Histoire, scénario, production, montage, musique et réalisation : IWAI Shunji
(ça c'est du pavé staff vite rempli)
Distribution :
Hana : Suzuki Anne
Alice : Aoi Yû
Bon avant de commencer un peu de contextualisation s'impose.
A l'origine Hana & Alice c'est une série de 4 courts métrages produits par Iwai pour les 30 ans au Japon de Kit-Kat (oui la barre chocolatée, d'où sa présence dans toutes les incarnations suivantes).
Pour les curieux :
Ces courts-métrages ont du succès et Iwai décide d'en tirer un film. Mais pas genre une histoire originale avec ces persos et tout, non. Il va remonter autant que possible les court métrages et construire autour une histoire. Ce qui accouche d'un film de deux heurs et quart qui en plus d'être assez pauvre techniquement et de souffrir d'une direction d'acteurs inexistante possède des scènes qui semblent inutiles ou en décalage avec son histoire. Sans parler du cœur du récit qui est trop artificiel pour être gobé.
C'est un film qui par aucun critère académique ne peut être qualifié de bon, même celui de l'expérimental, mais il a quelques fulgurances et capture assez bien l'adolescence sous un regard cinématographique que je qualifierais de faux-réalisme. Si vous aimez ce genre de récit, et seulement si, intéressez -vous à lui.
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Puis plus de 10 ans plus tard Iwai s'est décidé a réaliser le prologue à Hana & Alice. Mais se heurtant visiblement au problème de l'age de ses deux actrices, décide de se tourner vers l'animation. En filmant le film en prises de vues réelles, puis en rotoscopant ou en animant en 3D ses prises pour obtenir un film d'animation où ses actrices de 30 ans retrouvent leurs jeunesses.
Suite au divorce de ses parents Arisugawa Tetsuko, dite "Alice", déménage à Kamakura avec sa mère. Dans son nouveau collège elle va être victime de brimade de la part d'une camarade qui prétend parler aux démons avant de découvrir que l'année précédante un certain "Juda" aurait été tué par ses quatre femmes, et que la fille de sa voisine, Hana, qui vit recluse dans sa chambre depuis, était l'une d'entre elles.
Ensemble Hana se décide alors de faire lumière sur le sort de Juda.
Et tout de suite on voit le vrai problème du film :
Ça + la 3D. Rien ne nous sera épargné pour nos pêchers.
Je pense qu'on ne peut allez plus loin dans la négation de toute direction artistique en animation. D'un coté la rotoscopie donne des personnages qui bougent de façon étrange et ont des visages qui ne ressemblent à rien, de l'autre la 3D donne des mouvements robotiques et des visages sans âmes.
Ho et les décors sont des photos retouchées sous photoshop pour leur donner un rendu pastel "à la Shinkai" mais qui dans les faits est juste dégeux.
On tient là aisément l'anime le plus moche depuis Les Fleurs du Mal, autre victime de la rotoscopie tombé au champ d'honneur.
Et c'est bien dommage, car si on fait abstraction de sa plastique ce film est une chronique adolescente bien plus réussie que le film original. Le récit est plus maitrisé et cohérent, malgré quelques élément qui reviennent qui ne sont pas expliqués comme la présence d'un personnage handicapée mentale, et le montage fait sens cette fois. On peut reprocher de mettre du temps à démarrer, défaut qui s'explique par le fait qu'il y ait en réalité deux films en un, celui de l'intégration d'Alice dans son nouveau collège, puis l'enquête sur la mort de Juda. Mais malgré ça le film est rondement mené et restitue à merveille une fois de plus l'ambiance de l'adolescence. La film passe très vite des rires aux larmes puis l'apaisement sans pour autant sembler passer du coq à l'âne. En ça c'est la digne suite (ou préquelle) de son prédécesseur.
Donc si vous êtes partants pour un film au ton juste sur adolescence et ses tourments, allez voir kokoro ga sakebitagatterunda, vous ne le regretterez pas. (en plus le film utilise le rotoscope de façon pertinente lui)
Et une fois que c'est fait allez voir Hana & Alice mènent l'enquête tant qu'il est en salle. Puis si ça vous plait laissez vous tenter par son incarnation en prise de vues réelles.
Bonus via le camarade Jehros :
Le mec méprise clairement en partie l'animation, et plus généralement la connais assez mal. Mais l'interview éclaire certains de ses choix de réalisation.