Zêta Amrith a écrit:S'ils obtiennent une majorité ils feront probablement comme leurs amis en Italie, une deuxième vague de régression socio-économique dans la lignée de leur prédécesseur, qu'ils tenteront de camoufler derrière la lutte contre telle ou telle lubie sociétale sans importance.
Il est peu probable que le RN obtienne une majorité absolue et c'est possiblement le calcul du stratège en carton-pâte qui nous sert de Président : construire une cohabitation cacophonique aujourd'hui pour finir de rendre la chose ingouvernable, précipiter le chaos, épuiser ses opposants à "l'exercice du pouvoir" (ou quelque chose qui y ressemble) et pouvoir dire "Vous voyez, c'est pire
avec eux" en espérant les discréditer avant la fin de son second mandat. Ou alors il pensait sincèrement se refaire la cerise en vingt jours et ce mec est définitivement bon pour l'asile. Dans les deux cas, la façon dont il joue avec les institutions est délirante.
Il n'empêche que je partage l'essentiel de ce que dit Wonk. La droitisation des médias mériterait à elle seule une analyse digne de ce nom, parce que ça dépasse effectivement la seule razzia de Vincent Bolloré, qui a clairement fait campagne pour l'union des droites via notamment le JDD, Europe 1, Hanouna & co, évidemment CNews etc. On a vu à peu près tout le monde sur les plateaux TV - jusque sur France Télévision, avec par exemple les efforts notables en ce sens de Nathalie Saint-Cricq - coller une cible dans le dos à n'importe quoi qui serait vaguement situé plus à gauche que François Hollande, avec parfois des niveaux de manipulation oufissimes. Jamais ça n'avait été aussi clair : ce n'est pas l'extrême droite qui a semblé inquiéter les gens 'en place', mais bien le programme dispendieux de la gauche-marxiste-antisémite-pro-Hamas. Quid du fait que de vrais économistes (quelques centaines, hein) aient apporté leur soutien à la ligne directrice de ce qu'a chiffré le Nouveau Front Populaire, à compter du moment où des éditorialistes qui ont foiré HEC disaient que c'était délirant et ruineux, pas de débat.
Quant à minimiser le fait que le RN abrite des gens du GUD, des néonazis pur jus et de jeunes identitaires bien bourrins, je ne m'y amuserais pas. D'une part parce que ça peut décomplexer à la fois les racistes ordinaires et les factions plus militantes, mais aussi parce qu'on n'est pas à l'abri de nouvelles émeutes. Et même symboliquement, dans le cas d'une crise de régime qui neutraliserait jusqu'au RN, j'avoue que Bardella premier Ministre, je ne suis pas prêt.
Après, au-delà de ces mécanismes d'accélération qui ont effectivement vu des digues sauter, je ne vais pas me dédire. Pour moi, ce qui creuse le sillon de l'abstention, de l'extrême droite et d'une forme plus globale de rejet pour tout ce qui symbolise les élites, c'est l'inconséquence d'un théâtre politique qui ne donne que l'illusion de la démocratie. Le terme "technocratie" est un peu passé de mode, mais à mes yeux, il continue de définir très bien ce qui caractère les structures politiques et financières agissantes aujourd'hui : il ne faut surtout toucher à rien. Et à force de verrouiller les intérêts d'une classe dominante qui a logiquement structuré les outils politiques à cette fin - basiquement, en les vidant de leur substance - les 'gens' méprisent les semi-impuissants pour lesquels il faudrait voter docilement, quitte à se rendre au fameux "On n'a jamais essayé le FN/RN". C'est ce qu'on appelle parfois le "populisme", mais il ne tombe évidemment pas de nulle-part. Le pire étant peut-être que les pauvres - et là, je rejoins Amrith - votent pour un programme finalement mieux accueilli par le MEDEF et Bruno Le Maire, que celui de 'la gauche', dont on nous explique qu'il ferait exploser la dette et fâcherait tout rouge les marchés financiers. Encore que je ne pense pas que ce soit cet argument technico-financier qui prenne, mais bien celui du coût supposé de l'immigration, porté par une forme de xénophobie ordinaire...
Une pensée pour François Ruffin, en difficulté dans sa circonscription, qui s'est emmerdé à défendre les ouvriers, assistantes de vie, aides-soignantes et autres femmes de ménage, avec des arguments économiques solides, pour à peu près rien, à date.