Dessin : TAKAHASHI Keitarô
Réalisateur : MOTONAGA Keitarô
Studio : White Fox
Ma première rencontre avec Jormungand s'est mal terminée puisque j'ai abandonné dès le premier tome. Malgré un dessin assez bon que les sourcils d'albinos rehaussent, j'ai trouvé le tout assez brouillon. Exemple : le manque d'explications sur la toute première mission où ils veulent récupérer une marchandise contre des militaires pour la remettre aux mains d'individus appartenant... à ce même pays. On est pas censé deviner la politique du pays en question avec ses divisions en factions surtout quand par rapport à notre fonctionnement, cela paraît aussi contradictoire.
S'est ajouté à cela Koko, personnage extravagant pas franchement drôle. Dans un manga d'apparence assez bourrin-con, elle n'est guère convaincante en tournant tout en dérision (je me roule sur la table), surtout lors de ses moments d'inspiration divine où elle ose sortir de telles calembredaines à un enfant soldat : "Pour la paix dans le monde", juste après avoir amené un pays à la guerre.
Arrive l'adaptation qui pour le premier épisode m'a laissé presque la même mauvaise impression avant d'entamer l'arc Orchestra (épisodes 3/4) et là, soudainement, la série commence à devenir intéressante. Souvent comparé à Black Lagoon, Jormungand joue plus la carte gunji otaku droit et carré que celle du western spaghetti qui défouraille dans les bars à coup de gros Beretta, sans toutefois s'épargner quelques duels musclés. D'ailleurs, le fanservice gunji peut agacer quelque peu dans la manière dont il est inséré dans l'affaire quand ça se limite à citer le nom des armes et véhicules utilisés (ce qui ridiculise encore plus ce fameux plan machiavélique visant le Nobel de la paix tout en participant à la merde ambiante) mais lors de l'échappée en avion vers la fin, le déballage technologique lors des procédures d’évitement était juste jouissif.
Par contre, la série n'arrive pas à tenir totalement sa crédibilité. D'un côté on a des échauffourées virant au n'importe quoi comme la première rencontre avec Orchestra. On parle de vrais pros entraînés comme il faut mais on évite pas les rafales de tirs qui ratent leurs cibles on ne sait trop comment. C'est simple, lorsque l'équipe doit produire un vrai combat avec un retour, l'efficacité chute, ou alors ils sont trop bons, comme lors du clash avec les dragons, sur ce point pas du tout vraisemblable.
De l'autre côté, on a des manœuvres vraiment au poil, que ce soit au snip' ou lors de l'attaque du cargot sauf que l'on voit bien que c'est de l'action dans un seul sens.
La série arrive aussi a bien restituer la cruauté inhérente aux zones de guerre. Il est surprenant qu'on fasse l'impasse sur les violences sexuelles, pas dans le but d'ajouter du fanservice pour dégénérés ou du pathos gratuit (la scène de viol obligatoire vue depuis le placard) mais Jormungand arrive à certains moments à avoir une justesse de ton qui fait qu'on est surpris de voir effacer cet aspect alors que Black Lagoon arrive très bien à l'incorporer et à ajouter une dimension supplémentaire à l'horreur ambiante sans que cela paraisse gratuit.
La raison tient peut-être à ce que cette série fait la part belle aux femmes ? C'est suffisamment rare pour être noté. C'est simple, pratiquement tous les meilleurs persos sont des femmes. Valmet, Chiquita \o/, Minami, Karen Low, j'hésite à écrire Schokolade vu la manière dont son doublon Scarecrow la traite comme une esclave mais elle est amusante.
Perfect Order arrive à être un poil plus captivant notamment en gérant mieux le problème de l'unilatéralité quoique sans s'en éloigner trop non plus. Il y aussi l'apparition du fil rouge qui plonge la série dans l'anticipation même si elle nous laisse littéralement sur notre faim. C'est d'autant plus frustrant que le projet à du plomb dans l'aile alors que l'auteur en est conscient, plaçant la critique majeure dans la bouche de Kasper. Une direction inattendue qui appelle impérieusement à une S3 ne serait-ce que pour voir les nouvelles bases.
Si je devais situer Jormungand par rapport à Black Lagoon pour ceux qui l'ont vu, je dirais que la série se situe à un quart de chemin entre la première et la seconde saison.