[auteur]Jiro Taniguchi

[Gemini]

J'ouvre le sujet, je viens de découvrir cet auteur. Bon, "découvrir" n'est peut-être pas le mot juste puisque j'en avais évidemment entendu parler depuis des lustres, mais c'est la première fois que je lis une de ses séries, un grand merci à la bibliothèque de ma fac.



Hiroshi Nakahara, 48 ans, marié et père de deux filles, rentre d’un voyage d’affaire à Kyoto. S’assoupissant dans le train, il s’aperçoit s’être trompé de ligne : le voilà en route pour sa ville natale. Curieusement, il se surprend à se réjouir de cette petite erreur, et décide d’en profiter pour revoir son ancien quartier, et aller se recueillir sur la tombe de sa mère. Là, il s’endort.
A son réveil, les choses autour de lui semblent différentes, il se sent plus léger, comme rajeuni. Il vient de se réveiller dans la peau d’un jeune homme de 14 ans : lui, en 1963.

Je sais que cela peut paraître étrange – cela fait une redite avec Ai Yazawa – mais je n’avais jamais lu de manga de Jiro Taniguchi avant Quartier Lointain. Cela ne s’était peut-être jamais trouvé, ou – plus sûrement – j’avais peur d’être confronté à un exercice de « branlette intellectuelle » comme je ne les supporte pas ; il faut dire que c’est un auteur réputé « haut de gamme », et ce genre-là, je m’en méfie toujours.
Je n’aurais pas dû. Attention, ce n’est pas « je n’aurais pas dû lire du Jiro Taniguchi » mais bien « je n’aurais pas dû me méfier ». Car Quartier Lointain, c’est bien.
Déjà, le trait du mangaka est très agréable à l’œil. Chaque case est bien remplie, plus que dans la grande majorité des manga, ce qui ferait passer son travail pour une bande-dessinée européenne ; Taniguchi semble prendre son temps pour dessiner, pour créer ses atmosphères, et cela se ressent dans son style narratif. Quartier Lointain dégage une véritable poésie, une légère mélancolie issue du regard porté par un homme sur son passé ; il se prend à regretter ses jeunes années où tout était possible, où il aspirait au changement – alors que nous le découvrons, une fois adulte, souvent ivre et passéiste vis-à-vis de ses filles – et où, finalement, il n’avait pas trop à s’inquiéter.
Avec Quartier Lointain, Jiro Taniguchi tisse une histoire toute en finesse, agréable à feuilleter, et pourtant lourde de sens. Un plaisir de lecture qui me fera sans aucun doute tenter de nouveau des œuvres de cet auteur.

[Gemini]

En rentrant de son travail, exténué, Kazuhiro Kubota percute Takuya, un jeune lycéen à moto. Gravement blessés, les deux hommes sont emmenés, comateux, à l’hôpital. Et Kubota meurt.
Ou du moins, son corps. Son esprit, lui, se réveille dans le corps de Takuya. Ne comprenant pas ce qui lui arrive, il veut à tout prix entrer en contact avec sa femme et sa fille.

Les œuvres de Taniguchi semblent transporter des sentiments à la fois doux et tristes, et Un Ciel Radieux en est l’expression parfaite. Ici, un homme se voit attribuer une seconde chance, pour demander pardon à sa famille de l’avoir délaissée au profit de son travail ; parallèlement, il va découvrir le petit monde de Takuya, le garçon dont il usurpe – bien malgré lui et pour une durée qu’il sait déterminée – l’identité.
Une nouvelle fois, c’est un manga plaisant à lire, poétique, et mélancolique, servi par le dessin fin et détaillé de Taniguchi. Et comme dans Quartier Lointain, les propos sont orientés autour de la famille, et du changement de point de vue ; c’est bien, mais j’espère qu’il change de thèmes dans ses autres ouvrages, et que j’ai juste commencé par deux un peu similaires.

[Nemo]

Ne continue pas tout de suite avec Le Journal de mon père, car c'est encore du même style.
Si tu veux changer, je te conseille les aventures de Seton le naturaliste, ou le Chien Blanci (beaucoup plus accès action) - mon préféré chez Taniguchi (et l'un de ses titres les plus décriés, sans doute car il a changé de type d'histoire).
Certains adorent le Sommet des Dieux (sur l'alpinisme), mais je le trouve d'une lenteur extrême et il m'ennuie un peu. Sur le mêm sujet, je te conseille plutôt le one shot K.
Encore différent, Kaze no Shô, est une histoire de samurai. C'est pas extraordinaire, mais les talents de conteurs de Taniguchi rendent l'histoire très convenable.

[Gemini]

Le prochain, c'est Le Sauveur. Après, j'aurais fait le tour des manga de Taniguchi proposés par ma BU ^^'

[Gemini]

Shiga est gardien dans un refuge, dans les Alpes Japonaises. Il a promis à son ami Sakamoto, mort lors d'une ascension, de toujours veiller sur sa femme et sa fille. Ainsi, lorsque Yoriko fait appel à lui pour l'aider à retrouver Megumi, il n'hésite pas et part pour Tokyo.
A Shibuya, sur les traces de la jeune disparue, il va être confronté à une réalité qu'il ne connait pas.

Taniguchi signe ici un manga dans son genre habituel.
Mine de rien, celui-ci traite de sujets assez graves : il montre le "lolicon" dans sa réalité la plus crue, et nous parle d'une jeunesse déstabilisée, désorientée face au monde de leurs parents ; des thèmes rarement évoqués, ce qui suffit à rendre Le Sauveteur intéressant. Mais ce qui le rend prenant, ce sont avant tout l'enquête - certes simpliste - et le personnage de Shiga. Je peux dire que j'ai bien aimé.

[bwarfff]

j'ai lu un zoo en hiver. Je ne saurais dire si c'est sa meilleure œuvre car c'est la 1ere fois que je lis taniguchi.
Un zoo en hiver se lit tout seul, sans problèmes. L'histoire nous montre le parcours d'un jeune homme qui démissionne pour être mangaka à Tokyo, ville où le soir il fait quelques virées quand il est pas HS de ses journées.

J'ai beaucoup aimé, le perso est très juste, et le dessin whaaa, superbe

Je vais surement me pencher sur Quartier Lointain.

[Nemo]

Après quelques œuvres un poil décevantes à mes yeux, j'avoue avoir été aussi particulièrement séduit par un Zoo en hiver. Je préfère toujours Blanco chez cet auteur, mais il y a quelques autres extraordinaires perles dans sa bibliographie.

[cubeimage]

Je me souviens de l'expo qu'il y a eu à Bruxelles l'an dernier, j'avais fait le déplacement et j'avais vraiment été séduit.
Pour ma part je reste un grand fan d'Icare.

[Kiyoharu Togawa]

Sky Hawk


Un manga de Jiro Taniguchi en 1 tome chez Casterman que j'ai lu récemment.L'histoire raconte le destin de Hikosaburô et Manzô deux samouraïs ayant fuit le Japon lors de la restauration Meiji.Après avoir rejoint les Etats-Unis ils commencent une vie tranquille et naturelle, jusqu'au jour ou ils recueillent une indienne venant d'accoucher avant d'être attaqués par de chasseurs de primes et être à leurs tour recueillis par les indiens Oglaglas.Nous suivons donc le destin de ses hommes et de leur nouveau mode de vie dans cette tribu qui leur rappelle par bien des aspects le code d'honneur des samouraï.

Ce que j'en ai pensé :

Taniguchi s'aventure sur un terrain ou on ne l'attend pas.Comme l'explique très justement Moebius dans la préface de Sky Hawk, cette partie de l'histoire et le western en général, sont loin d'être à la mode au Japon...D'où le risque de dessiner et de publier des récits de ce type.

Un pari que relève avec brio Jiro Taniguchi !
Passé la première impression il est vrai bizarre de suivre les pérégrinations d'un duo de samouraïs au sein d'une tribus d'indiens Oglaglas, les pages se laissent tourner avec plaisir, pendus que nous sommes à la plume de l'auteur.
Encore une fois, comme dans ses autres oeuvres Taniguchi excelle dans la description souvent touchante, de la vie des protagonistes de ses histoires.

[Kiyoharu Togawa]

Dans le gourmet solitaire nous suivons les pérégrinations d'un homme d'affaires au fil de ses déplacements pour son travail.Chaque histoires nous permet ainsi de découvrir un nouveau lieu et de nouveaux plats typiquement Japonnais, ce qui sera l'occasion pour ce gastronome d'observer le comportement des clients ou de se remémorer avec nostalgie des passages de sa vie.
Comme ça, c'est un manga qui ne paie pas de mine, mais c'est sans compter le talent de Jiro Taniguchi.Toujours aussi brillant pour décrire la vie quotidienne de ses personnages de fiction...cela lui permet aussi par moment de glisser quelques messages sur la disparitions des petits commerces par exemple.Ce n'est peut être pas la meilleure oeuvre de cet auteur, mais ça se laisse lire sans problème et sa donne faim !

Pour parler des titres déjà cités, j'ai lu un zoo en hiver ( mon premier Taniguchi ).J'ai moi aussi particulièrement aimé cette histoire et elle ma poussé à découvrir les autres mangas de cet auteur.Celui que je place au dessus de tout les autres c'est Quartier Lointain.Gemini en parle très bien dans son premier message, un récit fort et poignant qui réussit à nous rendre nostalgique d'une enfance que nous n'avons pourtant pas vécu.
Une autre histoire que j'ai apprécié c'est Sky Hawk, plus orientés action et qui nous emmènent sur les territoires Indiens.J'ai déjà expliqué ce que je pensais de ce titre dans le sujet : Avis sur nos derniers manga ( je n'avais pas remarqué qu'il y avait un sujet spécial Jiro Taniguchi, désolé... ).

C'est tout pour l'instant en attendant évidemment de lire d'autres titres de ce mangaka.

[Merlin]

Les descriptions de Sky Hawk et tout le mode de vie des indiens sonnent juste ou il y a parfois du cliché?

[Kiyoharu Togawa]

Les descriptions de Sky Hawk et tout le mode de vie des indiens sonnent juste ou il y a parfois du cliché?

Sans être un spécialiste de ce sujet, j'ai trouvé le récit très détaillé.Jiro Taniguchi indique en postface qu'il voulait faire un manga Western depuis longtemps.Il avoue avoir était influencé par de nombreux ouvrages et par les bd Européenne et films Américain.

L'histoire prend place dans les années 1870 montrant le conflit avec le gouvernement intéressé par les terres sacrées Indienne et la ruée vers l'or, jusqu'à l'affrontement avec les troupes du général George Armstrong Custer lors de la bataille de Little Big Horn.

En ce qui concerne la vie quotidienne des Indiens, elle me semble fidèle.Allant de l'importance de la chasse des bisons, aux migrations pour suivre les troupeaux en passant par le shamanisme, puis les paysages sont magnifiques... bref j'ai beaucoup aimé ce titre.

[Nemo]

Le début de la suite inédite de Blanco sortira chez nous le 10 février prochain, chez Sakka, sous le titre Blanco (tome 3). Infos sur le site de Sakka ou de Casterman.

ENFIN !

[Gemini]

Trouble is my Business T1 : Malgré une charge dramatique parfois trop pesante, je ressors avec une bonne impression de ce manga de jeunesse de l'auteur, qui n'a pas été sans me rappeler City Hunter ; je ne serais pas étonné d'apprendre que Tsukasa Hôjo et son scénariste (puisqu'ils sont deux sur ce manga) aient eu les mêmes références et les mêmes sources d'inspiration. Le dessin est superbe, j'apprécie le personnage principal, j'ai bouclé ce premier tome d'une traite.

[Aer]

Ice Age - Chronicle of the Earth -.

Je commence à avoir un problème avec Taniguchi. Plus le temps passe et plus il me fait penser à un Kubrick du manga. Je veux dire, quel intérêt de lire de la SF jap après avoir eu ceci entre les mains ?

Dessins, histoire, composition, mise en page, développement, construction de l'univers... Tout est quasi parfait, frétillant de plaisir malgré l'age du manga (prépublié en 88). Tout au plus pourrait on lui reprocher l'utilisation d'un personnage principal répondant facilement aux canons du manga : un jeune homme perdu qui va se retrouver devant ses propres responsabilités - très Honneamise d'ailleurs. Et même ça, il arrive à s'en défendre dans la préface de l'ouvrage.
Le gros gros point fort, c'est les décors, que ce soit ceux de la base sf en plein avec ces traits partout et ces perspectives que ne renierait pas Nihei, puis ces décors de la banquise qui sont juste incroyables de profondeur de champ, de majesté.

Je n'ai lu que le premier tome pour l'instant, selon ces dires la suite laisse des trucs en plan parce qu'il n'avait pas pu terminer, mais c'est déjà complètement un classique à posséder et à lire.

En fait, tant qu'il ne fait pas ces trucs de manga contemporains chiants, cet auteur me plait vraiment.

[Tetho]

Ha c'est sorti chez nous ça ?

Tu ne pourras probablement pas y aller, mais il y a en ce moment une expo dédié à Taniguchi à Versailles. C'est plutôt pas mal. Le début ne donne pas confiance, avec l'exposition de plein de reproductions de planches VF de mauvaise qualité, mais plus tard il y a pas mal d'originaux. Y compris des trucs qui changent de ce qu'on croit connaitre de lui. Il a illustré au japon des polar noirs hardboiled à coup de privés en imper que 'aurait pas renié un Dick Tracy
Je recommande à tout ceux qui peuvent d'y faire un tour.

[Gemini]

Il a illustré au japon des polar noirs hardboiled à coup de privés en imper que 'aurait pas renié un Dick Tracy

Comme dans Tokyo Killer et Trouble is my Business, tous deux disponibles chez Kana

[Aer]

Les deux tomes sont sortit courant de l'année dernière chez Kana. D'ailleurs, l'édition est grand format (23.5x17 si je ne dis pas de conneries), avec doublage de couverture en papier cartonné à grain, très beau et très agréable.

[Aer]

Ice Age - Chronicle of the Earth -, volume 2.

Suite et fin de ce dyptique SF de Taniguchi.
Je dois dire que j'ai été très surpris par la tournure de celui ci. D'entrée le lecteur a l'impression qu'un long moment s'est passé tant l'univers a subit des changements drastiques. Le propos est aussi bien plus éloigné de ces personnages, donnant au récit sa force d'évocation via le poids de son passé.
Niveau graphismes ça donne toujours autant, voir encore plus (il faut voir les Nave écrasés avec la forêt autour, planches de malade mental). Mais je regrette un peu la "perte" de l'élément glacial.
Bon après il a complètement craqué lorsqu'il nomme les "ennemis"

[Montrer] Spoiler

des ADOLF xD

. Je sais pas d’où lui est venu une idée pareil, surtout avec la justification qu'il donne, mais bon.
La fin n'est pas si brusque ou inachevé que ça, le moment d'arrêt est plutôt bon en soit même. Après avec des prémisses pareil, sur qu'il aurait pu en faire cinquante mais ce n'est pas un mal d'avoir un récit - relativement - court.

Toujours recommandable et recommandé en tout cas.