C'est un peu plus complexe. En fait énormément plus complexe. Dans les années 70 la NHK a engagé Miyazaki pour rédiger des projets de série, de souvenir 3, parmi lesquels un projet librement inspiré de
20 000 lieues sous les mers. Au final ce dernier ne s'est pas fait mais Miyazaki a réalisé pour la NHK
Mirai Shônen Conan, librement inspiré de
The Incredible Tide. Les années passent et la NHK garde les droits du travail de Miyazaki.
A la fin des années 80, peut-être suite au succès de
Laputa, vaguement inspiré par
Gulliver hein, dans lequel Miyazaki a librement réutilisé des idées de son projet de série, la NHK ressort le projet et demande, via Group TAC, à un cadre de la Gainax, Inoue Hiroaki de monter un groupe de travail pour faire du
pitch de Miyazaki une série. Inoue, qui était en plein bras de fer pour le contrôle de la boite avec Okada Toshio, décide de ne pas prévenir le reste du studio et fait travailler en secret Sadamoto et Maeda dessus et décroche le contrat de production. Quand Inoue arrive avec le contrat signé et mettant la Gainax devant le fait accomplis le reste du studio découvre que le
deal qu'il a négocié fait que le studio finira la prod dans le rouge. Le contrat est renégocié et ses adversaires au sein de la boite en profitent pour le forcer à démissionner (ironiquement Okada se fera mettre dehors à son tour 3 ans plus tard).
A l'origine Sadamoto devait réaliser la série mais très vite il réalise que ça ne l'intéresse pas et Anno, auréolé du succès de
Top wo Nerae!, est désigné pour le remplacer. Anno étant Anno ce qui va l'intéresser dans la série n'est pas tant les aventures de Jean et Nadia mais le combat de Nemo contre Gargoyle. Il dit ouvertement dans une interview à Animage plusieurs mois avant la diffusion que si on le laissait faire il jarretait les gamins pour se concentrer sur Nemo et le Nautilus. Ça va entrainer un bras de fer complet entre d'un coté la NHK qui paye la Gainax pour lui produire une série d'aventure familiale et de l'autre Anno qui veut faire
Yamato sous les mers. La Gainax reçoit les scripts du scénariste de la NHX, les fout à la poubelle et réécrit tout en interne. Ambiance. A la mi-série Anno perd le bras de fer avec les producteurs et se retrouve forcé de recentrer l'intrigue sur Nadia, Jean et Marie. Du coup, Anno étant Anno, il quitte la production quotidienne de la série et laisse Higuchi Shinji la gérer presque du jour au lendemain. En réalité Anno travaille dans son coin sur le final et sa revanche suprême sur ses commanditaires : revenir au dernier moment, quand il est trop tard pour tout changer, et imposer son
Yamato sous les mers dans l'espace.
Ce qui au final explique la structure très inégale de la série. Les premiers 6-8 épisodes correspondent à ce qui avait été prévu avant que Anno prennent vraiment les choses en main, la suite jusqu'au 22 c'est Anno seul maître à bord. L'ile et l'Afrique c'est Higuchi qui fait ce qu'il peut pour satisfaire la NHK et les 5 derniers épisodes c'est Anno qui revient triomphant pour faire la série qu'il a toujours voulu faire.
Et la Gainax a quand même fini la production dans le rouge. Anno étant Anno il a refusé de mégoter sur la qualité de l'animation quand il était là, surtout pendant les batailles. Et la Gainax n'ayant produit la série qu'en qualité de sous-traitant, malgré le fait qu'ils ont fait tout le travail créatif avec, ils n'avaient aucun droit sur la série et donc ne touchent aucun yen sur les rediffusions ou les éditions vidéo.
Je ne crois pas que les trois bibles développées par Miyazaki soient publiques mais il ne reste probablement pas grand chose de son projet passé des éléments iconiques comme la pierre bleue ou Nemo et le Nautilus. Les réécritures successives, Anno et le chaos de la production ont du effacer le reste. J'en veut pour preuve que
Nadia est une série qui est tout sauf Miyazakienne dans l'âme.
Si tu ajoutes à ça le fait que Anno a au départ hésité à reprendre les rênes de la série justement parce que c'était à l'origine un projet de Miyazaki qu'il admirait tant, ta vision prend sérieusement du plomb dans l'aile.
Pour revenir à ce que disais Sora, à mes yeux la meilleur preuve de la qualité exceptionnelle de la série est le fait qu'elle arrive à encaisser 12 épisodes à la suite, un tiers de sa durée !, qui oscillent entre le correcte et les abimes de la médiocrité et pourtant finir comme étant indiscutablement la meilleur série d'animation du genre. N'importe quelle autre série aurait été écrasée et broyée par le poids des épisodes de l'ile et en Afrique,
Nadia arrive à les faire passer pour un accident de parcours presque oublié une fois le 39e épisode terminé. Ça en est admirable.
Deluxe a écrit:Nadia la première vraie icône féminine de la culture otaku
Tu disais ?
(et sinon Lynn Minmay et Mori Yuki)