
Pour ne plus empiéter sur le thread TV.
Phénomène télévisuel des années 90, The X-Files est une série américaine en 202 épisodes diffusée de 1993 à 2002 sur le réseau FOX. Créée et supervisée par Chris Carter, un ancien scénariste de téléfilms Disney, elle met en scène deux agents du FBI enquêtant sur des affaires criminelles en lien avec des phénomènes paranormaux ou inexpliqués ; un homme (Fox Mulder, interprété par David Duchovny), considéré comme un paria par ses collègues puisque convaincu de l’existence des extraterrestres, des spectres et autres créatures surnaturelles, et une femme (Dana Scully, interprétée par Gillian Anderson), de formation scientifique et résolument sceptique, que ses supérieurs lui envoient dans les pattes pour gêner ses investigations. Très rapidement, la quête de Mulder devient également celle de sa partenaire, au fur et à mesure qu’ils découvrent les modalités d’une gigantesque conspiration mondiale visant à cacher la fameuse Vérité aux populations tenues dans l'ignorance.
Fruit de quantité d’influences (citons en vrac La Quatrième Dimension, The Outer Limits, Chapeau Melon Et Bottes De Cuir, Le Silence Des Agneaux) et du flot continu de révélations post-Watergate, X-Files naît à l’origine de la volonté de Carter de ramener le genre aux premières loges du petit écran après deux décennies de relative discrétion, sur un mode proche du "fantastique urbain" initié par la série-culte du producteur, Kolchak The Night Stalker. Un autre motif invoqué par le chef d’orchestre de la série pour expliquer sa création est qu’il souhaitait ainsi se battre contre son propre cartésianisme : fatigué de son tempérament sceptique, il prétend avoir voulu concevoir une histoire qui l’encouragerait à croire en quelque chose d’invérifiable. Avant tout catalogue plus que roboratif des peurs, fantasmes et questionnements du crépuscule du XX° siècle, bâtie sur la crainte du vide laissé par le déclin des grandes idéologies politiques, X-Files est un témoignage substanciel des incertitudes de son époque.
Après huit années d’absence – treize si l’on ne considère que la série TV – The X-Files revient début 2016 pour une mini-série en quelques six épisodes. Mais le monde n’est déjà plus le même. Y compris celui des séries américaines actuelles, qui ont dépassé les conventions d'écriture de X-Files.
SAISON 1 (1993-1994)
Les fondations sont posées via ces vingt-quatre épisodes alternant apparition d’ovnis et dissimulations gouvernementales, parapsychologies, poltergeists et créatures folkloriques. Chris Carter, épaulé des talentueux Glen Morgan et James Wong, mais aussi de Howard Gordon et d’Alex Gansa – lequel partira vers d’autres tropiques à la fin de l’année, veut composer une série de fin de siècle, plus variée qu’une macédoine, dans laquelle chaque dossier surnaturel est aussi l’occasion d’examiner une dimension bien réelle du monde moderne : conquête spatiale, éco-terrorisme, serial-killers... La bande originale de Mark Snow, le fidèle parmi les fidèles qui écrit plus de trente minutes de musique par semaine, passe quasi-immédiatement à la postérité. Méticuleuse avec son argent, la FOX impose parfois certains thèmes aux scénaristes, lesquels sont alors confrontés à la difficulté d’inventer des variations originales autour de sujets mille fois rebattus. Encore très imprégnée par les formula-shows policiers de son temps, X-Files Saison 1 cherche sa voie, et l’on mentirait en disant que certains segments n’ont pas vieilli ; pour autant, sa progression est constante.
5 Loners Incontournables de la Saison 1
Glen Morgan et James Wong s’inspirent ostensiblement de The Thing pour un huit-clos arctique de grande qualité. A la télévision, un petit budget de réalisation n’enterre pas un script malin.
Squeeze
Tooms le plus célèbre mutant de la série, cannibale de son état et jamais hésitant à croquer du foie, inaugure le tout premier loner. Encore un coup des compères Glen Morgan et James Wong.
Darkness Falls
Chris Carter et ses pucerons préhistoriques renvoient bûcherons jemenfoutistes et écologistes saboteurs dos à dos. En les zigouillant tous les deux. Dans la forêt, personne n’entend crier.
Beyond The Sea
Glen Morgan et James Wong, encore eux, proposent cette fois une histoire policière et médiumnique mettant Scully au premier plan et que surplombe l’ombre du Silence Des Agneaux.
Tooms
Le méchant contorsionniste revient dans un épisode encore plus fun, où Mulder harcèle son suspect. Première apparition de Skinner, et premiers mots à l’écran du Cigarette Smoking Man.
SAISON 2 (1994-1995)
L’essor de son merchandising laisse peu de doutes : X-Files se mue en succès au point que la concurrence en livre déjà ses premières pâles imitations. La liberté et l’ambition des scénaristes s’en voient décuplés, avec une saison globalement plus provocante, plus neuve, plus sanglante, plus aboutie. La grossesse de Gillian Anderson pousse les auteurs à improviser un arc narratif qui deviendra la mythologie du show : un fil rouge innovant, ponctuellement enrichi de nouveaux développements, cohabite avec une majorité d’histoires isolées. Pareille structure possède de multiples avantages comme encourager à la fidélité des X-Philes, à la consommation de VHS ou susciter le débat sur un internet balbutiant dont la série sera précurseur. Tandis que Glen Morgan et James Wong quittent le navire, Vince Gilligan ainsi qu’un certain Frank Spotnitz rejoignent la production en milieu d’année ; le second, bras-droit officiel, est celui qui jusqu’au dernier générique confectionnera l’épine dorsale de la mythologie aux côtés de Chris Carter. Le final et cliffhanger de la Saison 2, première partie d’une trilogie à suivre, est considéré par de nombreux fans comme l’un, sinon le sommet de la série.
5 Loners Incontournables de la Saison 2
Première pépite de Darin Morgan avec un épisode culte, situé dans le monde des monstres de foire. Ou comment montrer que le bizarre est partout et qu’il n’est pas l’apanage du surnaturel.
Die Hand Die Verletzt
Glen Morgan et James Wong quittent (provisoirement) la série sur un segment grinçant, plein d’effets grand-guignolesques, de sorcellerie satanique, d’humour noir et de porcelets disséqués.
The Host
Apparition du Flukeman des égoûts, la créature la plus iconique de toute la saga. Un hommage ludique de Chris Carter aux films de monstres caoutchouteux de son adolescence.
Blood
Une histoire paranoïaque caractéristique des singularités thématiques de la série. La violence urbaine et autres spree killers expliquée par de sordides expérimentations gouvernementales.
Soft Light
Première participation de Vince Gilligan pour la série, avec Tony Shalhoub (Monk) en vedette. Un exemple d’épisode de SF classique, à la lisière du loner et de la trame de fond.
SAISON 3 (1995-1996)
La Saison 3 est la favorite de Chris Carter, durant laquelle la série devient un phénomène international et un emblême de la culture populaire aux gimmicks immédiatement reconnaissables. Elle est aussi celle où les auteurs repoussent les limites du montrable à la télévision en frôlant la censure à moultes reprises : tripes pendues dans les arbres, traffic d’organes, exécutions sur la chaise électrique, rapt de jeunes filles par des prédateurs sexuels, charniers humains exhumés... autant de choses presque banales dans le tube cathodique aujourd’hui mais qui firent grand bruit parmi les téléphages de l’époque. En plus des affaires courantes, X-Files consacre désormais un certain nombre d’épisodes à s’auto-parodier dans une veine humoristique ou décalée et propose quelques histoires offrant d’approfondir ses personnages secondaires. Le scénariste John Shiban, qui restera jusqu’à la fin du show, pose ses bagages dans l’équipe ; ses scripts inégaux ne l’empêcheront pas de devenir l’une des forces motrices de la production 1013. Dans le même temps, les premiers contrats de rediffusion câblée sont signés aux USA et les conventions de fans éclosent aux quatre coins du monde.
5 Loners Incontournables de la Saison 3
L’un des chef-d’oeuvres de la série, signé Darin Morgan. Entre deux allusions à Star Trek et Ray Harryhausen, une parodie de cinquante ans de folklore ufologique et de X-Files elle-même.
Clyde Bruckman’s Final Repose
Darin Morgan récidive avec un épisode de haute volée sur le business de la voyance et l’utilité éventuelle de connaître l’avenir. La performance de Peter Boyle lui valut un Emmy Award.
War Of The Coprophages
Quatrième et dernier script du fantastique Darin Morgan, dont la richesse de l’écriture ne sera jamais réégalée par la suite. Les aliens ont ici déjà envahi la Terre sans que nous le sachions...
Oubliette
L’histoire d’une fillette enlevée qui entretient une connexion psychique avec une ancienne victime. Censuré en France du fait de l’affaire Dutroux, l’épisode fait partie des favoris de David Duchovny.
Grotesque
Un récit controversé, mais qui ne laisse pas indifférent. Tout comme Irresistible une saison plus tôt, cet opus de Howard Gordon à base de meurtres en série mystiques préfigure MillenniuM.
SAISON 4 (1996-1997)
Année morbide de référence, riche en sectes tueuses et en mutants, elle ouvre surtout la série à une narration plus psychologique, faisant la part belle aux états d’âme affectés des personnages. Elle signe aussi le retour des scénaristes Glen Morgan et James Wong après l’échec de leur propre création, pour une poignée d’épisodes parmi les plus impressionnants de la série – ils quitteront définitivement le show en fin d’année, tout comme le vétéran Howard Gordon après plusieurs pannes d’inspiration. A la même période, Chris Carter travaille de front sur deux autres projets de très grande ampleur : le premier long-métrage des X-Files et son second bébé MillenniuM, qui connaîtra un parcours très chaotique. Pour beaucoup de fans, la Saison 4 figure parmi les meilleures et représente un zénith de la série pour ce qui est de sa mythologie, laquelle n’a jamais été si élaborée et riche en sous-entendus apocalyptiques. Comme le symbole d’un succès qui ne se dément pas, David Duchovny et Gillian Anderson sont invités à doubler leur version animée le temps d’un segment des célèbres Simpsons, un opus qui fracassera les compteurs d’audimat de la FOX.
5 Loners Incontournables de la Saison 4
Non seulement l’épisode le plus choquant de toute la série, mais encore à ce jour, l’une des fictions les plus trash et éprouvantes jamais diffusées à la télévision américaine. Un classique absolu.
The Field Where I Died
Un épisode tragique et poétique de Glen Morgan et James Wong, s’échinant dans des teintes crépusculaires. Le pré-générique, un texte lyrique sur l’espoir d’une réincarnation, est superbe.
Musings Of A Cigarette Smoking Man
Forrest Gump est passé à la moulinette dans cette fausse biographie désabusée du personnage de William B. Davis. Une autre version des assassinats de JFK et Martin Luther King, dirait-on.
Paper Hearts
Vince Gilligan revisite les traumas de Mulder dans cette enquête policière éthérée. La figure entêtante du tueur en série, réification de la peur des années 90, est encore mise au premier plan.
Unruhe
La définition du loner sans génie mais très efficace, conçu et rythmé à l’ancienne manière. Plus dangereux qu’un assassin cinglé est l’assassin cinglé qui pense que ses proies sont cinglées.
SAISON 5 (1997-1998)
Finaliser le tournage du film X-Files ayant pris plus de temps qu’escompté durant l’été, la Saison 5 ne bénéficie pas vraiment du même suivi qualité que celles qui la précèdent ; très exposée aux Emmy Awards, sa première moitié cumule pourtant kyrielle d’épisodes de facture médiocre, tandis que la lassitude du grand-public vis-à-vis d’un fil rouge de plus en plus complexe commence à poindre son nez. Elle n’est pas aidée non plus par l’impératif de se passer des deux acteurs principaux dans plusieurs segments, ni même par les préparatifs de déménagement à Los Angeles suite aux exigences de David Duchovny. L’équipe saisit néanmoins cette opportunité pour creuser les marges et raconter les origines des X-Files. Pour la première fois, de célèbres romanciers – Stephen King et William Gibson, rien que ça – sont invités à créer leur propre épisode pour la série, respectivement horrifique et cyberpunk. De son côté, Vince Gilligan se surpasse en fournissant parmi ses meilleurs scenarii. Inégale, la saison n’en demeure pas moins la dernière tournée dans les décors si particuliers de Vancouver, lui conférant ainsi une certaine valeur nostalgique auprès du fandom.
5 Loners Incontournables de la Saison 5
Fabriqué en urgence pour pallier à l’absence de Gillian Anderson, cet excellentissime segment-flashback narre la rencontre des Lone Gunmen et le début de leur combat de geeks complotistes.
The Pine Bluff Variant
John Shiban crée son meilleur scénario, un suspense ayant pour motif l’armement bactériologique et vaguement inspiré de The Spy Who Came In From The Cold. Une grande réussite.
The Post-Modern Prometheus
Le Frankenstein de Mary Shelley revu et corrigé par Chris Carter aime Cher et les contes de fée. Une déclaration d’amour à la naïveté SF des fifties, entièrement tournée en noir et blanc.
Kill Switch
Le légendaire William Gibson et son collègue Tom Maddox, précurseurs du courant cyberpunk, livrent le script le plus cher de l’année (trois explosions) et font le plein de câbles, de net et d’IA.
Folie A Deux
Une créature insectoïde terrorise les rares personnes capables de la déceler derrière son apparence humaine. Encore un script minimaliste et ingénieux de la force vive Vince Gilligan.
THE X-FILES : FIGHT THE FUTURE (1998)
Cas rarissime de film pour le cinéma adossé à une série télévisée pendant sa diffusion, Fight The Future profite de son solide budget de 65 millions de dollars pour étoffer la grandiloquence de la mythologie extraterrestre de la mouture cathodique, à moults renforts d’infographie numérique. On retrouve aux côtés du casting habituel quelques têtes connues, telles que Martin Landau et Armin Mueller-Stahl. En dépit de critiques mitigées, conséquence des incohérences d’un script moyennement ficelé par Chris Carter et Frank Spotnitz, le film fut un petit succès largement rentabilisé à l’international. Vécue comme un véritable évènement, sorte de consécration suprême pour X-Files, sa sortie en salles vit La Poste française éditer des cartes postales à l’effigie du film.
SAISON 6 (1998-1999)
Année du renouveau salvateur, de la prise de risques, la Saison 6 de X-Files est une succession de fables allégoriques, romantiques ou amusantes, régulièrement excentrée vis-à-vis des canons initiaux de la série. Plus humaine, plus proche du quotidien, la première salve de Los Angeles enchaîne les réussites et les figures de style, peu d’épisodes se montrant réellement décevants dans ce millésime post-moderne où l’on donne aux fans ce qu’ils veulent sans le leur donner. Cerise sur le gâteau, le coeur de la mythologie est enfin expliqué au cours d’un double-segment mettant un terme à six années faites d’empilements de questions. Mais malgré tous les efforts de Chris Carter, la popularité de la série a déjà atteint son pic et s’amorce tout logiquement la pente descendante. Côté coulisses débarquent deux très bons nouveaux scénaristes, nommément Jeffrey Bell et David Amann ; ainsi qu’un troisième en la personne de David Duchovny, qui s’il avait déjà participé à quelques histoires par le passé, écrit et réalise cette année un brillant premier script. Peut-être la meilleure saison jamais réalisée de X-Files, bien qu’elle ne soit pas celle qui restera dans l’inconscient collectif.
5 Loners Incontournables de la Saison 6
Chris Carter verse dans l’exercice de style pur au travers de quatre plan-séquences (très légèrement trafficotés) et d’écrans splittés inhabituels afin de composer un divertissement épique.
The Unnatural
Très bon épisode écrit et réalisé par David Duchovny, une fable tragicomique racontant les déboires d’un Gris désireux d’abandonner la colonisation de la Terre pour vivre sa passion du baseball.
Milagro
Quand le pouvoir démiurgique de l’auteur entre littéralement en scène. Un segment lent, différent dans une saison différente, consacré à l’attirance qu’exerce Scully sur un écrivain assez glauque.
Rain King
Aimé par les uns, détesté par les autres pour qui il n’a rien à faire dans la série, cet épisode sciemment idiot de Jeffrey Bell pour la Saint-Valentin illustre la flexibilité illimitée de la franchise.
Monday
The Groundhog Day et un braquage de banque fournissent la matière principale à cette histoire lancinante de boucle temporelle se terminant immanquablement par la mort de Mulder et Scully.
SAISON 7 (1999-2000)
Le contrat de David Duchovny prend fin cette année et Chris Carter souhaite donc en terminer avec la mythologie ; manque de bol, l’indisponibilité prolongée de plusieurs acteurs le contraint finalement à meubler le vide du fil rouge avec quelques subterfuges et axer la Saison 7 sur ses loners à concept. Ces derniers, souvent excessifs ou reposant sur une post-modernité invasive, poussent ainsi la série dans ses retranchements : prolifération de zombies, ravages de la réalité virtuelle, génie exauçant trois voeux, les fans peinent parfois à reconnaître le X-Files sobre d’antan. Steven Maeda, un ancien de l’éphémère Harsh Realm, est le principal nouveau venu parmi les scénaristes, tandis que Gillian Anderson et William B. Davis écrivent chacun un épisode qu’ils dédient à leur personnage. Les critiques commencent à mener la vie dure à la série, maintenant que celle-ci présente d’évidents signes de faiblesse et tente de soudoyer un pan du public en lui donnant le fan-service et l’approche shipperisante qu’il attendait. Le dernier épisode est tourné sans savoir si fermeture s’ensuivra ou non, et conçu pour pouvoir tenir son rôle dans les deux cas de figure.
5 Loners Incontournables de la Saison 7
Expérimentation controversée lors de sa diffusion, elle croise la série avec le show-documentaire et racoleur Cops. Mulder et Scully filmés par une caméra de télévision. Un épisode hors-normes.
Orison
Transfuge de MillenniuM juste après son annulation par la FOX, Chip Johannessen vient écrire ici la seule séquelle de loner plus aboutie que ne l’était son modèle. Diabolique à plus d’un titre.
The Goldberg Variation
C’est l’histoire légère d’un type qui a tellement de chance que tout se pète la gueule autour de ceux qui le fréquentent. Jeffrey Bell remet le couvert avec un sujet mignon et anti-x-filien.
Chimera
Du Desperate Housewives avant l’heure. Une petite banlieue résidentielle tranquille subit les attaques répétées d’une entité que Mulder choyé par les habitants pense être un corbeau.
Millennium
Mulder et Scully rencontrent le héros de MillenniuM dans ce crossover aux allures de Night Of The Living Dead. Un banal film de zombies en fin de compte, mais trop important pour être oublié.
SAISON 8 (2000-2001)
Tandis que débute parallèlement le spin-off The Lone Gunmen s’amorce une année très périlleuse pour X-Files, laquelle doit trouver le moyen de maintenir les spectateurs devant la série avant le retour de David Duchovny, présent dans seulement une moitié des épisodes. Afin de faire oublier temporairement l’acteur, Chris Carter – toujours au poste même à contre-coeur, engage l’excellent Robert Patrick pour faire équipe à l’écran avec Gillian Anderson ; suivra par la suite la moins remarquée Annabeth Gish. La Saison 8, voulue plus sombre et moins exhubérante que les deux années antérieures, a de fortes allures de production issue du monde des B-movies : plusieurs épisodes, à l’instar de l’homme de métal ou du savant se changeant en reptile, flirtent avec les meilleurs nanars de genre, pour un résultat oscillant entre spectacle geek et bêtise. La nouvelle phase de la mythologie ouverte cette année, à l’exécution souvent lamentable et dont les enjeux ne semblent plus concerner que les héros du show, contribuera également à ternir la réputation d’une série jadis prestigieuse. Manquerait plus qu’une Saison 9 pour que la trame se crashe dans le mur...
5 Loners Incontournables de la Saison 8
Pour son unique script de l’année, Vince Gilligan décide de renouer avec l’esprit de petit film d’horreur hebdomadaire que souhaitait incarner la série à ses débuts. Un peu gore comme il faut.
Patience
Scully et Doggett coopèrent pour la première fois sur une affaire de chauve-souris humanoïde enragée. Chris Carter annonce la teneur grand-guignol de la saison avec un scénario de série B.
Redrum
Une nouvelle variation autour du temps, au cours de laquelle le protagoniste vit son existence à l’envers. Malgré quelques raccourcis dans le traitement, Steven Maeda maîtrise son sujet.
Invocation
Un enfant disparaît avant de revenir dix ans plus tard, totalement inchangé. Simple, sans artifices ni même explications, un volet qui aurait parfaitement eu sa place dans les premières saisons.
The Gift
On pourrait résumer cet épisode très diversement apprécié de Frank Spotnitz à une histoire dans laquelle un monstre vomit, mais ce serait ignorer son exécution old-school qui en fait la victime.
SAISON 9 (2001-2002)
Et le départ de David Duchovny assassina les audiences de X-Files. Mais pas que. La Saison 9 est celle de l’effondrement létal de la mythologie, tombée dans le grotesque le plus achevé, le sentimentalisme niais et un tissu d’intrigues abracadabrantes dignes d’un téléfilm SF dominical. Si les loners se maintiennent à un niveau décent et que le pool de scénaristes essaie d’injecter du sang neuf à la mixture – en intégrant par exemple Thomas Schnauz de The Lone Gunmen, c’est globalement à un épuisement narratif de la série auquel on assiste, en même temps que nombre de spectateurs délaissent le show pour de bon après les attentats du World Trade Center. A mi-parcours, comprenant que les chiffres ne remonteront pas, Chris Carter négocie un agenda avec la FOX afin de mettre un terme à la série auquel il se dédia nuit et jour une décennie durant ; grâce à cette initiative en amont, les scénaristes sont en mesure de fermer le gros des sujets et de résoudre les quêtes personnelles des personnages avant le final. Ce dernier, un dyptique en forme de bilan de la mythologie, a ce mérite de boucler la boucle en reconvoquant l’acteur-vedette de la série pour l'ultime tour de patelin.
5 Loners Incontournables de la Saison 9
Annonçant de manière quasi-prophétique son futur Breaking Bad, situé au Mexique, cet épisode absolument immanquable de Vince Gilligan montre l’étendue du jeu d’acteur de Robert Patrick.
Hellbound
Coutumier des bons épisodes qui passent inaperçus, David Amann propose via ces massacres karmiques l’un des seuls synopsis (sinon le seul) à mettre en valeur le personnage de Reyes.
Audrey Pauley
Une histoire de NDE romantico-onirique, tout droit sortie de The Outer Limits et centrée sur la relation de Doggett et Reyes. Son tempérament mélancolique reflète la direction prise par la série.
Improbable
Pour son ultime loner avant conclusion, Chris Carter offre au truculent Burt Reynolds son rôle le plus atypique. Celui du manitou des (non-)coïncidences, dans un monde gouverné par la numérologie.
Scary Monsters
Un épisode de maison hantée un peu bordélique, aux effets spéciaux datés, mais en fin de compte plutôt rigolo, examinant en creux la différence d’approche de Mulder et de son successeur Doggett.
THE X-FILES : I WANT TO BELIEVE (2008)
Six ans après la fin de la série, profitant d’une grève des scénaristes de Hollywood pour fourguer leur projet, Chris Carter et Frank Spotnitz reviennent avec un deuxième long-métrage X-Files déconnecté de la mythologie principale. Production à modeste budget, I Want To Believe se situe en récit intimiste et consacre bien plus de pellicule aux relations de son couple de personnages qu’au récit paranormal sur la base duquel le film fut vendu au grand-public. L’accueil plutôt froid de la presse, partagée vis-à-vis de ce mélange de soap-opéra intello et de crime glauque tout droit sorti des années MillenniuM, sans parler du scepticisme de beaucoup de fans de la première heure, réduisirent fortement les chances d’un troisième film conclusif pour la mythologie.
AUTRES
THE LONE GUNMEN
Série spin-off de X-Files diffusée parallèlement à la Saison 8, elle fut annulée faute d’audiences au terme de sa première année – pour un total de treize épisodes. La Saison 9 de X-Files lui offre néanmoins une semi-conclusion. Consacrée comme son nom l’indique aux tribulations des trois théoriciens-journalistes marginaux et de leurs amis engagés dans la dénonciation quotidienne des complots gouvernementaux, informatiques, judiciaires ou industriels, elle est écrite par la même équipe que la série-mère, dans une veine globalement plus comique. Parmi les épisodes à ne pas manquer figure bien entendu le Pilote, au cours duquel le gouvernement américain lance un Boeing 737 sur les Tours Jumelles pour déclencher une guerre, épisode diffusé... en Mars 2001. Eine Kleine Frohike, en dépit de quelques effets de slapstick comedy grossiers, est un bon opus matiné d’espionnage. Et s’il ne fallait en garder qu’un, ce serait le fantastique Captain Toby, un épisode nostalgique sur les valeurs portées par les héros de l’enfance et les indélicatesses de la modernité.
MILLENNIUM
La seconde création de Chris Carter. Diffusée de 1996 à 1999, MillenniuM est une série indépendante de 67 épisodes, mais située dans la même temporalité que X-Files tout en présentant plusieurs thématiques mitoyennes. Réputée sombre, violente voire carrément déprimante, elle évoluera grandement chaque année pour former une série hétéroclite aux sujets et approches constamment mouvants - sa force et plus encore, sa faiblesse. A une première saison dominée par le crime-drama noir et les tueurs en série succède une année grandiose d'ésotérisme religieux et de symboliques en tous genres, dirigée par Glen Morgan et James Wong, et finalement une troisième cargaison bio-conspirationniste un peu moins inspirée. Série culte selon la définition exacte du terme, elle n'obtient la reconnaissance du public qu'après son annulation. En 1999, le personnage de Frank Black, campé par le génial Lance Henriksen, rencontre enfin Mulder et Scully dans un épisode de X-Files baptisé du nom de la petite soeur.
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THE X-FILES : THE GAME
Paru en 1997 sur PC et Playstation, il s’agit d’un point’n’click écrit par Chris Carter et Frank Spotnitz, tourné et photographié à la manière de la série. L’histoire, qui a trait à la mythologie, se situe au cours de la Saison 3 et fait intervenir la quasi-totalité des personnages du show. Guère compliqué pour un amateur de ce type de jeux, c’est en revanche un produit dérivé de qualité pour les fans.
THE X-FILES : RESIST OR SERVE
Sorti sur X-Box en 2005, c’est un third person shooter vraiment très médiocre, dont l’unique mérite est de bénéficier d’un doublage par le casting original et d’un scénario écrit par Thomas Schnauz, auteur sur la Saison 9. Ledit scénario, validé par Chris Carter, prend place durant la Saison 7.
ROMANS
En plus d’une trentaine de novélisations d’épisodes, plusieurs romans inédits et autorisés virent le jour au milieu des années 90 : Les Gobelins et Tornade (Charles L. Grant), Ground Zero, Ruines et Anticorps (Kevin J. Anderson), Peau (Ben Mezrich). Les deux long-métrages furent également remaniés sous la forme de romans de gare pour acheteurs occasionnels.
COMICS
La série The X-Files chez Topps a été publiée de 1995 à 1998 avec plusieurs hors-séries. La mini-série The X-Files Special chez Wildstorm a été éditée en 2008 et 2009 avec la participation au scénario de Frank Spotnitz. La collection The X-Files : Saison 10, sur laquelle Chris Carter est consultant, est parue chez IDW en 2013 et 2014 accompagnée d’une poignée de numéros spéciaux et d’un bref spin-off. The X-Files : Saison 11 débutera courant 2016.
TO BE CONTINUED.