Anime : Muteking The Dancing Hero

[Zêta Amrith]

MUTEKING THE DANCING HERO



Réalisation : Ryousuke Takahashi et Yuuzou Satou
Scénario : Yuji Kondou
Animation : Tatsunoko Productions et Tezuka Productions

Le jeune Muteki se rend à Neo San Francisco pour retrouver sa grand-mère. A peine arrivé dans la mégalopole truffée d’énergumènes, il est alpagué par DJ (aka DJ), un passionné de musique qui entend bien le révéler pour ce qu’il est au fond de lui : le super-héros danseur Muteking.

En diffusion sur Wakanim.

Le retour de Ryou-chan comme réalisateur, aux côtés de Yuuzou Satou, expert CG maison de Tatsunoko. Ma connaissance de la série de 1980 est très superficielle, se résumant à cinq ou six épisodes, mais on retrouve a priori dans ce remake les mêmes ingrédients qui composaient déjà l'original : le ton constamment absurde, les personnages sans queue ni tête, les créatures ridicules et les couleurs psychédéliques de l'ère "synthpop" - ici en mode neo-retro. Il semblerait que la voie du hors-sujet Gatchaman Crowds n'ait pas été retenue par l'équipe, c'est une MAJ fidèle au concept ; malgré les apparences et le decorum idol 3D, ce premier épisode lorgne vers une forme d'humour old-school basée sur l'hypercaractérisation.

J'imagine aisément que le Pape du real robot aurait préféré travailler sur Heike que là-dessus (sollicité par Tezuka Pro ?), mais je ne cache pas ma curiosité de le voir officier sur cet anime d'ahuris où le héros danse avec un poulpe et dont les méchants sont Steve Jobs et son iPhone. Quasi inconnu, peut-être en provenance du monde des programmes TV, le chief writer paraît n'avoir touché précédemment qu'à une poignée d'anime pour enfants. Il signe en tous les cas un démarrage farfelu comme l'était son modèle, et relativement fonctionnel. Au moins eu égard à ce que la série a l'air de vouloir être, car dans l'absolu, on ne s'attend pas à une oeuvre d'art.

[NiKi]

on a un peu l'impression de voir l'anime que fantasment les fans d'esthétique city pop (l'intro sous fond de plastic love ne contredit pas ce parallèle), ce genre de truc qu'on invoque en mode hommage aux années 80 alors qu'au final ça a jamais vraiment existé, un peu comme le dernier clip de dua lipa sauf qu'ici c'est une vraie série

mais il est vrai que ce rythme presque épilleptiquo-débile n'est pas qu'un fantasme, c'est un humour 80s qui a vraiment existé et ce muteking fait l'effet d'une curieuse bulle temporelle nous renvoyant 30 ans en arrière (j'étais pas né mais franchement que de souvenirs tu vois)

un peu ok boomer sur le fond avec son message en mode c'était mieux avant sans les iphone, les fast foods mais c'était pas totalement désagréable même si ça a bien grillé mon cerveau avec son rythme sans queue ni tête

[Zêta Amrith]

Episode 12 - Fin

Peu gâtée par des dialogues indolents et une forme trop simpliste, Muteking aura persisté à n'être qu'une farce juvénile sans grandes sensations. Bien que la série puise ses racines dans un humour eighties trop rare pour être méprisé, elle ne dispose pas de l'énergie suffisante pour égaler l'époque qu'elle prétend mettre sur un piédestal, entravée par des scripts sans piquant, ainsi que par la qualité d'animation Tezuka Productions, pas la plus cotée du secteur. Les stock-shots à répétition, les mouvements très contenus des protagonistes sont autant d'indices quant au budget restreint dont a dû bénéficier le programme. Bien sûr, les limites narratives étaient inscrites dans la nature même du projet, le remake vite expédié d'un anime lui-même étiré autour d'un concept potache, celui d'un héros qui inspire la joie de vivre à Neo San Francisco en dansant dans une tenue alien rouge fluo. Mais les ajouts apportés au postulat faisaient espérer un peu plus.

Attendu que le rôle du bad guy est campé par le CEO d'Apple/Google/Microsoft/Whatever et qu'il ourdit de formater les cerveaux humains jusqu'à l'apathie généralisée, on nous laissait entrevoir entre les lignes un petit terreau sémantique. Impression renforcée par le fait que ledit personnage, mégalomane au dernier degré, a littéralement racheté la planète entière à travers fusions et OPAs à tire-larigot. Tout a fini sous sa coupe, excepté la vieille salle d'arcade que fréquente Muteki, ultime survivante de l'ère bénie des années 80 que l'hyperfinanciarisation menace de disparition. Que c'était mieux il y a quarante ans, semble nous susurrer discrètement l'anime, quand le Japon était américanisé jusqu'au trognon mais que son économie demeurait encore l'une des plus protectionnistes au monde. Cette idée là, tout juste esquissée, fait partie des éléments singuliers de la série, et aurait mérité de plus amples illustrations. Mais on ne pouvait sans doute pas en demander davantage à un show coloré pour enfants en 2021.

Quant au récit de l'amitié entre Muteki et DJ, qui situe clairement l'anime à l'intérieur du sous-genre du magical boy, il est traité de façon trop superficielle et automatisée pour sonner juste. A aucun moment l'origine "métissée" de DJ n'est utilisée pour épicer leur relation, même si là encore ce choix semble insinuer de façon lointaine et maladroite le même motif de la réticence aux uniformisations/monopoles.

Bâti sur des représentations qui suggèrent l'existence d'un thème sous la pile, Muteking renacle à exploiter ces atouts potentiels et ne laisse à voir qu'une gentille anecdote déjà oubliée.