LOU ET L'ÎLE AUX SIRENES
Réalisation : Masaaki Yuasa
Scénario : Reiko Yoshida et Masaaki Yuasa
Direction Animation : Nobutake Ito
Studio : Science SARU
Kai, un collégien assez solitaire, quitte Tokyo pour habiter un petit village de pêcheurs. Pour passer le temps, il compose de la musique électronique sur son ordinateur puis rejoint un peu à contre-coeur le groupe formé par ses deux camarades de lycée, Yûho et Kunio. Il accepte d'aller répéter avec eux sur une île mystérieuse. C’est alors que sa vie monotone bascule quand, grâce à sa musique, il rencontre en secret Lou, une sirène qui devient son amie...
Cristal d'Annecy 2017.
Pour son premier long format original, Masaaki Yuasa tente un métrage à mi-parcours entre le Ponyo de Miyazaki et le E.T. de Spielberg, aux idées presque tezukiennes, formellement intouchable et réhaussé de quelques-unes de ses fantaisies graphiques signature (distorsions, effets superflat, une animation flash hétérodoxe et même une remarquable séquence ""dansée"" construite comme un hommage à Tex Avery). Très musical, jamais dans l’excès de delirium pressenti même si les gloussements aigus de circonstance répondent présent, le film bénéficie d’un rythme plutôt satisfaisant compte tenu de son histoire assez plane, presque banale, sans prétention au bon sens du terme. Etonnamment sage, le design à la Summer With Coo n'en demeure pas moins plaisant et la petite cité portuaire honnêtement rendue ; la versatilité des techniques apporte la touche d'inattendu dans la marmite. Résumé comme ça il n’y aurait que des compliments à formuler à l’égard de cette livraison très bien troussée. Sauf qu’elle pâtit à la fin d’une résolution sentimentale assez confuse, laquelle finit par tailler quelques tranches dans l’enthousiasme en vigueur ; dit rapidement, un certain embarras s’installe après qu'une scène de "déclaration" à se tenir la tempe (merci Reiko Yoshida) termine de nous présenter l’affection du personnage principal (un ado pas très défini dont le comportement est celui d'un lycéen, plus que d'un collégien) pour la sirène-poisson lolita comme étant plus que cela. En imposant au public d'en prendre acte là où il aurait pu être un récit sur l’émerveillement, le film s’en va cultiver une superfétatoire ambiguité. Lou Et L’île Aux Sirènes, orné de tous les atouts pour devenir un excellent produit familial, fréquemment charmant, avait bien les qualités requises mais laisse le spectateur composer avec un doute qui pèse légèrement sur l'appréciation finale.