de Aer le Ven 06 Juin 2014, 09:47
Je me rend compte que j'avais oublié d'évoquer cette histoire. Une histoire profondément humaine comme vous le verrez, pleine de doutes, de questions et, au fond, de choix. Destin ? Libre arbitre ? Que d'interrogations maintes et maintes fois posées sur la table du débat.
Ca ne sera pas une surprise pour tout le monde mais, pour expliciter, il se trouve que je vis dans un appartement de fonction, du fait du travail paternel. Au sein d'une préfecture, il y en a généralement plusieurs : pour le préfet bien évidemment, son directeur de cabinet en général, parfois d'autres personnes attenantes (secrétaire général, personnel de la maison etc...) et en dernier pour le concierge. Le réseau téléphonique est confondant de simplicité : chaque téléphone relié au réseau n'a besoin de composer que quatre chiffres pour joindre un lieu quelconque (en tout cas ici, dans les plus grandes c'est peut être plus de chiffres, whatever), le personnel du standard se chargeant de filtrer les appels extérieurs - absolument tous - et de dispatcher à qui de droit ensuite.
Ce personnel est globalement compétent à l'exception d'un homme, d'un âge avancé, d'une bedaine elle aussi avancée et d'une propension à s'en envoyer un petit derrière la cravate très avancée. Mais ce n'est pas un mauvais bougre, juste un type un peu fainéant et un peu fatigué par la vie qui n'attends plus que sa retraite. Si je dis ça, c'est pour souligner que des erreurs surviennent parfois lorsqu'il est en fonction, surtout au niveau des appartements de fonction vu qu'ils ont tous des indices téléphoniques proches (avec 1 chiffre de différence, genre l'un sera 34, l'autre 35, l'autre 36 ; simple exemple).
Et il y a quelques semaines, le téléphone de boulot sonne. Personne à la maison à par moi, je me décide donc à décrocher.
"Allo oui ?" <- réponse banale et en même temps concernée pour faire style, je ne sais pas qui est au bout du fil.
"Oui bonjour monsieur le préfet ! J'ai le président de la république en ligne, je vous le passe tout de suite." dit il d'une voix mêlée d'excitation et de frayeur.
A cet instant, j'ai découvert l'éternité.
Une fraction de seconde qui s'est allongée à l'infini, dépassant l'univers matériel dont nous sommes pourvus.
Une question unique tournait dans ma tête :
"T'es cap ou pas cap ?"
Quelques semaines plus tard, je ne peux m'empêcher de regretter ma réponse.
When you dont afraid any sunshine, come on baby !
行けよ饒舌の 影よ来て導け