelques anecdotes des "survivantes" et témoignages, ça m'a fait bizarre forcément car j'ai de suite pensé à JEanne et Serge et leur entraîneur hyper strict tout de même! (Jeanne battue par son entraîneur carrément!)
Les Attaquantes, je n'ai pas trop vu mais c'est donc le 1er anim qui s'inspire de cette réalité.

En tout cas c'était impressionnant, dans le petit article que j'ai lu, de se plonger dans ce quotidien très strict et où le privilège d'être sportif de haut niveau et de représenter la nation n'empêchait pas de devoir aller au travail comme tout le monde
Ca a dû être une vie bien sévère mais en même temps,dans leurs témoignages (bon "Japon" aussi peut-être....) ça ne se ressent pas non plus de trop et surtout elles semblent en avoir gardé une hygiène de vie idéale et gardent une condition physique étonnante pour leur âge!

SInon rien à voir avec le volley mais dernièrement, j'ai vu le reportage Des trains pas comme les autres en Croatie et le présentateur est tombé sur ce "protecteur" de cigogne blessé :
https://positivr.fr/cigogne-malena-klepetan-croatie/

L'histoire est très surprenante et belle je trouve. Durant le reportage que j'ai vu, vu que quand même le "gardien" n'arrivait pas grand chose avec sa cigogne, je me demandais bien ce qu'elle pouvait penser réellement. On voit bien par moment que son seul souhait est de s'envoler, mais en même temps, ça reste une bien belle histoire :)

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Re: La Section Documentaire

Messagede Gemini le Sam 09 Oct 2021, 21:14


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