Bon, j'ai recommencé et achevé
2202 qui m'avait dégoûté. Je dirais qu'il y a eu un mieux à partir d'un moment (après la mi-série), mais qu'est-ce que c'est laborieux, rempli de pathos et japoniais. Cette série est à voir sans conditions pour ceux qui voudraient comprendre pourquoi
MSG Unicorn est devenue si bancale après la deuxième OVA. Fukui n'est pas vraiment un scénariste, au mieux c'est un commentateur appliqué sur 2ch.
L'une des erreurs les plus saillantes est que l'équipage du Yamato ne fait rien de toute la série. Kodai n'est bon qu'à jouer les speakerines, Yuki est un légume victime de sa nature et les autres n'existent pas. Il n'y a que Zorder-Ikari et ses monologues emo redondants sur l'amour et
ningen ta mère qui obtiennent les faveurs de Fukui, ce qui implique de l'écouter durant 50% de l'anime s'épandre sur le "destin" et ce qui fait ou non un être humain ; c'est déjà médiocre en soi, mais comme de plus les Gatlantes se désignent eux-mêmes sous le sobriquet d'humains, on ne sait jamais réellement de qui le vieux parle spécifiquement. Il n'est pas le seul cela dit à s'exprimer de la sorte : dans l'univers de Fukui, la dynamique ou les interactions sont bannies, l'essence d'un script consistant à faire soliloquer un personnage devant quatre autres qui boivent ses paroles sans broncher. A cette énorme facilité là, caractéristique de la neo-animation japonaise, il faut ajouter la tendance naturelle du bonhomme à digresser. Lorsque ce sont les affaires internes de Gamilas, épiphénomène en marge du sujet et sans impact sur la storyline, qui sortent le spectateur de sa léthargie, c'est qu'il y a un gros problème de conception dans la série. Et même de ce côté là, repeindre Dessler en gentil dictateur incompris était de toutes façons une faute de goût notoire flirtant avec le ridicule. Mais faut dire que personne n'est méchant dans le lot, et que par commodité, chaque fois que Kodai doit se salir les mains, son adversaire se tire lui-même dans le pied ou se fait dessouder par un tiers. La réalisation ne peut pas faire mieux que de se ranger à l'imprécision notoire du scénario : les batailles manquent de visibilité, on ne sait jamais où se trouve tel ou tel navire, et 90% des stratégies militaires se résument à "
Mettez les moteurs à toute puissance" ou "
Ta gueule c'est magique". A la fin restent des zolis images qui bougent, et des situations (mal) piochées dans
The Dark Knight et les bombes humaines de
Zambot 3, qui sont le plus souvent indéchiffrables par le spectateur puisque seul Fukui en connaît les règles de fonctionnement ; d'enjeu crédible il ne reste donc que l'ombre furtive.
Cette pusillanimité est toute entière contenue dans "l'arc" de Kato.
Les Gatlantes proposent à Kato de sauver son fils de la maladie à condition qu'il trahisse le Yamato. Il s'exécute. Outre que ça n'a aucune logique intrinsèque (pourquoi les Gatlantes ont-ils le remède d'une maladie affectant la Terre, pourquoi Kato croirait-il pareille promesse, pourquoi les méchants tiennent-ils parole en dehors de muh honneur, à quoi bon guérir son fils tout en livrant la planète sur laquelle il vit aux génocidaires), ça n'a surtout pas d'autre fonction que de créer un cliffhanger en carton pour inciter les fans restés sur le pont à revenir la fois suivante. Puisque ça n'a, en fait, aucune conséquence diégétique. Kato une fois sa forfaiture accomplie bénéficie du soutien de tout le monde. A part un lointain amiral terrien anonyme qui rouspète, tout le monde lui passe la brosse à reluire. Mieux encore, par son attitude incohérente il n'a pas sauvé uniquement son gamin mais tous les enfants terriens. Cette anecdote résume bien 2202 : de faux drames, de faux dilemmes qui s'arrangent d'eux-mêmes parce que c'est ton giscard destaing.
Quant au pacte de non-utilisation du wave motion gun, une fois que tous les officiers ont bien pleuré pendant dix épisodes, on n'en parle plus sinon dans le final.
2199 n'était pas seulement un excellent anime qui polissait son matériau, mais un bon
space opera tout court qui s'inscrivait dans l'évolution globale de la SF télévisée. Pas au niveau de ce qu'ont aligné les anglo-saxons dans les années 90, mais digne de s'asseoir à leur côté, à la table des
Space 2063, des
Voyager ou des
Farscape sans se prendre une bouteille derrière la nuque.
2202 lui est un concentré de
made in Japan cérémonieux, fréquemment ringard et semé d'étoiles mortes, sporadiquement secouru par quelques concepts intéressants - la Faille Temporelle qui permet de créer la flotte de nouvelle génération plus "vite", la mainmise des IAs - mais jamais exploités. Entre cinquante
"Ore wa......." en guise d'études de personnages, Fukui fournit bien quelques efforts pour faire croire à du
techworld building consistant, mais il apparaît clairement que le fin mot de
2202 est la magie, l'omniscience, la destinée, Dieu, le hasard, l'amour cosmogonique et le tofu. Bref, tout ce qui n'appartient pas au domaine de la SF et qui entérine le caractère superficiel de
2202, dont on peut néanmoins saluer la relative cohérence vis-à-vis de son prédécesseur et quelques lumières erratiques autour des mcguffin. Il y a un côté naïf, un côté Toho sixties auquel le spectateur peut s'agripper dans l'espoir d'y trouver un charme. C'est une série regardable, mais pour peu de choisir pour point de comparaison la médiocrité environnante, et non la salutaire prise en compte du
space opera US et des deux premières années de
BSG qui optimisaient la relecture d'Izubuchi dans
2199.