J'ai fini de visionner la série ce matin, et je suis déçu. Non pas d'une déception de façade telle que nous l'avons devant l’énième série générique pas très intéressante, mais une déception profonde devant une série qui a des éléments plus qu'intéressants, quelque chose à dire, et qui au final fait des choix tous plus douteux les uns que les autres.
Je sais ce que vous allez me répondre, "il aurait fallu plus d'épisodes". Ca a été la première réaction de Kyouray quand nous en avons discuté rapidement sur IRC. Réflexe que, à rebours, je conçois totalement vu que je fais souvent pareil vis à vis d'Ergo Proxy. Je pense donc que, oui, il aurait fallu plus d'épisodes, surtout quand l'on apprend que de grosses parties des romans de base ont sauté. L'une des force de la série vient de ses personnages globalement atypiques dans leur mise en scène (non pas dans leur fonctionnement, des personnages comme Enlike ou Volken, nous pouvons en croiser dans d'autres séries ; Hamyuts mis à part, j'y reviendrais). C'est la que le bas blesse en premier. L'intrigue est volontairement décousue, préférant se centrer sur la présentation des personnages pour nous faire découvrir l'univers et les intrigues derrière au compte goutte. C'est ici que je vois le premier paradoxe de la série et en spoil svp,
dans le sens ou l'on attend des réponses qui tardent énormément à venir (sans oublier le faite qu'elles soient très convenues "oh, les archivistes et le culte sont liés ? Non sans dec"), et que donc l'on patiente en se mangeant la vie de personnages. Personnages qui, dans leur grande majorité, vont clamser à un moment donné et dont on se branle plus ou moins. Ceci dit, il faut avouer que ces moments de présentations sont franchement fantastiques en eux même, que ce soit Mokkania, Enlike, Noloty évidemment avec cet épisode 20, ou même Colio. Cela fait partit de ce que j'appellerais la "schizophrénie" de la série.
Pourquoi est ce que je dis cela ? Parce que l'on peut dire, à la vision de la série, que les faiblesses du roman apparaissent au grand jour. L'auteur a balancé volontairement des rochers dans la mare, ouvrant des idées, des possibilités très intéressantes, et s'en coupe totalement, ferme la vanne de facto dès les prémisses, soutenu qu'il est par son concept des livres-âmes. J'ai eu ce sentiment dérangeant qu'il n'avait fait que balancer des personnages avec des destins tragiques parce que ça fait
cool, et qu'il a ensuite procédé à un retcon monstrueux afin que tout ait une logique apparente lors des révélations finales, que chaque agissement des personnages trouve une raison d'être.
Ce qui me fait arriver au second point gênant, ce scénario qui m'a déplu pour deux raisons. La première, d'ordre personnel, est que cet espèce de plan géant inversé s'est déjà vu dans des oeuvres antérieurs (je pense notamment à l'excellent cycle de L'arcane des épées de Tad Williams) et ce de manière bien mieux faite que ce qu'on nous sert ici. La seconde, d'ordre technique, est que la série manque d'épisode, une fois encore. J'aimerais vivement lire les romans pour voir ce qu'il en est dans ceux ci, parce que je sens qu'il y a eu une certaine difficulté à compacter le tout en une série de 27 épisodes (ce qui ferait, bien évidemment, réduire mon degré de mécontentement à son égard). Ce n'est qu'une impression, mais elle est tenace.
Pour en revenir au personnage d'Hamyuts, que nous allons aussi passer sous le sceau du spoil,
la première chose qui m'a frappé une fois fini la série est le profond malaise que j'ai éprouvé à l'encontre du personnage. Certes, elle est classe, certes, elle est top badass ou ce que vous voudrez. Mais de mon point de vue, son statut de personnage féminin n'est, à posteriori, mis en place que pour des raisons de fan-service. Fan-service d'ordre coquin et totalement passable quand elle se balade chemise ouverte, fan-service que j'ai trouvé particulièrement vicié durant l'épisode 26 ou nous apprenons que toutes ses actions d'auto-destruction n'existent que parce qu'elle a été "conçu" par Makia (je suis plus sur du nom, l'ancien adjoint) dans le but de prendre du plaisir à la souffrance. C'est énormément mis en exergue dans son combat contre Ruruta ou elle nous fait un espèce de show que ne renieraient pas les canons du Hentai ou elle cherche la provocation avec une lourdeur sexuelle absolument pas déguisée. La ou je veux en venir, c'est qu'Hamyuts aurait très bien pu être un homme, sans que cela ne change quoi que ce soit à la série, mis à par donc ses deux niveaux de fan-service cité plus haut, et, de la, avoir un personnage féminin "top badass qui massacre des gens on avait jamais vu ça omg trop cool". Cela renvoi à cette idée de cool forcé cité plus haut, qui me déplait quelque peu.
Il y a d'autres trucs qui m'ont fait tiquer dans la série (la présence des monstres dans les couloirs de la bibli, da fuck ?), les personnages secondaires qui crèvent au petit bonheur la chance (et qu'on ne vienne pas me dire que Feezkiee est moins intéressant que Gamo ou l'autre lourdeau qui se change en acier), et qui ont des personnalités de surface totalement tronquées, par manque de place encore une fois (pourquoi Feezkiee est il un militaire bas du front, pourquoi le gamin dont j'ai mangé le nom est il un petit con de service qui mérite sa paire de baffe à chaque rare ligne de dialogue qu'il a ?). Le tout fait qu'on s'immerge dans des relations entre personnages surréalistes du faite du cadre, tronquées du faite des livres, et finalement utilisés de manière simpliste en guise de happily ever after.
A coté de ça, j'ai trouvé la série éminemment sympathique sur pas mal de points, notamment une ambiance très spécial qui m'a accroché, le décor somewhat fin 19ème-début 20ème plaisant (notamment dans la dégaine des personnages, des armes). Il y a eu un travail formidable pour rendre le tout palpitant et nous ne pouvons que saluer le génie de certains épisodes. La justesse des dialogues par moment et la mise en scène efficace (sans parler d'une animation qui, quand elle se lâche, est franchement bonne). La musique m'a aussi beaucoup plu, avec des morceaux de classique, surtout de violons, qui rythment bien l'ambiance et donnent un caché supplémentaire au tout.
Mais je ne peux m'empêche d'y voir du potentiel gâché par un ton ouvertement différent qui n'hésite pas à mettre des lattes dans les codes usuels pour finir sur une fin shonen au possible ou l'Amour, le Courage et l'Amitié brillent au firmament. J'ai trouvé cette conclusion passablement fainéante donc, pas mal faite, pas inintéressante, mais avoir fait tout ce chemin pour en arriver la...
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Pour conclure, Matt pète la classe. Plus sérieusement, la série est vraiment sympathique à suivre, plaisante, renforcée par un cast de personnages haut en couleurs et appréciables dans son ensemble, et avec des moments forts et bien trouvés. Que l'on ne se méprenne pas sur tout ce que j'ai dis, j'ai aimé, c'est juste que j'ai moins aimé que ce à quoi je m'attendais, et je pense que tout cela vient d'une construction difficile, voir un boulot d'adaptation pas évident (j'hésite à insister sur le contenu des livres, mais ne les ayant pas lu, je me garderais d'en faire trop sur le sujet). Tout ça pour dire que la série est à voir, franchement, malgré certains défauts qui sautent à la gueule, et que le plaisir est la (et c'est bien ce qui nous intéresse en priorité).
PS pour tetho : quand je parlais du premier opening, j'entendais
celui ci, et pas le "second" ou la musique reste la même mais les images changent. Il n'est utilisé que durant les 4 premiers épisodes.