MISS HOKUSAI
Réalisation : Keiichi Hara
Scénario : Miho Maruo d'après le manga de Hinako Sugiura
Animation : Production IG
Le film suit le quotidien de O-Ei, troisième fille du célèbre peintre Katsushika Hokusai...
L’offre de la "tranche de vie", pléthorique pour ne pas dire allègrement sur-représentée dans le cinéma d’animation japonais depuis une bonne décennie, se voit à présent enrichie du nouveau long-métrage de Keiichi Hara, un pavé d’une heure et demi emmitouflé dans un alibi pseudo-biographique au demeurant assez superficiel. Comme souvent dans ce type de productions, l’absence de ligne directrice suffisamment travaillée conduit à enchaîner les scénettes tantôt réussies, tantôt anecdotiques, sans formuler de choix entre comédie et mélancolie, et ce faisant à composer un pot pourri jamais déplaisant mais dépourvu de tout objectif compréhensible, au point, finalement, de n’avoir ni début, ni milieu, ni conclusion et de ne pas raconter grand-chose. Le comble pour un film dont la structure s'appuie uniquement sur le défilement des saisons. Ainsi après plusieurs tribulations sans lien conceptuel les unes avec les autres, le générique de fin s'invite et l’on en vient à se demander ce que l'existence de cette Miss Hokusai – par ailleurs plutôt intéressante en termes de caractérisation – avait de si trépidant pour qu’on lui consacre un long-métrage ; impression renforcée par le fait que son paternel, moins bankable auprès des neo-otakus dans l’optique commerciale nippo-japonaise qui demeure celle du groupe IG, capte l’attention au milieu d’une kyrielle de faire-valoirs caricaturaux.
Si, esthétiquement au moins, la production brandit plus de chaleur et d'authenticité que son prédécesseur Colorful, et lui est de façon générale légèrement supérieure, elle nous rappelle rapidement que son réalisateur dispose d’un sens de la narration lacunaire que son talent de metteur en images ne parvient pas vraiment à compenser. Je reste aussi un peu "dubitatif" vis-à-vis de certaines options de présentation bizarres, à l’instar de quelques morceaux rock ci et là en décalage notable avec le decorum bien samourai d’Edo, ou bien le décès d’un certain personnage, dont la figuration éthérée à l’écran manque de vérité et d’épaisseur. L'émotion recherchée n'a pas répondu présente.
Ce Miss Hokusai n’est pas du tout une mauvaise pioche, loin de là. Dans sa catégorie, il remplit certaines exigences. On s’attache sporadiquement à son héroïne à l’affabilité précaire, et l'époque dépeinte exerce toujours l'intérêt minimal requis sur le public. Mais c’est un long-métrage indécis que le temps ne mettra pas plus de quelques mois à effacer des mémoires. Une cartouche de plus, dans un marché déjà saturé par les "tranches de vie" à demi-réussies.