Satoshi Kon a dit vouloir y mettre tout ce qu'il n'avait pas pu dans ces films précédents. Mais il y a aussi mis ce qu'il avait déjà mis dans les précédents. D'où une impression de fourre-tout dense et foutraque, qu'on peut trouver désemparant ou usant sur la longueur mais que j'ai trouvé particulièrement jouissif.
A l'instar de nombre de ses pairs (Miyasaki ou Oshii), on y retrouve les thèmes obsessifs habituels de ces films, et il s'y évertue d'y dresser un éventail des psychoses de la société. J'ai trouvé le découpage en trois parties assez bien joué, permettant un souffle en mi-série, avec d'ailleurs trois épisodes assez excellents.
Étonnant, chaque épisode, pris individuellement ou dans la cohérence totale du récit garde un intérêt.
J'ai peut-être regretté qu'il soit finalement un peu trop explicite dans sa conclusion
comme les douleurs dans le ventre de Tsukiko, qu'on avait bien noté comme femme-enfant refusant de grandir depuis le début de la série, mettant en avant les liens du traumatisme initial avec son passage à la puberté et la création de la matrice qui renaîtra quelques années plus tard lorsqu'à nouveau elle se voit forcée à "lâcher" Marumi
, même si on garde une zone de surnaturel et de libre interprétation bienvenue
les trois candidats insistants au suicide qui perdent leur ombre, suggérant qu'ils sont déjà mort et rejouent sans cesse la même scène, expliquant probablement l'effroi du Shonen Bat à leur vue et le fait qu'il ne les attaquent. A moins, ou aussi, bien sûr qu'il ne s'agisse simplement du fait qu'ils aient désormais trouvé leur acceptation de la réalité
Quand à l'animation... du bon voir de l’excellent dans à peu près tous les épisodes, et pour tous les goûts, entre le character acting merveilleux de Tsukiko, les combats surréalistes et les effets finaux.
Mention spécial à l'épisode 8, indéniablement mon favori, à la fois drôle et amer, parfaitement dirigé par le fantastique Satoru Utsunomiya. Qui malgré la longue liste d'animateurs talentueux à l’œuvre, impose son style graphique et son rythme génial. Encore une fois, il parvient à insufflé de la vie dans le moindre plan et la moindre action. Tout bonnement bluffant. J'aurais rêvé qu'une série comme Space Dandy lui laisse le soin de s'exprimer encore une fois pleinement comme il le fait ici ou comme il avait pu le faire sur Hakkenden ou Gosenzo-sama Banbanzai.
Tant qu'à dériver du sujet et parler Satoru Utsunomiya vs Gosenzo-sama Banbanzai, j'en profite pour glisser pour ceux qui ne veulent pas se lancer dans la série de 6 Oavs que le film résumé Maroko est depuis récemment trouvable sous-titré anglais. Pas légalement, malheureusement, encore un des grands mystères de la distribution que le nom de Mamoru Oshii n'ai pas suffit à exporter cette série ou le film.
Toujours Satoru Utsunomiya, à noter parmi ses travaux récents, sa participation au projet franco-japonais de
Polux Animation, Asterion.
Pour revenir à Paranoia Agent, l'édition prestige apporte des bonus intéressants, à la fois sur les travaux (storyboard comparé) ou la production (mais quel boxon...).