[anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

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Gemini
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[anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Gemini le Dim 30 Juil 2017, 19:06

Au moment où j'allais partager mon avis sur la série, je m'aperçois qu'il n'existe pas de sujet à son nom. Donc je corrige cet oubli, même si bientôt 3 ans après sa diffusion, je doute qu'il fasse recette. Bon, je dis ça, mais ce forum regorge de sujets ouverts sur des animes bien plus anciens.



Studio : P.A. Works
Réalisateur : Tsutomu Mizushima
Scénariste : Michiko Yokote
Année : 2014
Durée : 24 x 25 minutes

Lorsqu'elles étaient lycéennes, cinq amies se sont promis d'intégrer l'univers de l'animation japonaise, avec pour objectif de travailler ensemble sur un projet commun. Quelques années plus tard, deux d'entre elles ont été engagées par Musashino Animation, studio à la gloire passée produisant sa première série en sept ans.

J'avais entendu parler de cette série comme d'un documentaire sur l'animation japonaise, reproduisant fidèlement les étapes majeures de la création d'une série d'animation. Autant dire que les premières minutes m'ont surpris, dans la mesure où elles donnent l'impression que cette découverte de l'animation se fera à travers un club lycéen, suivant un schéma vu et revu. Heureusement, il n'en est rien : nos héroïnes ne mettent que quelques minutes à obtenir leur diplôme, et une ellipse plus tard, nous retrouvons le personnage principal, Aoi, chargée de production au sein de Musashino Animation. Il s'agit donc d'une série suivant des protagonistes adultes, avec des préoccupations d'adulte (hormis l'absence quasi-totale de relations sentimentales), ce qui fait du bien.

Chacune des cinq héroïnes représente un secteur de l'animation japonaise dans lequel elles officient (ou rêvent d'intégrer) : la production, l'animation, la 3D CGI, le scénario, et - évidemment - le doublage. Si chacune d'entre elles, ainsi que les nombreux et mémorables rôles secondaires, aura droit à ses moments, le personnage central reste Aoi, dans la mesure où son poste consiste à coordonner le travail de chaque département. Je crois que le mot qu'elle répète le plus de fois dans cet anime est "désolé", ce qui me fait penser à cette anecdote du livre Notenki Memoirs (que j'aimerais bien lire mais est introuvable à prix décent) : dans l'animation japonaise, il existe des personnes dont l'unique fonction consiste à s'excuser tout le temps :lol:

Shirobako mélange deux aspects : d'un côté la vie quotidienne des personnages, avec nos héroïnes à la poursuite de leurs rêves, de l'autre une plongée réaliste dans la création d'anime pour la télévision japonaise. Bon, je suppose que certains aspects ont été édulcorés (aucun animateur ne meurt d'épuisement malgré les délais complètement délirants) et d'autres m'ont paru à peine traités, comme les intervalles. Mais cela n'en demeure pas moins passionnant, avec énormément de fonctions et détails auxquels nous ne pensons pas forcément lorsque nous regardons un anime. Aoi le résume très bien à la fin, lorsqu'elle avoue qu'elle n'avait pas réalisé combien de personnes avaient travaillé sur la série qu'ils viennent de terminer.

Les auteurs de Shirobako se sont amusés à multiplier les parallèles et les références à des studios et des professionnels existants, créant une sorte de jeu avec les spectateurs. Le studio Musashino Animation, né des cendres de Musashino Production, incarne les nombreux studios créés après la disparition de Mushi Production ; néanmoins, il s'agit sans doute avant tout du studio Madhouse, dans la mesure où son directeur Masato Marukawa rappelle quand même beaucoup Masao Muriyama. Le réalisateur Seiichi Kinoshita rappelle Seiji Mizushima, Hideaki Anno vient faire coucou sous les traits de Mitsuaki Kanno, Masahiro Okura ressemble à Hiromasa Ogura, et il sera même question de "Kitano Circus" :lol: Cela vaut aussi pour les animes, même si celui sur lequel travaillent les personnages dans la seconde moitié fait immédiatement penser à Girls und Panzer de Tsutomu Mizushima. De là à y voir une métaphore de son expérience sur la série (avec apparemment des relations difficiles avec l'éditeur) ? En tout cas, il semble avoir quelques griefs envers le réalisateur de Genshiken :lol:

Néanmoins, en conciliant cette plongée au sein d'un studio d'animation avec des personnages immédiatement attachants et de véritables enjeux, P.A. Works aboutit à un anime non seulement instructif mais aussi (surtout ?) réellement plaisant à suivre. Deux excellentes raisons pour découvrir la série.


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Tetho
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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Tetho le Dim 30 Juil 2017, 23:00

Je crois que la première qualité de la série n'est pas tant de parler de la création d'animation japonaise, c'est ni la première, ni la dernière, que d'être un véritable workplace drama. Si on observe bien ce genre de série la plupart du temps les enjeux ne naissent pas tant du travail, utilisé comme cadre et générateur d'intrigues, que des personnages, leurs vies, leurs caractères et leurs manies. Ici rien de celà, on a bien un passage avec la déprime d'Aoi et sa frangine qui passe lui remonter le moral, on a bien Tarô, mais dans la quasi totalité de la série les enjeux c'est "t'as une deadline non négociable, t'es une pro, démerde toi pour livrer l'épisode à temps". A tel point que quand des personnages comme Honda, Ochiai ou Yano quittent le studio, ils quittent la série par la même occasion. On ne suivra pas la reconversion de Honda ou la façon dont Yano va gérer la maladie de son père.
Et en ça elle est se détache au sein de l'animation japonaise, et même plus généralement des séries TV tout court. Elle aurait pu parler du marché du poisson à Tsukiji, avec le même traitement elle aurait été aussi passionnante. (mais probablement moins attirantes que "5 filles mignones bossent dans l'animation")

D'autant que bon même si la plupart des personnages se comportent comme de grands gamins, elle traite aussi un peu des problèmes rencontrés par les gens qui y travaillent. Quand elle est stressée Aoi hallucine que Roro et Mimuji lui parlent, Honda se porte bien mieux une fois qu'il va bosser en pâtisserie et Shizuka peine à trouver du travail en tant que comédienne de doublage.
Un mangaka avait tweeté ça après avoir discuté avec des gens bossant dans un studio d'animation : "Les problèmes rencontrés dans cette série sont bien réelles, mais le fait que ça se règle aussi facilement ça c'est de la fiction."

Mais à mes yeux le fait que les gens qui travaillent ou ont travaillé au Japon disent presque tous que c'est un tableau réaliste, bien qu'un peu idéalisé, des conditions de travail là bas est sa plus belle réussite.
Au sein de la série "les femmes et le travail" de P.A Works ça la place un peu à part des deux autres, celle qui arrive à parler du monde du travail justement.

Gemini a écrit:Notenki Memoirs (que j'aimerais bien lire mais est introuvable à prix décent)

Ici. Il y a quelques années il y avait une version pdf mais elle semble avoir été retirée, il faudra que tu sauvegarde manuellement la page.
L'avantage de cette page est que son auteur continue de la mettre à jour et à corriger et pointer, via ses propres notes, certaines erreurs du livre ou des contradiction avec des déclarations publiques des personnes impliquées. En ça elle est plus complète que le livre lui-même.


Gemini a écrit:. Le studio Musashino Animation, né des cendres de Musashino Production, incarne sans doute les nombreux studios créés après la disparition de Mushi Production ; néanmoins, il s'agit sans doute avant tout du studio Madhouse, dans la mesure où son directeur Masato Marukawa rappelle quand même beaucoup Masao Muriyama.
C'est Nippon Animation, ils ont réalisé les Sekai Meisaku, mais pas les tout premiers, et la résurrection mime celle de la refondation de Zuiyo Eizo en Nippon Animation.

Gemini a écrit: Cela vaut aussi pour les animes, même si celui sur lequel travaillent les personnages dans la seconde moitié fait immédiatement penser à Girls und Panzer de Tsutomu Mizushima.
C'est Strike Witches : les avions et l'invasion extra-terrestre pointent vers lui, ainsi que le fait que Takeshi Nogami avait réalisé les fameux dôjinshis des Witches of Africa (mais il a aussi bossé sur Garupan par la suite).
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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Ialda le Dim 30 Juil 2017, 23:08

C'est presque dommage en fait de ne pas avoir eu de série aussi complète sur le sujet avant celle-là, malgré les prototypes que tout le monde connait (Golden Boy ep 6, Animation Runner, etc)

Tetho a écrit:Si on observe bien ce genre de série la plupart du temps les enjeux ne naissent pas tant du travail, utilisé comme cadre et générateur d'intrigues, que des personnages, leurs vies, leurs caractères et leurs manies. Ici rien de celà, on a bien un passage avec la déprime d'Aoi et sa frangine qui passe lui remonter le moral, on a bien Tarô, mais dans la quasi totalité de la série les enjeux c'est "t'as une deadline non négociable, t'es une pro, démerde toi pour livrer l'épisode à temps". A tel point que quand des personnages comme Honda, Ochiai ou Yano quittent le studio, ils quittent la série par la même occasion. On ne suivra pas la reconversion de Honda ou la façon dont Yano va gérer la maladie de son père.


C'est l'aspect un peu trop documentaire de la série à mon goût aussi, et qui fait que trois ans après je suis incapable de citer enjeux comme péripéties mises en scène dans la série.

PA Works a, me semble-t'il, pas vraiment réussi à corriger le tir dans son autre série à base de les protag sont un groupe de nana compétentes, non érotisés et romantisées, Sakura Quest, sur un sujet que je n'attendais absolument pas de voir traité par de l'animation japonaise (la désertification des campagnes). Des séries à suivre plus pour leur sujet que pour l'intrigue, donc.

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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Tetho le Dim 30 Juil 2017, 23:20

Les enjeux sont, à mes yeux, simples : Livrer. Les. Épisodes. À. L'heure.
Ensuite de ça t'as tous les enjeux secondaires : trouver du staff, les faire bosser selon les plannings, gérer les imprévus, s'excuser à la place de Tarô...


Mon principale reproche à la série serait, à mes yeux, de ne pas traiter l'animation japonaise comme une culture. L'épisode sur Ideon Idepon avec ses deux animateurs qui ne peuvent se pifer qui finissent par se réconcilier parce qu'ils ont quelque chose en commun autour de cette série était vraiment super. Mais ça sera vraiment tout. Miyamori est bien fan de son Sekai Meisaku, mais j'ai toujours eu un peu de mal avec, surtout la façon dont elle l'exprime. Ça m'a toujours semblé très léger comme motivation pour bosser dans une industrie qui va la tuer à petit feu.

Et puis il y a aussi le fait que les séries sur lesquelles Musani bossent m'ont apparus comme médiocres. Quand Kinoshita fait réécrire la fin d'Exodus! et dit "les fausses accusations ça n'a jamais été le vrai sujet de la série !" tu vois le naufrage avoir lieu en temps réel. Et les deux OVA produites plus tard, même en mettant de coté la réal cheap, m'ont prouvé que leur contenu n'était pas très intéressant.
C'est un peu frustrant de voir ces personnages se donner à fond sur ce qui au final ne peut apparaitre que comme des séries bonnes à être jetées.
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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Gemini le Dim 30 Juil 2017, 23:21

Merci pour Notenki Memoirs, je vais lire ça.

Je suis d'accord que la série parle avant tout de l'univers du travail et aurait pu aborder n'importe quel autre thème. Après celui-ci possède un attrait particulier et il s'agit d'une plongée dans l'envers du décor que nous ne voyons pas souvent. Parmi les thèmes manquants, je citerai quand même la rémunération : il y a bien une réflexion sur le fait que les animateurs doivent continuer à travailler encore plusieurs dizaines d'années sans s'arrêter, mais à part ça, la plupart des personnages semblent vivre dans un relatif confort (et aucun ne vit chez ses parents).

Je suis aussi d'accord pour dire qu'il est peu probable que je regarde les deux séries produites par Musani :lol:

Musashino Animation parait effectivement avoir bénéficié du contrat avec Calpis pour les WMT, mais cela reste un gros mélange de nombreux studios historiques : Andes Chucky est un pastiche de Gamba no Bôken (Tokyo Movie), lequel n'appartient pas aux WMT, tandis que nous voyons dans les locaux des affiches de Konchu Monogatari Minashigo Hutch (Tatsunoko), Pinocchio (la version de Nippon Animaiton mais produite hors WMT), Sennen Jo (Toei Animation), Hana no Ko Lunlun (idem)... Je n'ai pas tout noté, il faudrait revoir la série pour repérer toutes les références.

Tu mentionnes deux autres séries du studio sur les femmes au travail. Ce sont lesquelles ? Elles valent le coup ?
Dernière édition par Gemini le Dim 30 Juil 2017, 23:29, édité 1 fois.

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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Tetho le Dim 30 Juil 2017, 23:29

C'est Hanasaku Iroha et Sakura Quest. La première ne vaut pas la peine à mes yeux, le traitement du travail est assez risible même si rétrospectivement je réalise avoir pas mal apprécié le traitement des relations mères-filles (avoir été écrit par une femme a peut-être aidé), la seconde est en cours, j'ai vu deux épisodes et m'en suis un peu désintéressée, c'était pas passionnant mais il faut que je reprenne.
P.A. présente ça comme une série mais en soit le seul staff que l'on retrouve de l'une à l'autre c'est le staff animation. Toute la partie réalisateur, scénariste & co change à chaque fois. Ce qui fait que c'est vraiment très vaguement lié et que les séries ne se ressemblent vraiment pas.
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Re: [anime] Shirobako : elles travaillent dans l'animation

Messagede Gemini le Dim 30 Juil 2017, 23:31

Mouais, je jetterai peut-être un coup d’œil à Sakura Quest. Merci.



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