
Director : Takuya IGARASHI (Star Driver, Soul Eater)
Serie Composition : Yoji ENOKIDO (Star Driver, Ouran High School Host Club, FLCL, Utena)
Chief Animation Director : Satoshi ISHINO
Studio : Bones
Difficile de ne pas être tiraillé entre deux pôles, luttant pour déterminer ce qui sera du Star Driver et ce qui n'en sera pas. D'un côté, ce départ est d'un classicisme à toute épreuve, qui tire sur Eureka Seven avec son Renton-like entre découragement et rêves plein le cartable, lui aussi ayant perdu son père, ce héros. Les deux enfants partagent jusqu'à leurs couleurs vestimentaires alors peut-être est-il de mise d'y voir un message comme quoi, cette fois, ils ne vont pas se rater. Il en faudra plus pour nous convaincre.
Longue séquence purement introductive, codifiée au millimètre près et aussi allongée que l'est le lancé de fusée qui est l'attraction sakuga de l'épisode. Aucune surprise, terrain connu seront les maîtres mots pour le moment, du début avec son protagoniste blasé qui ne fait qu'attendre avec ennui l'élément perturbateur, à la fin et la charge du mecha dans l'espace... auquel on accède par le sous-sol. Néanmoins, pour ce qui est de l'habillage, l'accent mis sur l'astronautique a tout pour charmer et est de ces petites attentions qui font plaisir. Après, inutile de me le dire, je sais que ce n'est qu'une mise en place, qu'on ne peut pas juger d'une série sur un épisode, que j'ai déjà dit du mal d'Eureka Seven, pardon, seveN, au même endroit.
On découvre aussi un certain positionnement à Evangelion avec le passage sur la passerelle où Daichi montre à peine une hésitation lorsqu'il s'agit de signer pour sauver la Terre des envahisseurs, quand il n'est pas fait référence à des factions mystérieuses à qui il ne manque que le Gendô-style.
De l'autre, on a des relents de Star Driver, d'Eureka Seven AO et même de Rinne no Lagrange avec les deux extraterrestres Force Bleue et Force Rose (sans doute écrite par Elena Peoples et Muginami) qui font appel au pouvoir de la libido et des petits sauts qui bouncent pour préparer leur attaque. Le signe de reconnaissance à la Kiraboshi. Le Captain pour remplacer le Ginga Bishônen. La chanteuse qui va taper la chansonnette à chaque engagement sur un stock-shot de cinq minutes. (Oui, le départ en fusée fait peur à ce niveau. Il est trop beau pour qu'ils ne se gênent pas pour nous le ressortir avec fierté à chaque fois qu'ils le pourront.) Le fatras de termes présage aussi de cette fâcheuse manie de se reposer sur des concepts qui n'ont de complexe que leur orthographe plus que sur la création d'un univers où prendrait place ce qu'on appelle une histoire. Vraiment, ça sent l'enchaînement de duels bateaux mode Super Robot avec de pseudo-intrigues d'influence qui prendront les trois quarts de l'épisode (exit le Gendô-style) sous fond de charabia runique. C'est le risque que l'on court avec ce genre de setting qui se réduit trop souvent à un mecha, un QG en back-up et des vagues d'ennemis. On est loin des univers d'Eureka Seven et de Bônen no Xamdô où l'on peut promener son regard jusqu'à l'horizon en pensant aux merveilles qui s'y cachent. C'est le risque majeur avec cette série, que le couple IGARASHI/ENOKIDO redonne dans l'esbroufe sans tirer la moindre leçon du passé. Après, c'est sûr que c'est la méthode d'écriture d'ENOKIDO : Ouran, FLCL, Utena, Star Driver. On retrouve les mêmes schémas, la même manière d'aborder une série avec un jeu pour ou contre les stéréotypes avec une tendance à la pose. D'ailleurs, je ne suis même pas sûr que Star Driver soit considéré au Japon comme un échec ?
Finissons sur des banalités. Ce ne serait pas faire justice à l'épisode que de passer sur sa facture impeccable mais chez Bones, c'est une évidence alors on évacue ça d'un revers de main comme un dû. Pour une fois, l'utilisation de la 3D est inattaquable tellement les textures sont belles sur le portail ou les bases spatiales, l'intégration au poil, les effets dans l'ascenseur difficilement reproductible en 2D. Ca c'est la 3D comme je l'aime, limitée aux décors et aux objets géométriques, permettant de se concentrer sur le reste. Oui, la background-animation, ça tue, mais permettez-moi d'aimer aussi les objets et les panoramas en 3D. 'Tain, je me rappelle encore de la fois où je me suis extasié sur un pain de mie dans Dennô Coil...