Je viens enfin de regarder
Sailor Moon S dans son intégralité. Pour ma défense, je n'avais pas eu la possibilité de suivre la série autant que je l'aurais souhaité à l'époque de sa diffusion dans le Club Dorothée. La faute à des cours de piano dont je n'ai d'ailleurs rien retenu, si ce n'est l'heure à laquelle je devais les subir : le mercredi matin pendant
Dragon Ball Z et
Sailor Moon. Et si j'ai retardé le moment de me remettre dans la troisième saison pour de bon, c'est en partie à cause de
Sailor Moon R, qui n'avait pas grand chose à raconter, et où il fallait enchainer dix épisodes à base d'ennemi de la semaine avant de voir l'intrigue progresser. Des épisodes qui n'avaient pas le mérite de nous faire découvrir les héroïnes et leurs interactions, dans la mesure où cela avait été déjà fait - et très bien fait - dans la première saison. Fort de cette expérience, j'appréhendais
Sailor Moon S. J'ai visionné les 38 épisodes en deux jours.
Je n'aurais jamais cru cela possible, dans la mesure où cette saison reste dans la lignée des précédentes avec chaque semaine son nouvel ennemi, ses mini-boss, et son boss final. Néanmoins, elle possède des qualités qui compensent largement son schéma répétitif.
A commencer par un scénario plus riche, puisqu'au combat contre les Conquérants de l’Abîme s'ajoutent les mystères entourant de nouvelles guerrières, ainsi que la recherche de trois talismans puis d'un mystérieux messie. Pour autant l'histoire n'introduit pas ses différentes intrigues d'entrée de jeu. C'est d'ailleurs une des particularités de cette saison : elle dispose d'une finesse inédite dans l'écriture. Elle distille progressivement ses révélations et certains éléments, parfois pour ne les réutiliser que bien plus tard dans la série, ce qui fait que la majorité des épisodes apportent quelque chose au scénario, même s'il ne s'agit que d'un détail. De plus, les scénaristes ont le bon goût de ne pas souffrir d'amnésie, et par conséquent de prendre en compte ce qui a pu être fait et dit précédemment. Par exemple, dans la première partie de
Sailor Moon S, les guerrières principales sont toutes prises pour cible par les Conquérants de l’Abîme. Toute sauf une. Cela aurait pu être un oubli, ou être laissé de côté une fois cette première partie terminée, mais non, cela aura de l'importance plus tard dans la série. Si j'avais des remarques à faire, j'ai trouvé dommage de rajouter deux épisodes après le dénouement, alors qu'un seul aurait probablement suffi. De même, nous voyons à travers un analepse que Sailor Uranus et Sailor Neptune ont affronté des monstres différents des autres avant les événements de la saison, et si nous pouvons nous douter de leurs origines, celles-ci ne sont jamais explicitées ou même évoquées. Je pourrais aussi reprocher aux personnages de ne toujours pas être physionomistes (Clark Kent a au moins pour lui de porter des lunettes pour dissimuler son identité), ou à Usagi de comprendre l'identité de Neptune et Uranus relativement tôt mais de l'oublier immédiatement.
L'autre atout de la saison, qui permet aux épisodes de se renouveler tout en gardant le même schéma, ce sont les antagonistes. Certains spectateurs les trouveront peut-être inutilement drôles, mais la décalage progressif qui s'installe entre leurs sombres desseins et leur comportement a quelque chose de vraiment plaisant. Le Dr Tomoe préparant le café ou jouant au twister, toujours un grand moment. Le jeu d'ombre sur son visage est aussi très réussi. Surtout, il y a une grande recherche dans les monstres, leurs origines, leurs comportements, et leurs attaques, avec quelques-uns étonnamment mémorables pour des adversaires à usage unique ; l'aspirateur-éléphant et la joueuse restant mes favorites.
Ce qui leur permet de fonctionner aussi bien, c'est en grande partie la réalisation. Elle est souvent inventive et bourrée de trouvailles visuelles, d'éléments incongrus (les incroyables surveillants du stade), et de mimiques géniales, pour un résultat extrêmement plaisant. Pour une série hebdomadaire, je reste étonné par la qualité de la mise-en-scène et de l'animation - même si je suppose que certains détails ont pu être améliorés entre la diffusion et la commercialisation - ainsi que par la direction artistique. Elle s'appuie certes énormément sur ce qui avait déjà été produit pour la première saison (notamment à partir des travaux du directeur artistique d'origine), mais là encore, elle ne se contente pas de faire dans la facilité.
Tout cela permet de créer une série prenante, avec de l'action, de l'humour, mais aussi de vrais instants dramatiques. J'y suis allé de ma petite larme, en particulier lors de l'apparition des deux premiers talismans. Soit dit en passant, j'adore Neptune et Uranus. Et par conséquent, j'en veux beaucoup à Philippe Ogouz.
Ayant regardé la série en VF jusqu'à présent, j'ai voulu continuer avec cette saison, ce que j'ai fait jusqu'au bout. Par contre, changements de voix obligent, je passerai en VO pour
Super S. Si je mets de côté les prénoms - même s'il y a une certaine cohérence par rapport à la VO - et quelques voix aléatoires inhérentes aux séries du Club Dorothée, cette série possède une traduction et des dialogues largement au-dessus de la moyenne de l'émission, et Emmanuelle Pailly incarne aussi bien la niaiserie d'Usagi que la solennité de Seretiny. Par contre, pour Uranus, c'est le grand n'importe quoi. A l'instar de
Versailles no Bara, je suppose que l'idée était de ne pas trop présenter Uranus comme fille, et ainsi éviter les questions gênantes concernant sa relation avec Neptune (ou toute autre fille craquant sur son style d'actrice de Takarazuka). Ce qui nous donne deux résultats concrets : l'utilisation de deux comédiens différents - l'un lorsqu'elle est en civile, l'autre lorsqu'elle est en guerrière - et des dialogues qui la considèrent comme un homme lorsque ses formes féminines sont suffisamment masquées par ses vêtements. Ce-dernier point donnant d'ailleurs un résultat absurde, puisqu'à un moment, Makoto lui demande si elle a une petite amie (un petit ami en VO) alors que les personnages savent bien qu'il s'agit d'une fille. Ce qui est totalement contre-productif
Surtout, Philippe Ogouz traite le personnage avec la même désinvolture que Mamoru (et à priori pas mal de doublages qu'il a fait pour des séries japonaises à l'époque), et n'arrive par conséquent jamais à rendre son côté tragique et mélancolique. Je crois surtout qu'il n'en a rien à foutre. Il faudra donc que je me refasse la série en VO
Mais bon, il y aurait tellement à dire sur les VF du Club Dorothée ou de La Cinq (coucou la traduction depuis la version italienne).
Pour le reste, et hormis les quelques rares détails évoqués plus haut, il s'agit d'une très grande réussite. J'ai adoré cette saison de bout en bout