Odokawa est chauffeur de taxi, insomniaque et travaillant beaucoup de nuit. Le hasard va le mettre sur la route de clients amenant avec eux leur lot de problèmes.
Studio : P.I.C.S.
Réalisateur : Baku Kinoshita
Durée : 13 x 23 minutes
Année : 2021
Anime à l'excellente réputation, je m'attendais - en raison de son synopsis - a une série où chaque segment / épisode aurait été l'occasion de découvrir un nouveau client montant dans le taxi, et de raconter une nouvelle histoire. Sauf que pas du tout. Odd Taxi est constitué d'un seul tenant, un long récit choral avec comme élément central le taciturne Odokawa, et gravitant autour de lui de nombreuses figures telles que des mafieux, des policiers, des amis plus ou moins proches, des idols, etc... Se faisant, la série m'a parfois rappelé Durarara!, dans sa façon de présenter les aspects parfois peu reluisants de Tokyo. Sans le côté fantastique, et avec moins de protagonistes. Autre différence de taille, le héros est bien plus âgé, montrant que - à l'instar de Kaiju n°8 - le titre se destine à un public adulte, ayant déjà roulé sa bosse et avec une vision moins idéaliste de ce que la vie lui réserve. Mais vous saisissez l'idée.
Le premier élément frappant, c'est évidemment que tous les rôles sont tenus par des animaux. Le chara design n'en demeure pas moins recherché, mais cela permet surtout de reconnaître immédiatement chaque protagoniste ; ce qui aide bien compte-tenu de leur nombre somme toute conséquent. Pour autant, leur personnalité et leur espèce ne sont pas liés, faisant que nous ne pouvons pas prédire l'un sur la base de l'autre.
[Montrer] Spoiler
Le scénario fait le choix de révéler pourquoi les personnages ont cette apparence, ce qui permet au passage de justifier des éléments qui auraient autrement paru incongrus ; comme la cohabitation d'espèces aussi différentes, mais aussi la reproduction inter-espèce ou l'existence d'animaux et de zoos.
[Révéler] Spoiler
Suite à un traumatisme, Odokawa est le seul à les voir ainsi. Ce qui lui offre la possibilité, tout comme nous, de les reconnaître immédiatement. Néanmoins, cela crée d'autres problèmes.
Comment attribue-t-il une espèce à chaque personne qu'il rencontre ? Est-ce basé uniquement sur l'apparence ? A un moment, une fille doit se faire passer pour une autre, et les deux appartiennent bien à la même espèce. Nous pouvons supposer qu'elles se ressemblent suffisamment pour permettre de dissimuler le pot-aux-roses ; mais quelle est la logique derrière cette association à la même espèce, sinon que cela permet de maintenir le spectateur dans l'ignorance ? Conclusion : c'est le scénario et non Odokawa qui choisit. Ce qui explique pourquoi tout le monde apparaît sous la forme d'un animal, même quand Odokawa n'est pas là pour imposer sa vision du monde, même quand il s'agit de personnes qu'il n'a jamais rencontré.
Dans le même ordre d'idée, il s'agit d'une facilité scénaristique. Puisque la reproduction inter-espèce est possible (mise en évidence dès l'épisode 4), cela signifie que les scénaristes peuvent décider que deux membres d'une même famille appartiennent à deux espèces différentes, dans le seul but de brouiller les pistes, de rendre impossible de deviner ces liens familiaux à moins qu'ils nous soient exposés.
Comment attribue-t-il une espèce à chaque personne qu'il rencontre ? Est-ce basé uniquement sur l'apparence ? A un moment, une fille doit se faire passer pour une autre, et les deux appartiennent bien à la même espèce. Nous pouvons supposer qu'elles se ressemblent suffisamment pour permettre de dissimuler le pot-aux-roses ; mais quelle est la logique derrière cette association à la même espèce, sinon que cela permet de maintenir le spectateur dans l'ignorance ? Conclusion : c'est le scénario et non Odokawa qui choisit. Ce qui explique pourquoi tout le monde apparaît sous la forme d'un animal, même quand Odokawa n'est pas là pour imposer sa vision du monde, même quand il s'agit de personnes qu'il n'a jamais rencontré.
Dans le même ordre d'idée, il s'agit d'une facilité scénaristique. Puisque la reproduction inter-espèce est possible (mise en évidence dès l'épisode 4), cela signifie que les scénaristes peuvent décider que deux membres d'une même famille appartiennent à deux espèces différentes, dans le seul but de brouiller les pistes, de rendre impossible de deviner ces liens familiaux à moins qu'ils nous soient exposés.
D'un point de vue artistique, pour donner une identité forte à la série, il s'agit d'une excellente idée. Mais une idée avec ses limites.
Pour rester sur la technique, il s'agit d'un anime soigné, avec une recherche aussi dans les arrières-plans au style parfois délavé, les couleurs assez pétantes, c'est agréable à regarder et participe à donner une patte identifiable à l'ensemble. Nous regretterons, comme souvent, l'utilisation hasardeuse de CGI voyantes pour les véhicules, alors que la série parle d'un chauffeur de taxi. Donc impossible d'y couper, chaque épisode s'accompagne de ces images moches.
Au-delà de l'aspect visuel, c'est vraiment le scénario que je retiens d'Odd Taxi. Celui-ci mélange plusieurs intrigues entremêlées. Si nous pouvons légitimement nous demander comment certaines vont se conclure, et que la dernière révélation nous est assénée juste pour ne pas nous laisser dans le flou (sans qu'il ait été possible de l'exposer de manière plus satisfaisante), aucune n'est non plus follement complexe. Toutefois, elles sont bien tenues du début à la fin, malgré leurs inter-connexions.
Les personnalités variées permettent la mise en place de ces différents fils et leur évolution, même si certains personnages semblent avoir un don pour prendre les pires décisions. Nous suivons essentiellement des personnes précaires, pour certaines noyées dans leurs rêves et leurs désillusions, et contrastant avec un Odokawa excessivement terre-à-terre. Difficile de leur en vouloir d'essayer de toucher les étoiles, mais le réveil risque d'être très brutal pour plusieurs d'entre eux. Résultat, certains passages sont douloureux à regarder, à commencer par un épisode 4 qui semble ajouter la trame de trop, et l'un des protagonistes les plus pathétiques - quoique globalement réaliste.
Cette maîtrise de l'écriture fait que nous ne ennuyons jamais. Maîtrise qui se retrouve dans les dialogues, Odokawa ayant souvent le sens de la réplique ciselée et qui fait mouche. Mais le scénario propose surtout une belle galerie de personnages qui vont se croiser, se lier, se détacher, s'ignorer, pour former un tout cohérent avec de véritables surprises, des trajectoires de vie complexes, et un humour faisant largement mouche.
Pour tout cela, Odd Taxi s'impose comme une excellente surprise.