de Gemini le Dim 16 Oct 2022, 22:43
Mille ans après tout le monde (encore) : la première saison de Iron-Blooded Orphans.
La série reprend le concept des enfants-soldats, mais cette fois-ci plus proche de certains conflits modernes : finis les adolescents normaux jetés dans une bataille qui les dépasse, bienvenus aux gamins élevés depuis leur enfance pour se faire exploser la gueule. Même si, dans le lot, nous trouverons des personnages pour qui être un enfant-soldat est avant tout un travail, indispensable pour nourrir leur famille. La série ne nous explique pas vraiment pourquoi les compagnies privées qui les emploient sont nécessaires, mais ce que nous comprenons, c'est qu'une grande pauvreté fait des ravages sur Mars.
L'univers est ce qui m'a accroché à la série, ainsi que les renvois à l'histoire récente voire à l'actualité. Nous avons une force colonisatrice qui exploite les ressources - dont les populations locales, même si elles ont moins de valeur - un désir d'indépendance financé en sous-main par des groupes désireux de reprendre le contrôle des ressources (donc de remplacer une domination par une autre), un petit peu de cyberpunk (même si nous ne saurons jamais pourquoi seuls des enfants sont compatibles et ce qui leur arrive à l'âge adulte), et il est même insinué au détour d'un dialogue que certains enfants sont surtout là pour servir d'objets sexuels à d'autres soldats (mais les aspects les plus crades sont assez vite évacués). En outre, en dehors de Gjallerhorn, la technologie tombe un peu en sucette, c'est poussiéreux, nous sentons que les vaisseaux et les appareils sont utilisés depuis longtemps.
Par contre, ce n'est pas du Ryousuke Takahashi (dommage). C'est du Gundam. Avec sa princesse à protéger, une constante depuis Relena Peacecraft. Et c'est récent, il y a donc une gamine avec une voix de gamine dedans. Et un mec avec un masque. Mais, consciente de l'héritage de la franchise, l'autrice s'en amuse, en dévoilant immédiatement qui se cache derrière le masque (pas dur à deviner), ou en tournant en ridicule les adeptes des cris de guerre ou des demandes de duel. En termes d'écriture, tout n'est pas réussi, les conflits se règlent anormalement rapidement malgré l'ancrage réaliste - il suffit que quelqu'un apparaisse sur la BFM TV local en disant "voilà ce qui s'est vraiment passé" pour que tout le monde y croit - et il y a deux épisodes avec les plus grosses collections de death flags que j'ai vues depuis longtemps. La subtilité est partie en vacances, et les plans du méchant sont à la fois étrangement logiques et tarabiscotés.
Globalement, la série fonctionne bien, les enjeux sont relativement clairs (passé le namedropping du début ou les explications données à des personnes qui les connaissent déjà), l'histoire avance bien, c'est divertissant mais l'ensemble doit beaucoup à la construction du monde sur les premiers épisodes. Parce que ce monde est intéressant, les péripéties se laissent suivre avec plaisir, malgré des personnages pas toujours rationnels, même si nous pouvons l'expliquer par une enfance passée sur les champs de bataille. Au moins, la série ne se la joue pas Bisounours en nous faisant croire que la petite bande peut survivre à tout. Il y a de la casse, même si rarement chez les personnages suffisamment important pour avoir un nom.
Je regarderai la seconde saison, mais pas tout-de-suite. J'espère voir traité ce que le changement d'exploiteurs sur Chryse a changé (ou non), et peut-être même le racisme dont sont victimes les personnes nées en dehors de la Terre.
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Gemini le Lun 17 Oct 2022, 17:58, édité 1 fois.