Sincèrement après Tenki no Ko qui m'avait relativement peu intéressé (la redite avec Your Name était forte) et le naufrage de Hosoda sur Belle mes attentes étaient au plus bas, j'ai d'ailleurs balancé à la volée avant de me mettre en route
"Allez en route pour Your Name 3 et le dernier concert de Radwimps"
Et non.
Pourtant le début n'était pas si engageant, la ville rappelle Your Name (la baie et le profil escarpé), un des premier dialogue c'est "Wow quel ikemen !", et finalement l'appel du destin surgit* et Suzume part à l'aventure pour sauver la mémoire de sa mère / le beau gosse / le Japon.
*
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la justification ultérieure est satisfaisante
Dans le parc d'attraction abandonné j'ai eu des souvenirs vieux de 13 ans de Fragile Sayonara Tsuki no Haikyou, le passage dans la réception étant étrangement similaire à une des zone visité du jeu, très vite je me demande donc si le message du film est en rapport avec le devoir de mémoire, le temps qui passe, la ruralité qui se perd face à l'urbanisme, l'éphémérité des choses... tout semble l'indiquer en tout cas.
Et non.
On part finalement dans un voyage guidé par Twitter et des photos de chatons, d'un seul coup Suzume fonce prendre son JR pass avant l'augmentation de tarif de 70% (c'est une blague, les japonais n'y sont pas éligibles je sais) et le road trip démarre, les ruines ne sont plus qu'un prétexte (la première près de Miyazaki restant la plus belle dans ses backgrounds, son exploration, et le positionnement de sa porte) on sent le besoin d'évasion adolescent, la relation familiale quelque peu distendue, et un peu de comédie s'insère ma foi plutôt bien dans l'ensemble.
Progressivement je commence à me demander si l'on est pas parti pour parcourir le Japon du sud au nord, Miyazaki, Ehime (je suppose que c'était Matsuyama vu que c'est la seule liaison en ferry), Kobe, Tokyo puis un objectif plus évasif encore au nord.
Et non.
A posteriori je me pose la question si l'objectif n'était pas de retracer
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l'ensemble des grands tremblements de terre du Japon (Kobe, Tokyo, Fukushima sont assez évidents) et le devoir de mémoire qui s'y associe, mais rien trouvé de spécial lié à Miyazaki et Ehime
Donc non plus, puis le film subvertit un paquet de tropes de personnages d'un seul coup et on en remet une couche sur le road trip en se demandant si Shinkai ne s'est pas farci Final Fantasy XV dernièrement, le tout mâtiné de JPOP vieille d'un demi siècle, assez surréaliste
Lorsque la question est alors posée frontalement, on pense que l'intrigue va alors se focaliser sur la damsell in distress d'une romance qui jusqu'ici fonctionnait moyennement, tout au plus a-t-elle le mérite d'intervertir les rôles habituelles.
Mais non.
Le gloubiboulga autour de la mythologie/fantastique du titre nous demande ensuite très fort de hausser notre seuil de suspension consentie de l'incrédulité, il n'y a pas de cohérence particulière à en tirer, l'histoire entière repose
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Sur un dieu farceur qui change d'avis, un autre, Sodaijin qui surgit tel un deus ex machina, ne respectant pas la logique interne du film expliqué auparavant avec Daijin, et une personnification des frictions de plaques tectoniques sous la forme du Mimizu, le tout avec une grosse baston chat vs ver relativement plaisante à voir dans sa démesure mais avec assez peu d'investissement émotionnel au vu des participants.
Et puis bien sûr une boucle temporelle à honorer pour Suzume
Et puis bien sûr une boucle temporelle à honorer pour Suzume
Et merde tout cela était donc de nouveau un film post Fukushima, les indices étaient là assez tôt avec une Suzume qui n'avait pas d'accent du sud (c'était plutôt marrant d'avoir une pelleté de personnages qui parlent, j'imagine, du Oita-ben, Shikoku-ben & Kansai-ben, bref des gens du sud putaing), la mythologie autour des tremblements de terre puis cette fuite inexorable vers le nord avant que ne soit distillé les dernières preuves manquantes
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Quelques heures de voiture au nord de Tokyo, une digue anti-tsunami au détour d'un plan puis un camion avec des terres contaminées
Cette fois au contraire de Your Name le sujet est taclé de la façon la plus frontale qui soit, c'est au final le fil conducteur majeur de l'histoire et la progression narrative sur le sujet est traitée avec amplement assez d'efficacité pour que les dernières scènes fonctionnent, on est pas dans une série Mari Okada ou, pire, du Key.
Ce n'est au final toujours pas l'excellence pour Shinkai, trop de détails s'accommodent plutôt mal d'un regard critique à posteriori, mais le film a un rythme non stop, presque frénétique, qui gomme la plupart de ses défauts pendant un premier visionnage alors que l'on accompagne Suzume durant son voyage (agrémenté d'une pause big mac, parce qu'il faut bien) et ses pérégrinations carte postale "wow des mandarines à Shikoku !" "wow on voit le Mt Fuji depuis le Shinkansen" "les chatons c'est mignon" "le karaoke avec des vieux salarymen c'est fun !"
Suzume en premier visionnage c'est avant tout ça, un voyage et des rencontres captivantes ou l'intrigue principale ne sert que de prétexte en toile de fond sans captiver, un enjeu majeur qu'on peine à cerner jusqu'au dernier quart du film mais qui atterrit plus ou moins sur ses pattes à la fin quand même
Maintenant Shinkai ne pourra pas réutiliser les mêmes éléments exogènes à ses films ad vitam aeternam avec la même réussite (sans parler d'éléments directement repris d'Hoshi wo Ou Kodomo), il serait alors plus un témoin metteur en scène (redondant en sus) qu'un vrai pur créatif, en même temps ce n'est peut être pas son ambition non plus, et avec Ghibli en état catatonique et Hosoda qui s'est perdu c'est peut être un mal pour un bien en l'état actuel des choses.