de Gemini le Sam 30 Mai 2015, 14:45
Cela fait maintenant un peu plus d'un an que je vis en Angleterre, pays oublié de Dieu. Si, quand tu vois des églises transformées en pub, servant des sandwichs brie-confiture que - comble de l'horreur - les autochtones pensent être une spécialité française, tu te dis que Dieu a foutu le camp depuis longtemps. Bref : j'habite là depuis plus d'un an, et je décide d'enfin me confronter à un de mes ennemis : le film en VO sans sous-titres !
Je l'admets, je n'ai jamais été très doué en langue. Ou, du moins, je possède tout le vocabulaire nécessaire, mais souffre d'un problème avec les accents, et présente des difficultés à différencier certains sons. Même en Français, il m'arrive de demander à mon interlocuteur de répéter un mot que je n'ai pas compris, alors en Anglais, pensez donc. Mais à force d'entrainement, je me débrouille. Ce qui me permet de retourner au cinéma. En France, j'étais un spectateur assidu, alors qu'ici, je n'y étais allé que deux fois en tout et pour tout : la première pour Rainbow Rocks avec des amis, la seconde pour Jupiter's Ascending, mais il s'agissait d'un acte militant. En fait, depuis que j'ai déménagé, j'ai vu plus de films en salles en France qu'ici.
Il faut dire aussi, pour ma défense, qu'une place de cinéma en Angleterre coute cher. Plus qu'en France. Payer ce prix tout en doutant d'être capable de tout comprendre, cela fait un peu mal au fondement. Mais là, c'est bon, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes, et de retourner au cinéma. Juste au cas où, j'ai préféré recommencer avec un métrage que j'estimais ne pas avoir trop de mal à saisir : San Andreas. San Fransisco, The Rock, de la catastrophe, impossible de se tromper. En plus, j'étais seul dans la salle, le pied.
Or, justement, c'est typiquement le genre de film qu'il faut voir en connaissance de cause, sous peine de râler à la sortie de la salle. Nous sommes clairement dans de l'inspiration Roland Emmerich, absolument rien ne manque : des scènes de destruction grandioses, l'importance de la cellule familiale, des connards de riches que tu espères voir crever, le grand amour qui nait en plein chaos, l'héroïsme, et le plan final (spoil) sur le drapeau américain. Avec en bonus un Dwayne Johnson toujours aussi badass, ici en pilote d'hélicoptère. Si cela ne vous parle pas, vous pouvez arrêter ici votre lecture.
Pour ma part, il s'agit d'un style que j'apprécie. Et San Andreas ne s'est pas contenté de combler mes attentes : il les a dépassé.
Au début, j'avoue pourtant avoir été décontenancé. En effet, la première séquence à nécessiter des effets spéciaux ne montrait pas une gestion très heureuse de ceux-ci. Et pour un film qui ne pouvait tenir que sur ses effets, cela s'annonçait mal. Heureusement, il s'agissait de la seule scène de cet acabit : la suite se montre d'un tout autre niveau, multipliant les cataclysmes grandioses et les vues incroyables sur leurs conséquences.
Le déroulé, c'est du très classique. Le héros est en instance de divorce, mais dès que le grabuge commence, il s'empresse d'aller sauver sa futur ex-femme et sa fille. En parallèle, nous suivons un groupe de sismologues, dans la mesure où Dwayne Johnson n'avait pas le physique de l'emploi. Pour le reste, ce sera l'escalade dans la destruction, les répliques de tremblements de terre, le carnage, les petits vieux touchants qui s'embrassent avant de mourir, avec ce qu'il faut d'actions incroyables autant que hautement improbables (la scène en bateau). Et pour une fois, ce n'est pas sur New York que ça tombe ! Heureusement que la faille de San Andreas se trouve en Californie.
Le scénario n'est pas exempt de quelques incohérences et d'absurdités scientifiques, mais a parfaitement assimilé les rouages du genre qu'il se propose d'émuler, se proposant même d'inclure quelques moments plutôt intelligents pour un film catastrophe. La réalisation fait le boulot et le fait bien, usant et abusant des plans aériens - logique, le héros est pilote d'hélicoptère - ce n'est pas du Roland Emmerich mais nous nous en approchons. C'est un compliment. Evidemment, à l'instar d'un Pacific Rim, c'est à voir sur grand écran pour ressentir toute la puissance ce qui se déroule à l'écran. En tout cas, j'ai passé un excellent moment.