de Gemini le Dim 24 Juil 2016, 21:46
Rapport du front avec mes découvertes de la semaine :
Le Sens du Devoir : Film policier/action hongkongais des années 80, avec Michelle Yeoh et Hiroyuki Sanada (le héros de San Ku Kai). Une Michelle Yeoh qui nous prouve avoir un bon petit niveau en arts martiaux, notamment lors d'une première scène se déroulant à Shibuya. L'histoire de trois passagers d'un avion - dont nos deux héros - amenés par la force des choses à coopérer pour empêcher l'évasion d'un criminel lors de son transfert par avion. Célébrés comme des héros, ils n'imaginaient qu'ils s'attireraient les foudres des anciens compagnons du criminel en question, mort lors de l'opération. Après une première scène destinée à mettre l'héroïne en valeur de fort belle façon, le scénario met du temps à démarrer, plombé notamment par un troisième larron absolument horripilant, un des personnages les plus lourds que j'ai pu voir au cinéma. Il faut attendre qu'il sombre dans l'horreur et la cruauté absolues pour devenir réellement captivant, mais aussi effroyablement glaçant. J'en suis ressorti retourné, ce qui compense les faiblesses du début.
Le Sens du Devoir II : Rien à voir avec le premier, sinon la présence de Michelle Yeoh et la nationalité du métrage. D'ailleurs, il est sorti un an auparavant, et n'a été nommé ainsi que pour profiter du petit succès du précédent. Cette fois, c'est Corey Yuen qui se retrouve derrière la caméra, et je rejoins Karim Debbache sur un point : il sait mieux chorégraphier les combats que les filmer, d'où une légère frustration. Là encore, une entame impressionnante pour Michelle Yeoh, pour une suite moins mémorable. Le souci, c'est l'écriture, le film semble suivre deux histoires parallèles : d'un côté, Michelle Yeoh obligée de faire équipe avec une gweilo insupportable - avec une relation qui doit aboutir sur de l'amitié, mais très mal développée - pour résoudre une enquête, et de l'autre, les déboires de trois petits malfrats portant les doux noms de Strepsil, Panadol, et Aspirin. Panadol est interprété par Tsui Hark, et leur maitre par Sammo Hung ; ce-dernier étant à la fois le producteur et le "frère" de Corey Yuen, ce qui explique probablement cela. La partie consacrée aux malfrats, avant tout à portée humoristique, est celle qui fonctionne le mieux malgré ses relents dramatiques, et dispose même de quelques affrontements bien fichus, l'appartement de Panadol se présentant comme un joyeux bazar offrant les possibilités les plus folles en terme de mise en scène. Et Tsui Hark y développe un vrai registre comique. Tandis que Michelle Yeoh et sa coéquipière n'apportent pas grand chose, alors qu'elles sont censées être les héroïnes. Le résultat s'avère donc en demi-teinte, malgré un final inattendu.
I Love Maria : Hommage de Tsui Hark (cette fois réalisateur et acteur) au Metropolis de Fritz Lang, mais en mode comédie d'action hongkongaise. Un groupe criminel attaque les banques avec un robot en forme de zaku, avec pour but final de prendre le contrôle de Hong-Kong. Un ancien membre du groupe se lie d'amitié avec un concepteur d'armes de la police, ce qui leur vaut d'être pourchassés par tous les camps en même temps, y compris par Maria, robot auquel furent attribués les formes et le visage de la chef des criminels. Mais après l'avoir neutralisée, nos deux branquignoles se retrouvent à devoir réparer et reprogrammer Maria pour en faire une alliée. Vous avez tout saisi ? Sinon, ce n'est pas grave. I Love Maria est un film drôle et foutraque, rempli à ras-bord de bonne humeur, d'action, et d'esprit des années 80, avec quelques effets spéciaux plutôt convaincants pour un film qui ne semble vraiment pas disposer d'un budget digne de ce nom. Cela ne va pas plus loin, mais j'ai passé un excellent moment, en particulier grâce à une fin explosive.
Holy Flame of the Martial World : Approuvé par Ialda, qui l'a décrit comme du Ranma 1/2 en prises de vue réelles pendant 90 minutes. Dans les années 80, la mythique Shaw Bros vit ses dernières heures, après une décennie qui aura vu l'émergence de la Golden Harvest, et alors que le studio ne se trouve plus du tout en phase avec les goûts du public HK, désormais plus porté sur les comédies d'action et les polars ; parmi lesquels ceux d'un ancien de la maison nommé John Woo. Suite au succès du Zu de Tsui Hark, la Shaw Bros essaye d'exploiter cette nouvelle tendance en employant son savoir-faire maison, pour un résultat qui parait complètement anachronique, les acteurs étant habillés et coiffés comme à la grande époque du wu xia pian, évoluant dans des décors en carton pâte, mais pour raconter des histoires de techniques ancestrales délirantes et d'armes surpuissantes de la mort qui tue, le tout baignant dans des couleurs dignes d'un chef opérateur défoncé aux films de Mario Bava. Et c'est incroyable. Personnages qui n'ont jamais été aussi fous, puissants, et hauts en couleur, scénario bordélique au possible, coups spéciaux très imaginatifs à base d'effets partant dans tous les sens et de rires maléfiques, le film a dix ans d'avance sur la vague de wu xia fantastique qui va plus tard déferler sur Hong-Kong, tout en paraissant étrangement daté. Magique.
Buddha's Palm : Comme le précédent, mais en moins bon. Produit par la même firme, pour les mêmes raisons, mais apparemment pour un succès à peine meilleur. Même si les personnages sont tout-aussi survoltés et accrocheurs, et les techniques toujours aussi farfelues, Buddha's Palm souffre d'un scénario indigeste. Et pour cause, il s'agit d'une adaptation de BD dont le film essaye de reprendre l'intrigue, la condensant au maximum, pour un résultat beaucoup trop riches en péripéties et en retournements de situation pour être digeste. Dans un sens, cela fait partie de son charme, mais cela reste beaucoup trop expéditif. En comparaison, Holy Flame of the Martial World s'avère plus agréable à regarder. Mais cela n'en demeure pas moins suffisamment surréaliste pour mériter le détour.
Gonflés à Bloc : Cherchez l'erreur. Seul film non asiatique de cette sélection, c'est aussi le moins bon. J'avais pourtant de bons espoirs. Il se situe dans la même veine que l'excellent Those Magnificent Men in Their Flying Machines or How I Flew from London to Paris in 25 hours 11 minutes , farce de 2 heures 20 réalisée par Ken Annakin narrant une course d'avions alors que l'aéronautique se trouve encore à ses balbutiements. Le tout avec un casting prestigieux et beaucoup d'humour. Nous retrouvons le réalisateur, nous retrouvons un casting étoffé - Tony Curtis, Bourvil, Mireille Darc, Gert Fröbe, Terry-Thomas - mais cette fois pour le rallye de Monte-Carlo, avec des protagonistes aussi farfelus qu'un officier britannique inventeur, un trafiquant allemand, et un aristocrate tricheur. Là où Those Magnificient Men in their Flying Machines prenait le temps de développer les personnages et leurs rivalités, cela s'avère impossible ici puisqu'ils ne se croisent que tard dans le film ; le principe de la course étant de suivre plusieurs itinéraires différents, qui doivent se rejoindre à un certain point. Ce développement en parallèle plombe le rythme et empêche de s'attacher aux personnages, puisque nous jonglons sans cesse de l'un à l'autre. Surtout, c'est moins drôle, le tournage en studio et l'incrustation sont une catastrophe, et nous passerons sur un Mireille Darc qui tombe amoureuse de son violeur. Je sauverais le personnage de Terry-Thomas, cela n'ira guère plus loin. Sur le même thème, nous préférerons La Grande autour du Monde de Blake Edwards, avec le même Tony Curtis (et ce n'est certainement pas une coïncidence).
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Gemini le Dim 24 Juil 2016, 21:54, édité 1 fois.