Tu ne l'as pas ressenti dans le premier film ? Malgré tous les plans et toutes les scènes urbaines ?
Rien que dans la 1e scène d'action après le générique, lors de l'intervention de la 2e Brigade contre le Labor incontrôlable, qui place l'action dans un quartier populaire empli de petites baraques en bois serrées les unes contre les autres, comme si elles dataient d'un autre âge, et au milieu desquelles évoluent de manière totalement paradoxale deux machines à la pointe de la technologie, avec en fond l'omniprésence des gratte-ciels du centre ville.
Cette seule scène suffit à personnifier le contraste urbain, entre passé et présent.
Et puis tous ces plans où les inspecteurs Matsui et Kataoka enquêtent sur les adresses successives de Hoba Eichi : les plans d'Oshii mettent en évidence le contraste entre certains quartiers de la ville, étriqués, vétustes, délabrés, sombres et la ville moderne, hyper technologique et lumineuse. Deux facettes de la même ville, personnifiés par des décors plongés dans l'ombre ou la lumière.
Non, assurément, Patlabor n'est PAS une série de robots.
L'étude des origines de la saga/du manga prouve d'ailleurs que ce n'était pas l'idée directrice qui a présidé l'élaboration des personnages et du scénario.
Les vrais héros dans Patlabor, ce sont d'abord les personnages, et ensuite la ville, dans tout ce qu'elle a de tentaculaire, de paradoxale, d'insensé, de démesuré. C'est très visible dans le premier film, les premiers OVA, et un peu moins dans les autres Anime de la saga.
Le Projet Babylone, qui sert de background au manga, aux OVA et à la série TV, est la forme la plus évidente du contraste entre la technologie moderne et l'urbanisme galopant qui en vient à défigurer la nature pour les besoins de l'homme.
Patlabor, en fait, c'est l'histoire de personnages qui évoluent dans un milieu pris entre modernité et archaïsme, la façon dont ils appréhendent ce milieu en pleine mutation, et la façon dont ils perçoivent et gèrent eux-même cette mutation. Ce n'est peut-être pas ce qui transparaît au premier visionnage, ou qui est le plus visible (car sinon, ça n'aurait jamais autant marché auprès du public), mais c'est bel et bien la véritable nature de la trame de fond.
OK, le contraste entre modernité et tradition est déjà un des aspects les plus connus du Japon, mais l'univers de Patlabor les amplifie, les exacerbe. Mais n'est-ce pas là l'un des buts de la Science Fiction ? Utiliser des aspects contemporains et les projeter dans l'avenir afin de les amplifier ?
Et sinon, comme ça a été annoncé dans
ce topic, il y a un projet de film Live de Patlabor en cours au Japon. Attention, il ne s'agit ni du projet avorté de Christophe Gans, ni du court métrage de 1998.
Les spéculations vont bon train parmi les fans sur des questions comme "qui réalisera le film ?" ou "qui seront les interprètes ?".
Perso, j'ai peur. Les adaptations d'Anime en Live étant généralement de prodigieuses bouses, avec très peu de réussite, le pire est à craindre. Enfin... Mieux vaut envisager le pire dès le départ. Ainsi, si le film s'avère meilleur que ses pires pronostics, ça ne pourra être qu'une bonne surprise.