10 ans après sa sortie, et en prévision d'un revisionnage de
Casshern Sins, j'ai enfin vu
Saint Seiya Tenkai-hen Josô ~Overture~aka le prologue d'une suite qui ne se fera jamais, laul on est trop des goufs à la Toei
Le plan du film que je retiendrais plus que tous les autres. gg les mecs
Je crois que je vais avoir un avis de centriste. Ce n'est ni la catastrophe décriée par la moitié des fans à sa sortie, mais ce n'est pas non plus le chef d'œuvre ultime et maudis qu'annonce l'autre moitié. C'est un film très osé vu sa nature, on est pas loin du summum du film de
shônen d'auteur, encore plus qu'Hosoda et son
Baron Omatsuri, un film qui est aussi très beau, mais aussi un film formellement raté, avec un rythme assez catastrophique, une narration sous léxomil® et une plastique assez hideuse.
J'admire le courage de Yamauchi d"avoir tenté d'entrainer
Saint Seiya vers quelque chose de différent et, peut-être, de plus mature. Tenter de s'éloigner des clous avec une franchise aussi rigidement codifiée et avec des fans aussi sensibles que
Saint Seiya c'est prendre des risques. Et ça n'a pas payé vu que le film s'est mangé un mur et une réputation de mouton noir de la franchise.
Le truc c'est que ce film il fait aussi très Yamauchi en roue libre. Yamauchi est très doué, et a un talent pour offrir des mise en scènes poétiques, lyriques ou éthérées. Il sait aussi rendre à merveille la sensation de pesanteur. Mais il a besoin de gardes-fou, de quelqu'un qui lui dise honnêtement quand il part en vrille et se laisse entrainer par le poids de sa vision sans en voir les problèmes. C'était déjà le cas par moment dans des épisodes de
Casshern Sins, là c'est ça pendant une heure vingt ! La narration est lente et confuse (une scène Seiya dit que son corps rejette l'armure de Pégase, deux scène plus loin il la porte, laul; plus tard il se prend un coup puissant d'Ikaros, le plan suivant il est devant Athena qui prend son bain, laul), le rythme est catastrophique et par moment on a l'impression que ça été filmé par un cameraman bourré. C'est à la fois Yamauchi dans ce que son style à de plus marquant mais aussi de plus lourd.
Mais du coup je comprend mieux les fans de
Saint Seiya qui voient dans
Casshern Sins la concrétisation de ce que voulait faire Yamauchi avec son
Chapitre des Cieux. On remplace Seiya qui erre dans le désert et rencontre des gens par Casshern qui erre dans le désert et rencontre des gens, on remplace l'injure faite aux dieux par la mort de Luna et la Ruine qu'elle a apporté et on a plus ou moins la chose.
Il est intéressant de voir du
Saint Seiya avec une telle ambiance, pas
nekketsu pour un sou mais au contraire complètement désespérée. On a l'impression que Seiya est constamment à deux doigts de s'effondrer, vidé de toute ses forces.
Bon, malgré tout même si c'est du
Saint Seiya différent, les poncifs sont là. Athena qui va mourir si les chevaliers n'arrivent pas à temps, Ikki qui sauve Shun, Shiryû torse nu qui nous montre son tatouage, Shaina qui aide Seiya sans en donner l'impression, Seiya qui affronte le premier et le dernier ennemi, ses potes s'occupant des autres (on dit "faire de la figuration" aussi de par chez moi). Malgré tout on reste en territoire connu.
Esthétiquement, je trouve le film assez raté. Attendez, rangez les fourches, je m'explique. Mais si, laissez moi parler...
Le taf d'Araki et Himeno est irréprochable, à quelque plans d'Athena près où elle a des grozyeux assez immondes. Tout est là, les déformations des yeux, les mouvements des cheveux, les poses... Mais par contre le film a des mouvements assez étranges dans leurs timings, on dirait que tout le film se passe en gravité lunaire tant les sauts et autres coups semblent lents. Je sais que
Saint Seiya n'a jamais été une série où on ressentait pleinement les impacts des coups, mais là on dirait les ballerines du Bolshoi qui combattent. C'est probablement plus un défaut du au storyboard qu'à la direction de l'animation, mais de la part d'un Yamauchi qui sait généralement si bien rendre le poids des corps c'est décevant.
Mais mon principal reproche ira à la plastique du film, malgré une palette sublime qui rend tellement bien l'ambiance des scènes le film a un rendu très artificiel qui trahis sa nature d'anime numérique du début du siècle. Entre les persos qui pixélise parce qu'on a mal scanné les
dôgas ou certaines effets vraiment mal intégrés (regardez le premier plan et ses piliers). Et la HD aide vraiment pas le film :/
Et puis il y a cette fin volontairement ambiguë, comme si Yamauchi savait déjà en le finissant qu'il ne réalisera pas sa vision avec Seiya et ses amis.
Au final ? Une curiosité qui mérite clairement son statu de film culte chez les fans
hardcore de
Saint Seiya pour toute son audace et pour ce qu'il a pu leur faire miroiter. Je n'en fais pas parti et j'y vois plutôt un film bancal mais osé qui aura tenté de faire quelque chose de différent de la franchise. Et même si il y aura échoué, c'est un effort à saluer.