Tetho a écrit:En soit quand tu as une hémorragie tu commence par poser un garrot et ensuite tu agit sur les causes de la blessure.
Si le garrot se veut être la métaphore des actions de court terme, il va falloir faire l’aveu de notre plus totale impuissance à empêcher les éléments déjà radicalisés à orchestrer des bains de sang. Mettez-vous à la place d’un mec prêt à crever pour semer la terreur : quand tu te fous de ton propre sort, état d’urgence ou pas, c’est presque trop facile. Pas besoin d’être un génie pour faire des dégâts, il suffit de ne plus tenir à la vie. Ou en tout cas, plus à celle-ci, quand on est persuadé qu’une autre existence nous attend.
Je suis quand même très perplexe quand je lis les indignations post-attentats de Nice, surtout quand les questions se focalisent sur ce qui a rendu « possible » la présence d’un poids lourd en marge d’un rassemblement public de cette taille. Si on en est à penser la sécurité comme quelque chose qui ne peut faillir en rien, alors il faut basculer dans une société où les effectifs policiers et militaires sont à multiplier par 10 et définitivement verser dans un climat de guerre civile. Aujourd’hui, personne ne veut de ça, et heureusement.
L’état d’urgence n’a même pas l’efficacité d’un garrot et surtout, il contribue à maintenir un désordre politique, une atmosphère anxiogène et socialement clivante, dont se nourrit justement le terrorisme. Je ne pense pas pour autant qu’il faille faire comme si de rien n’était, on n’a effectivement plus trop le choix quand un attentat éclate en moyenne tous les 6 mois sur le territoire.
Mais je reste persuadé que l’urgence, la vraie, réside dans les actions de long terme. Celles qui nécessitent d’agir aujourd’hui pour que cela cesse – ou à tout le moins que ça se calme – demain. C’est souvent difficile à entendre quand les conséquences se conjuguent au présent, mais la première chose à faire serait de démilitariser le conflit au Proche/Moyen Orient pour le repolitiser, mais on s’obstine à faire le contraire. Ça passe par retrouver de la lisibilité et de la cohérence, 2015 marquant me semble-t-il un triste "record" de ventes d'armes, avec les honteuses contradictions que ça sous-tend.