de Gemini le Dim 13 Nov 2016, 23:27
Petits avis rapides sur des films vus cette semaine.
Das Arche Noah Prinzip : Film de fin d'étude de Roland Emmerich, et forcément film de fin d'étude le plus cher de l'histoire du cinéma allemand. Dans le futur du passé, les Américains décident d'utiliser une station orbitale destinée au contrôle météorologique à des fins militaires, à l'insu des deux astronautes du bord. Le réalisateur a regardé 2001 un trop grand nombre de fois, mais le long-métrage bénéficie de quelques beaux plans sur la maquette de la station, et brasse des thèmes intéressants. Dommage que cela soit emballé dans un scénario inutilement alambiqué et tout simplement mal écrit ; ce qui, couplé à un rythme lent, flingue un projet qui aurait pu devenir un sympathique petit film de SF. Le résultat n'est pas non plus honteux, mais totalement anecdotique, même pour les inconditionnels du réalisateur.
I Am a Hero : Adaptation du manga éponyme. Que je n'ai pas lu, notamment en raison de critiques sur le premier tome soulignant des qualités que j'aurais plutôt prises pour des défauts. Mais baste. Un assistant de mangaka trentenaire se retrouve embarqué dans une apocalypse zombie. Et là j'ai tout dit. Le film s'intéresse moins à l'événement lui-même qu'au parcours de son héros, ce qui change de nombreuses productions aux protagonistes interchangeables, perdus au milieu d'un phénomène qui les dépasse. De fait, celle-ci passe du temps à développer le personnage principal au quotidien, et à nous faire comprendre à quel point il se situe bas sur l'échelle sociale, avec son imagination comme seule échappatoire. I Am a Hero bénéficie d'un budget supérieur à celui d'une Japan Trash, ce qui se ressent dans une photographie plutôt classieuse et quelques effets spéciaux un poil au-dessus de ce que le Japon propose habituellement. Pour autant, passées quelques légères touches d'originalité, il s'agit d'un long-métrage basique, accumulant une somme hallucinante de clichés et se contentant de les transposer au Japon. Ce n'est pas nécessairement la faute de ce film en particulier, mais j'en ai juste marre de certains schémas éculés, comme celui d'arriver dans un lieu désert et de s'apercevoir plusieurs minutes plus tard qu'il était en réalité rempli de zombies ; lesquels ont apparemment décidé de jouer à cache-cache... Alors, vous me direz, Highschool of the Dead aussi recycle les poncifs. Certes, mais la série apporte au genre son sens tout nippon de l'exagération tout azimut, là où I Am a Hero se la joue beaucoup plus sobre, à tel point qu'il semble presque avoir du mal à assumer son statut de film de genre. Au final, que celui-ci se déroule au Japon ne change pour ainsi dire rien.
Blue Thunder : Fresque reaganienne du début des années 80, même si nous noterons un traitement plus ambigu de l'autorité. Le film suit Roy Scheider en pilote d'hélicoptère de la police de LA, ancien du Vietnam. Cela commence très fort, déjà car les vues aériennes de la ville sont magnifiques, et ensuite parce que le traitement subtil des personnages et l'immersion dans leur quotidien les rendent vivants et attachants. Cela m'a rappelé l'excellent The New Centurions de Richard Fleischer. Puis une enquête policière se met en place, et là encore, c'est du tout bon. Le film bascule lorsque apparait le fameux Blue Thunder du titre, un hélicoptère surarmé hyper puissant, typique des années 80 mais nanardeux dans l'âme. Là, j'ai commencé à avoir très peur, malgré l'apparition de Malcolm MacDowell en antagoniste, et un Roy Scheider qui arrive à rester convaincant malgré le nouveau contexte. Le scénario parvient à négocier ce virage casse-gueule sereinement, et à maintenir une intrigue sérieuse. Jusqu'à une dernière séquence qui part joyeusement en destruction et règlement de compte aérien, mais traité comme s'il n'y avait strictement pas la moindre victime collatérale et que le héros n'en avait de toute façon rien à foutre. Nous atteignons un niveau d'irresponsabilité qui justifie largement la réputation peu flatteuse de ce film. Néanmoins, en raison d'une première partie de très belle facture et d'un récit malgré tout bien mené, j'en garde une impression positive.