Tetho a écrit:Parce que quoi qu'il arrive le fait que derrière elle il y ait un démiurge tout puissant pour choisir l'évolution du récit selon ce qui l'arrange fait que ça manquera de rigueur pour être recevable en tant que thèse. Quoi qu'il arrive.
C'est pas comme si aujourd'hui, dans n'importe quel bouquin ou débat polémique, on était pas au courant qu'on pouvait faire dire tout et son contraire aux statistiques. Ta critique elle marche aussi pour ce qui n'est pas de la fiction orientée par un démiurge. Ca me fait penser au barouf sur le livre La France orange mécanique. A partir de là, même dans une thèse tu peux raconter tes conneries orientées comme bon te semble. C'est le principe de l'interprétation, hein, et ce n'est pas parce que l'on discourt sur le réel qu'on a une vision plus juste.
Ton exemple extrême (et orienté) avec Descartes n'est même pas une thèse sur le méchant capitaliste avide où l'on pourrait falsifier le comportement du capitaliste pour qu'il devienne méchant et avide, c'est de la philo que l'on pourrait très bien voir adapter en animé, je ne sais pas comment (ça ne ressemblerait sans doute à rien) mais il gagnerait en tant que thèse. Bizarre que certaines instances aient regardé du côté de la SF pour essayer d'anticiper le réel. Généralement, ça se contente d'être de la vulgarisation ou de l'application mais si un japonais pouvait avoir des thèses révolutionnaires et les faisaient passer par un animé avant d'écrire une thèse, ça n'aurait pas autant d'impact à cause de la dilution qu'opère le récit (et je dirais même plus : simplement à cause du statut que se traîne la fiction) mais cela aurait de l'impact néanmoins. C'est sûr que Candide n'a eu aucun impact dans sa manière de ridiculiser les thèses de Leibniz.
En plus, Descartes est l'exemple même du philosophe qui a réduit le monde physique a peau de chagrin. On voit bien ce que Husserl en a fait. Pas de chance d'avoir pris cet exemple.
Tetho a écrit:Maintenant une fiction peut soulever des questions, tenter de proposer des pistes de réponse, provoquer des réactions. Mais seule elle n'a aucune valeur, c'est au spectateur d'aller plus loin par lui même pour poursuivre la chose et de donner valeur ou au contraire d'invalider ce qu'il a pu connaitre via la fiction.
Merci Captain Obvious, j'espère que les lecteurs de La France orange mécanique sauront suivre ton conseil.
Tetho a écrit:Donc une fiction qui va sacrifier la fluidité ou le bon déroulement du récit sous prétexte que l'auteur a des choses a dire se trompe profondément, car ce qu'elle va sacrifier en tant que récit elle ne le regagnera pas en tant que thèse. Jamais.
Maintenant je ne dit pas que l'on ne peut rien construire de concret ou rien transmettre via une fiction, mais quoi qu'il en soit la portée sera limitée.
Alors, jamais ou un peu ?
Tetho a écrit:Ensuite "divertissement" ne veut pas dire "récit décérébré et sur-rythmé", 2001 c'est un film über lent où il ne se passe pas tant de chose que ça et pourtant c'est du divertissement. Madame Bovary, un des livre les plus cosmo-chiant de l'univers c'est aussi du divertissement. Appocalypse Now, probablement le meilleur film de guerre jamais réalisé, c'est du divertissement. Le Genji Monogatari, chef d'œuvre absolu de la littérature japonaise a été écrit par une courtisane de l'époque Heian pour divertir ses semblables.
Divertissement, c'est faire passer le temps de manière agréable mais c'est aussi, et c'est la définition communément admise par beaucoup de personne y compris moi : passer à côté des choses importantes, être dans le domaine du loisir, de la détente.
On peut toujours dire que pratiquement tout est du loisir à partir du moment où tu ne t'enfermes pas dans une petite pièce avec une table, une chaise et une grosse bibliothèque mais c'est faux. D'ailleurs, le lent n'est pas l'apanage de ce qui est sérieux bien qu'il se marie mal avec l'amusement. Au final ta vision du divertissement est aussi vaine que la notion de fanservice parce qu'il ne s'agit plus que d'un élément à incorporer qui contamine le tout parce que dans Apocalypse Now il y a du fight alors c'est du divertissement pour amateur de films de guerre.
Limiter l'animation japonaise à du divertissement, c'est du nivellement par le bas.