Merlin a écrit:Tu sais, les révoltes, révolutions, la rebelle attitude, combattre pour ses idées... c'est chouette tout ça mais le but de tout ça c'est pour qu'au final il y ai un minimum de résultat.
Pas nécessairement, ça fait très longtemps que
le coup de force n'est plus possible, la seule politique possible actuellement n'est pas la récupération des institution, mais l'établissement progressif d'une contre société, d'une société parallèle, avec sa propre économie. En Europe, y a un retard considérable à cet effet (sauf peut-être en Italie avec le groupe Casapound), mais aux États-Unis, c'est absolument bourré de métastases de communautés et sociétés parallèles de gens qui se sont totalement extrait du système - je pense que les gens qui suivent les médias n'ont aucune idée de l'immense bordel qu'est devenu ce pays, surtout ces dernières années, où énormément de
monnaies parallèles sont apparues, où beaucoup d'états ont cessé d'utiliser le dollar et sont repassés à l'étalon-or, où l'argent (métal) est déjà une monnaie à plusieurs endroits, etc., il n'y a que dans l'ordre symbolique, dans le système de représentations collectif mondial que ce pays tient toujours.
Non, la rébellion dont je parle, c'est justement celle qui est vaine, et qui est belle parce qu'elle est vaine ; c'est un élément naturel oedipien, c'est, à 20 ans, le désir ardent de vivre, d'obtenir tout tout de suite, d'aspirer à un bien accessible immédiat, par la force si nécessaire. C'est juste se prouver à soi-même qu'on vit, qu'on a des rêves, une identité, du sang qui coule dans nos veines, de la testostérone, des couilles.
Or je suis entouré de zombies amorphes qui n'ont même pas de sautes d'humeurs - même les gonzesses.
Je me souviens du commentaire de mon oncle qui est venu visiter le Québec à un moment donné : "
ces autistes sont soit des anges, soit des animaux".
Zeta Amrith a écrit:Le débat est bien plus libre et pluriel en Italie, en Espagne, en Allemagne...
Comme le prouve le cas Eric Zemmour, les plus chauvins francophiles sont des étrangers, je me plie donc à la tradition : je pense que c'est justement parce que la France est un bastion historique d'esprit critique, d'un certain panache et de libre pensée que ses élites
compradors en font autant pour la museler. Tu ne t'en rends pas compte, mais le simple fait qu'il y a des "affaires médiatiques" sur les limites ou pas de la liberté d'expression montre bien qu'il y a des gens qui ont une opinion dissidente et qui cherchent à l'exprimer ; là où je suis, on n'entend aucun vent dissident, l'affaire se règle d'elle-même. En fait, personne ne formule d'opinion tout court ; les journaux relaient les dépêches de l'AFP et du Huffington Post, il n'y a aucune discussion de politique où que ce soit, sur les plateaux télé comme dans les universités, ou dans les bistrots.
Au moment de la légalisation du mariage homosexuel (qui, pour moi, n'est pas une question secondaire), des sondages révélaient que "
70% des Québécois sont contre mais s'en foutent si ça passe" - et c'est passé et on a arrêté d'en parler (cahier des charges probablement issu des
think tanks internationaux). 70% des Québécois ne sont "
pas contre la peine de mort", mais non seulement aucun parti, aucun homme public ne parle de la réintroduire (de toute façon c'est de compétence fédérale), mais ce sondage régulièrement renouvelé
ne choque personne. Les pamphlets antisémites de Céline ont été réédités par une maison d'édition anonyme en un pavé sobrement intitulé
Écrits polémiques l'an dernier (ici les droits d'auteurs durent 50 ans après la mort de l'auteur, et non pas 70), ça a fait 200 ventes (je ne plaisante pas :
200 ventes) et ça n'a choqué personne - d'ailleurs, les romans de Céline sont tous tout le temps disponible dans toutes les bibliothèques, personne ne les emprunte, personne ne les lit.
Je la ressens globalement comme une société très dangereuse parce qu'il est extrêmement facile de la faire basculer dans un fascisme fort sans que personne ne réagisse.
Zeta Amrith a écrit:Quant aux traditions puissantes, elles se sont diluées dans la financiarisation, qui ne laisse plus le choix qu'entre une seule politique avec un ruban différent ; dans ce contexte, la puissance avance en déambulateur, et même si l'offre politique est plus fournie que celle du monde anglo-saxon - encore que la bipolarisation semble s'amenuiser au Royaume-Uni ce qui expliquerait le comportement bizarre de Cameron, les règles électorales en vigueur font que les mêmes têtes reviennent indéfiniment pendant des décennies... et la 'qualité' des alternatives faisant peine à voir, l'abstention tirera les marrons du feu. Sauf scandale intermédiaire, les scénaristes de TF1 et France Télévision nous préparent déjà Valls en candidat du PS 2017.
Dans le cadre du paysage des partis politiques, sans doute ; mais en France, il y a encore des gens qui n'ont pas digéré la Révolution française, il y a encore des gens qui n'ont pas digéré la perte de l'empire colonial, en France, le
maurrassisme veut dire quelque chose. Vous tenez ces éléments pour acquis, et vous ne pouvez pas avoir conscience de l'importance de leur existence dans la production doctrinale, voire même dans le patrimoine historique de la nation, pour qu'il y ait une véritable diversité d'opinions, de possibilités, de doctrines, pour qu'il y a un véritable éventail de conscience pour que
l'esprit puisse respirer.
Il n'y a pas de philosophe québécois, il n'y a personne qui a essayé de penser le Québec, qui a essayé de le comprendre, à l'échelle historique et téléologique, pour donner lui donner un sens et une conscience, une direction. Il ne peut même pas y avoir de débats sur
l'identité nationale parce qu'il n'y a pas de nation, les nouveaux arrivants de seconde ou troisième génération ne se sentent absolument pas Québécois (malgré une situation économique stable et une absence de racisme de la part des Québécois "de souche") et personne ne le leur reproche ; il est à peine généralement admis qu'il faut aimer les pédés et autres lieux communs d'une bienpansance si élémentaire qu'ils ne sont même pas discutés, c'est à ça que se résume l'identité collective québécoise.
Ici, oui, nous avons "au pouvoir" (terme ambigu parce qu'ils ont moins de la moitié des sièges au parlement [ce qui les oblige à contracter des alliances avec d'autres partis pour faire passer le moindre projet de loi] et qu'ici, le premier ministre est tout simplement le chef du parti ayant obtenu le plus de sièges au parlement, lui-même ayant l'obligation de se faire élire député d'une circonscription électorale pour pouvoir assumer ses fonctions exécutives... et c'est pareil pour tous ses ministres... je parlais il y a quelques pages de confusion des pouvoirs judiciaire et exécutif, mais c'est la même chose pour le législatif et l'exécutif, et c'est justement pour ça qu'il n'y a pas de
pouvoir) ; nous avons au pouvoir, donc, une clique "d'indépendantistes" qui ne s'en revendiquent même pas et qui ont simplement hérité d'un parti politique fondé par un "indépendantiste" dans les années 70 (lui-même un jaune) pour lesquels les gens ont massivement voter pour virer ceux qui étaient là avant qui étaient devenus insupportables (neuf ans de pouvoirs, certaines affaires de corruption qui se sont sues, commission d'enquête pour étouffer l'affaire, nouvelle vie active pour l'ancien premier ministre devenu conseiller dans de grands cabinets d'avocat pour préparer sa retraite dorée). Ça fait six mois qu'ils sont au "pouvoir" et personne n'est capable de définir leur politique, ce qu'ils ont fait ; sans doute parce qu'ils ne font rien, tout comme leurs prédécesseurs...
Les sondages révèlent fréquemment que la majorité des Québécois ne veulent pas de l'indépendance : de toute façon, ils ont leur frontière, leur langue, leur droit civil, leur droit des affaires, leur droit bancaire, leur Code civil, leur droit de la famille, la capacité d'installer des
ambassades même si ça ne s'appelle pas comme ça (opération validée par la Cour suprême bien qu'inconstitutionnelle selon à peu près tout le monde), leur parlement, leurs tribunaux, leur gouvernement, leur propre service de police (
le Québec a un service de police provincial, et la ville de Montréal a son service de police municipal ; ça n'existe nulle part ailleurs au Canada, où les différentes provinces font contractuellement affaire directement avec la police fédérale) à peu près 90% de ce qui constitue un pays ; l'état fédéral a pour lui les affaires criminelles (
tuer c'est mal), la monnaie, la dette publique et les relations internationales.
Et puis indépendance pour faire quoi? Le projet indépendantiste est d'origine strictement sentimental, issu de la conscience des Québécois d'être un peuple qui aurait dû se faire bouffer par l'histoire et les 350 millions d'anglophones qui l'encerclent, un peuple qui ne fait office que de stigmate de la défaite française de 1763, il y a très précisément deux siècles et demi. Personne ne m'a jamais donné les raisons profondes et vraisemblables (raisons d'oppression ou que sais-je) du souhait d'accéder à l'indépendance de certains Québécois dont on se demande s'ils existent encore ; et il n'y a même pas de doctrine sur le système politique à adopter en cas d'accès à l'indépendance. Personne ne sait ce que c'est qu'une monarchie (catholique de droit divin? laïque? comment? tirage au sort? guerre civile avec émergence d'un leader?), personne ne sait ce que c'est qu'une République, personne ne souhaite que le Québec s'indexe à nouveau à la France et devienne un territoire d'outre-mer, ne serait-ce que pour le fun, pour le délire.
Non, franchement, le Québec est une société
post-tout. Ici, nous n'avons même pas le désespoir, la consternation et la rage : il n'y a rien.
C'est sans doute difficile à imaginer pour des gens qui ont le nez dans le guidon, qui se font bombarder de merde jour après jour par TF1 France 2 BFM etc., mais je peux vous garantir, pour avoir connu très bien toutes ces sociétés et toutes ces cultures, que c'est, pour des gens en tout cas qui ont une certaine sensibilité et une envie de vivre une épopée (et qui sentent, comme c'est le cas actuellement, que
quelque chose d'extrêmement important est en train de se passer à l'échelle planétaire), que c'est une souffrance d'un autre ordre, mais bel et bien une souffrance.
Par contre Valls 2017 : lul?Zeta Amrith a écrit:tout se résumait une fois de plus à une lutte du Bien contre le Mal
Je passe aussi du coq à l'âne, mais pour parler de Bien et de Mal :
Tenez,
vous allez halluciner. Ça vous permettra de relativiser aussi certaines choses
Ialda a écrit:Ils embauchent dans ton beau pays ?
5% de chômage, 3% de croissance.
Tous les jours il y a des dizaines et des dizaines de Français qui débarquent à l'aéroport.