

Est-il sorti de terre ? Est-il tombé du ciel ? Un jour, un rônin est venu s'installer à Edo dans le quartier de Katagi-chôya. Son nom : Sôichirô Senô. A la taille, il portait son sabre Kunifusa, mais il l'a vendu et porte désormais un sabre de bambou. Il a un petit voisin, Kankichi, un ami, Daizaburô Mikoshi, une maîtresse, O-Katsu, employée de l'archerie. Il côtoie Yazaemon, le gérant, Tsunegorô, le goyôkiki, Genji, le porteur de lance. Il agit dans les dojos, les temples, pour chasser les assassins, retrouver les enfants. Mais quelqu'un en a après lui : Shinnosuke Kikuchi, le guerrier fou, qui a annoncé...
..."Un jour, je te tuerai."
Le sourire de Sôichirô réjouit ceux qui l'entourent, mais son sabre attire le mal.
Que va-t-il lui arriver ?
Que va-t-il faire ?
Source : Extrait du troisième volume de la série, publié par Kana
C'est en cherchant des infos sur Goyô que je suis tombée sur Le Samouraï Bambou. Comme le précédent, ce titre est souvent proche de la tranche de vie et un grand calme se dégage de la plupart des volumes. Mais cela n’empêche pas une tension sous-jacente, comme la menace que représente Kikuchi. Mais c’est aussi lié au caractère de Sôichirô, qui a renoncé à son ancien sabre pour ne pas devenir "un démon". Craignant d’être possédé par l’esprit de son arme et de causer la mort de nombreuses personnes, il porte désormais un sabre en bambou. Devenu professeur, les circonstances le poussent malheureusement vers cette violence qu’il veut pourtant contrôler.
Il est donc vrai que l'ambiance des deux titres est proche. Cependant, il y a quelques différences. Déjà, je trouve un côté plus réaliste dans Le Samouraï Bambou. Il y a quelque chose de policé dans Goyô, les personnages parlent beaucoup les uns des autres et, vu leurs origines, j'ai discuté avec des lecteurs qui les trouvaient un peu trop "propres sur eux". Ce n'est pas faux, mais Le Samouraï Bambou est justement plus naturel, plus proche de la réalité de l'époque. D'ailleurs, on voit plusieurs références à l'organisation sociale et à la culture des différents personnages. Les personnages sont plus abrupts, ce qui n'empêche pas une certaine poésie.
D'ailleurs, l'aspect symbolique du titre est présent dans la plupart des pages. Des esprits apparaissent, les animaux s'expriment, les sabres parlent et même l'air semble vouloir dire quelque chose. Mais n'est-ce pas plutôt les pensées et les sentiments de ses héros que l'auteur retranscrit de cette façon ? De même, il aborde souvent la mythologie japonaise, racontant (ou faisant raconter par ses personnages) des légendes ou différents éléments du folklore. Ce symbolisme imprègne évidemment le style graphique de la série, considérée comme une référence du manga underground.
L'adaptation proposée par Kana est chère, mais très réussie. La jaquette est faite d’un papier imitant le parchemin, le volume s’ouvre et se termine sur une page rouge gaufrée, les pages couleurs sont préservées et l'orthographe est bien respectée. Un titre à conseiller, surtout aux fans de Goyô et de manga underground.