
Réalisateur/Storyboard : Fuminori KIZAKI (Basilisk, Afro Samurai +/Resurrection, X-men)
Scénariste : Mitsutaka HIROTA (X-men)
Chara-designer d'origine : Mari SHIMAZAKI
Chara-designer : Ai YOKOYAMA (X-men)
Directeurs de l'animation : Ai YOKOYAMA & Katanao AKAI & Michinori CHIBA & Hiroya IIJIMA & 梁 柄吉
Studio : Gonzo
Le CV du réa situe très bien le film. Basilisk, Afro Samurai, X-men, que d'oeuvres musclées avec un chara-design badass qu'il fait bon fleurer tant sa représentation est minoritaire à notre époque. Bayonetta ne se démarque à aucun moment de ses origines vidéoludiques comme aura su le faire l'excellent Gungrave. Cela donne un scénario en boss mode où l'on se contente de suivre une ligne droite vers le chef à abattre. Inutile donc de faire un résumé, ce serait faire perdre tout sens existentiel aux deux premières minutes. Nous ne nous contenterons alors que d'un "Bayonetta poutre du streum ailé et du golem, r0x0rrrr !". Un film qui ne propose donc que de l'action non-stop, les pauses se contentant d'un jeu dominant-dominé entre Bayonetta et Luca, un journaliste qui la pourchasse pour avoir tué son père. C'est mignon mais ça ne remplit pas l'estomac.
Bayonetta porte le film sur ses épaules, pari risqué car le personnage ne plaira pas à tout le monde. Il s'agit d'une dominatrice qui assume le costume en cuir, et entre la classe et le ridicule, il n'y a qu'un pas. Pas parfois franchi car sa sophistication poussée dans ses derniers retranchements lui interdit le moindre repos. Ainsi, elle ne marche pas comme vous et moi, elle défile (comme une top-model). Heureusement qu'on ne la voit pas aller aux toilettes sinon c'était le facepalm assuré. Il n'est pas réducteur de dire que l'appréciation du film dépend entièrement de son adhésion à ce maniérisme tout en poses et déhanchés qui se ressent jusque dans sa manière de combattre avec ses quatre flingues dont deux aux talons (aiguilles). Là où le bât blesse, c'est que le niveau des conversations, quand il y en a, ne vole pas haut car continuellement dans cette veine de femme qui doit être plus forte que son interlocuteur tout en usant de sa sensualité. Difficile de donner du contenu à ses phrases avec de telles restrictions et on en arrive même à des combats de "humpf !" quand deux femmes d'égal niveau se rencontrent. C'est un peu comme si Schwarzy devait balancer une catchphrase à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Le jeu du chat et de la souris avec des mecs au script sans idées vire rapidement aux clichés pas très subtils style "maman va te mettre un fessée". Ainsi, Bayonetta en mère improvisée sombre vite dans le grotesque quand elle essaie d'apprendre sa S-attitude à une petite pleurnicharde. A trop vouloir être parfaite en tout occasion, l'absence de "faiblesse" (de normalité dirons-nous) devient caricaturale. Vraiment, Bayonetta au quotidien, ce doit être à mourir de rire.
Niveau animation, car c'est ça qui nous intéresse au final, ça remplit le cahier des charges d'un film, sans plus, sans scènes mémorables quoique cela soit lié à sa propre appréciation du personnage de Bayonetta, tout en outrance et poses bizarres. On pourrait dire qu'il n'y a pas de scènes marquantes, il y a Bayonetta. Le fait qu'elle se batte contre des boss géants réduit aussi le plein potentiel de l'animation et empêche tout réel suspense (hop, invocation kaiju capillaire), ce qui fait que les duels contre Jeanne sont ce qu'il y a de meilleur.
On ne nous épargne pas les moments cheap où le vectoriel fait de furtives apparitions (glissement & zoom sur des sprites), la 3D à la Gonzo qui sait se montrer toujours aux mauvais moments (on s'y attendait) quoique globalement ce soit moins violent que le final de Blood-C. Pas souvenir d'avoir vu des scènes où les persos parlent sans bouger les lèvres, chevkraken. Au final, c'est loin d'être rédhibitoire car ils savent mettre la pâtée quand cela est nécessaire et il faut aussi savoir reconnaître qu'animer Bayonetta doit être une vraie plaie. Le perso est super chargé avec ses cheveux, les franges et les cordes de son costume, ses talons aiguilles et ses lunettes, ce qui fait qu'il est impossible de le simplifier pour faciliter son animation sans que cela se voie. Dès qu'une scène prend un peu de distance, Bayonetta souffre et nous avec, et dès que l'on se rapproche, les dessins retrouvent leur splendeur car le chara-design est, je le répète, sublime, tout comme les décors.
Un film pas vraiment mémorable, à ranger à côté de toutes ces oeuvres décérébrées qui se contentent d'allonger de l'action sans grande substance à côté. On retiendra les poses loufoques de Bayonetta et le coup final
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sur le chevalet qu'il est difficile de prendre au sérieux.
Entre nous, Bayonetta me fait penser à un perso d'ANDÔ Hiroyuki.