
Étrangement, le point commun de ces suites non assumées, c'est qu'elles repartent toutes du Godzilla matricielle de 1954, le seul appartenant encore à la continuité. Tout aussi étrangement, celui-ci compte aussi la version de Roland Emmerich, mais évacue rapidement le problème : les Américains ont cru voir Godzilla, mais vue la facilité avec laquelle ils l'ont éliminé, ils ont dû confondre

Ne faisons pas durer le suspens plus longtemps : Giant Monsters All-Out Attack est réussi, et il s'agit même d'un des meilleurs Kaiju eiga que j'ai pu voir. Tandis qu'un sous-marin est détruit et que des traces de Godzilla sont retrouvées sur place, plusieurs monstres font leur apparition aux quatre coins du Japon. Néanmoins, Baragon, Mothra, et Ghidorah ne sont pas là pour détruire, mais bien pour stopper le lézard radioactif.
Oui, pour une fois, Ghidorah appartient au clan des "gentils", puisqu'il représente un des anciens esprits du Japon. Ce n'est pas la seule différence avec les précédents opus, puisque celui-ci s'avère beaucoup plus empreint de mysticisme, et que Godzilla incarne ici les millions de victimes de l'armée japonaise durant la Guerre du Pacifique, qui serait là pour rappeler aux Japonais qu'ils ne doivent pas oublier les crimes du passé. Ce qui explique pourquoi il s'en prend spécifiquement à la capitale japonaise. Paradoxalement, le but du jeu reste de lui défoncer sa race au moyen des incarnations du Japon ancestral, donc le message risque d'avoir du mal à passer.
L'histoire est vécue du point de vue de Yuri, qui travaille pour une société de production de films d'horreur au rabais, mais que ce sujet intéresse particulièrement et qui va décider de suivre les Kaiju armée de sa caméra. Le personnages est lisse mais plutôt bon, et l'actrice est certainement une des plus convaincantes du film, donc ça passe bien. La réalisation est maitrisée - pour une fois, nous assistons aux destructions à hauteur d'homme et les morts ne sont absolument pas cachées aux spectateurs - les combats bien chorégraphiés et impressionnants, et le scénario loin de ne servir que de prétexte, donc du tout bon à priori. Là où l'ensemble peine un peu, c'est évidemment dans les effets spéciaux. L'équipe a fait le choix d'un mélange de costumes en latex dernier cri et de CGI, et ces-derniers ont mal vieillis ; d'autant plus que la différence visuelle est criante lorsque nous passons d'une technique à une autre. Mais de la part d'une production japonaise du début des années 2000, c'est attendu, donc difficile de lui reprocher : je l'ai regardé en sachant à quoi je m'exposais. Au-delà de ce défaut, Godzilla, Mothra and King Ghidorah : Giant Monsters All-Out Attack est donc un bon Kaiju eiga, et accessible à un nouveau public de surcroit ; même si je recommande de commencer par celui d'origine.