de Zêta Amrith le Sam 28 Oct 2023, 00:42
PLUTO
Vu la moitié pour le moment, mais pas besoin de plus pour écrire mon avis sur ce mastodonte de huit heures.
Tout simplement car cette version animée de PLUTO n'est qu'une retranscription extrêmement fidèle, scolaire, recourant littéralement à du case par case, du manga de Naoki Urasawa. Comme Monster en son temps, il s'agit moins d'une adaptation que d'une transposition exhaustive du matériel ; on trouvera donc une frange du public pour saluer ce loyalisme quasi religieux, et une autre pour reprocher à la production Netflix de ne rien apporter de plus que l'original publié il y a déjà vingt ans. En fait, le mimétisme est si poussé que chacun des huit épisodes adapte un tome tout rond, et bien que mes souvenirs soient parcellaires, j'ai eu l'impression que pas une seule scène ne manquait à l'appel. Même s'il entraîne quelques redondances, comme des informations répétées sans raison là où un découpage chapitré les justifiait davantage, c'est un choix qui confère à PLUTO une accessibilité internationale. J'ai opté pour la VF, d'une part pour varier les synonymes et car j'aime bien le casting - Jean-Pierre Michaël (Brad Pitt, Timothy Olyphant), Guy Chapelier (Scott Bakula)... - et le résultat est convenable. A noter qu'Atom y est appelé Astro.
Techniquement, j'aurais imaginé une photographie beaucoup plus sombre, mais ça reste du travail sérieux et appliqué. Les moyens sont là, c'est une production M2 de qualité supérieure à la moyenne actuelle, sans temps mort ni ruses d'animation. Les CG, qui étaient omniprésents dans les bandes-annonce, sont moins criards une fois répartis dans d'énormes segments. Quant à l'enrobage, il est classieux exactement comme on le souhaitait : pas de j-pop débile mais un morceau jazzy en guise de générique de fin, pas d'opening adolescent à la Sunrise mais une brève intro à l'américaine inspirée des films Marvel et qui dégage une puissance digne d'un vieil Otomo. La musique fait ce qu'on attend d'elle, sans trop s'abandonner aux petites mièvreries dont l'animation japonaise contemporaine est coutumière. De la belle ouvrage, d'où le génie et la vision sont absents, mais qui témoigne d'un respect presque solennel du réalisateur.
En fin de compte, PLUTO est juste la définition la plus cristalline qui soit du manga animé. C'est le manga, mais animé. Or je crois qu'on a déjà dit tout le bien qu'on pensait de ce titre, au passage né la même année que l'extraordinaire Astro Boy 2003. PLUTO c'est le souci du détail d'Urasawa qui rencontre la puissance thématique sans pareille de Tezuka, l'improbable rencontre entre deux auteurs issus de deux mondes différents et que rapproche l'envie de faire quelque chose du média "manga" qui aille au delà du passe-temps fétichiste. C'est l'émotion de lever le voile sur des aspects méconnus de Astro Boy, qui représenta pour des générations entières la substance vitale de l'animation japonaise. C'est le bilan d'un monument de la pop culture, qui illustre les prolongements invisibles que produisit l'oeuvre sur la SF japonaise, c'est tout ce qu'un Gundam Unicorn ne sut pas être pour Gundam. Comment passer à côté d'une telle référence.