J’ai rattrappé mon retard jusqu’à l’Episode 23.
C’était pas la peine. Spoilers ci-dessous etc.
Malgré des débuts engageants, cette série était en réalité un fatras décousu frappé du sceau de l’amateurisme. Le scénariste de ce brouillon avait tout juste les skills requis pour écrire une scène de gang-bang dans un porno lituanien mais nous aura infligé ses indolentes divagations pendant bientôt vingt-six semaines. Peut-être un jour comprendra-t-on ce que Netflix est venu faire dans cette galère.
Le récit (si l’on peut dire) est vain sur à peu près tous les plans : les motivations des méchants étaient aussi profondes que celles de Minus et Cortex, les relations de l’héroïne et de ses parents n’ont amené nulle part et l’on ne croit jamais au pitch du Démon-Alien qui résiste seul depuis 450 ans. Rien ne va jamais à terme dans cet anime, y compris la plot-line des personnages rapatriés dans leur pays, teasée pendant sept fois vingt minutes que j’aurais mieux utilisées en lisant la biographie de Plastic Bertrand, et qui n’a eu ni lieu ni produit un quelconque effet sur le déroulement. Le jemenfoutisme est de mise, en attestent les doujin-vidéos que l’on tourne la veille de la fin du monde ou ce centre de l'ONU dont on s'évade dix fois par jour et qui parle sans sourciller de Samouraïs, de Démons et de Princesses.
Au bout de quelques épisodes, le Kennosuke qui avait de rares instants vaguement comiques entre ses crises est astreint à deux phrases en tout et pour tout, qu’il répètera jusqu’à plus-soif – Je vais te protéger et Yuki-hime. Qu’il soit un samouraï ne comptera jamais vraiment dans l’anime, mais faut avouer qu’entre les aliens à cornes et les filles de la haute société clonées ça n’est même plus un signe distinctif. Yukina est absente et molle, consacre le gros de ses apparitions à être kidnappée, et l’on se demande bien en quoi sa caractérisation correspond à quelqu’un dont le rêve est d’aller sur Mars. Le personnel tactique ou les ingénieurs de la base ont une ligne chacun.
Le cliché ambulant qui traîne tout le monde en séance de shooting cosplay puis au onsen est une plaie ouverte, un Montoire narratif qui suinte la capitulation par les trous de nez. Plus généralement, c’est l’ensemble des camarades de classe de l’héroïne qui n’ont pas de raison valable d’être là, n’ayant aucun rôle à tenir dans la progression dramatique, ni du point de vue du récit, ni en tant que sidekicks permettant aux héros d’évoluer. Jamais drôles mais toujours agaçants (en particulier le Kensuke Leaderprice), ils sont là parce que Comiket, parce que otakus en mode self-insert, parce que tout sauf quelque chose visant à faire une bonne série. Il faut à tout prix zapper le cas de la conne d’infirmière, qui ne doit son existence qu’à un producteur s’écriant au dernier moment en salle de réunion "Hé on a oublié de mettre une fille à lunettes".
Lorsque les deux personnages les moins transparents de l’anime sont un oni de l’espace et un pilote-majordome enrobé, on sait que le niveau est bas. A moins que le vrai moment qui nous inspire la honte d’avoir une connexion internet soit celui où l’alien-démon dit que la culture du cosplay lui a permis de se fondre parmi les humains, le tout sur une bande-son uber-tragique avec violons Bontempi au renfort.
Les méchants en plus d’être fades occupent leurs après-midis à se tirer mutuellement dans les pattes plutôt que de mener à bien leur mission. Histoire de perdre leur temps et le nôtre, ils attendent également le dernier quart du récit pour libérer leurs punaises hypnotiques capables de contrôler les humains et qui auraient dû mettre un terme à l’anime en deux semaines. Quant à l’élément censé expliquer d’où vient la fausse Yuki-hime ("c’est un clone"), j’imagine qu’elle signifie quelque chose pour le dealer de menthe du scénariste.
Au milieu du vide intellectuel et conceptuel et des mauvais pompages de NGE, Okamura fait ce qu’il peut sans briller. Les meilleurs storyboards et combats sont en début d’anime, la suite étant fréquemment polluée par des pugilats "aériens" génériques qui perdent en route tout ce qui faisait le sel tokusatsu des premiers épisodes : les robots marchant à côté de poteaux téléphoniques, cernés par des avions de la JSDF. De quoi faire un AMV cool et puis s'en va. Niveau gâchis, Kuromukuro aura talonné Star Driver.