GETTER ROBO ARC
Réalisation : Jun Kawagoe
Scénario : Tadashi Hayakawa, d’après le manga de Go Nagai et Ken Ishikawa
Animation : Studio A-Cat
Dix ans après les évènements de Getter Robo Go, une nouvelle menace d’invasion plane sur la Terre : l’Andromeda Flow Country - composé de chinois et d’américains cela va de soi, passe à l’attaque. Pour repousser les belligérants, l’Institut Saotome dirigé par Hayato Jin a conçu un nouveau sauveur mécanique géant, le Getter Arc, dont les propriétés G sont si fulgurantes que personne ne semble disposer de l’endurance suffisante pour pouvoir le contrôler. C’est alors qu'arrivent dans le patelin deux adolescents liés au légendaire pilote Ryouma Nagare, porté missing in action...
Paf. Bam. Bang. Getter Beam. Boum.
Voilà, en-dehors d'un court flashback de Getter Robo Go. Qui finit lui aussi en badaboum.
J’aurais aimé enfoncer la série dans sa tourbe, tempêter à nouveau contre la capitulation 3D à laquelle Kawagoe s’est livré, et jeter le bébé avec l’eau du bain dans un grand torrent de nihilisme définitif, mais je ne le sens pas comme ça. Ces CGIs dépassés de dix ans et des poussières, cette animation de péones péruviens étrangère au dynamisme graphique d'Ishikawa, ce scénario qui ferraille sur un champ de bataille nommé post-it... tout ici inspire la mansuétude à l’endroit de Kawagoe, dernier prophète du robot anime qui, même divorcé des studios Actas, poursuit tel Saint François d’Assise prêchant la Parole à des oiseaux qui ne l’écoutent pas, son oeuvre d’évangélisation nagaienne.
Le manga d’origine n’était pas incontournable, et l’on subodore déjà que cette version entravée à tous les niveaux ne le transcendera à aucun moment. Et pourtant, que d’abnégation dans le fond. Les aventures en carton-pâte de Takuma sont de la matière dont on fait la "japanime", minerai aussi rare qu’une idée neuve. Cette notion d’alternative, disparue sous la couche moitié porno moitié banalisée de "l’animation japonaise". Signal amplificateur, Getter Robo Arc fait partie des quelques séries estivales qu’aucune plateforme n’a jugé utile de streamer en France ; pas de place pour l’incandescence au royaume mangassier de l’eau tiède et des pompiers défroqués.
Alors ce sera peut-être médiocre sous toutes les latitudes, mais qu’importe : Kawagoe c'est Basara Nekki. C’est ce grand frère décalé et fonce-dedans qui s’accroche à un rêve qu’il croit naïvement partagé par tous - cependant qu’il est en fait le Geronimo de la réserve, le dernier des chouans, l'europhobe du CAC 40, le guérillero qui tente de ranimer Zapata vingt minutes après que son coeur a stoppé. Aussi dépareillé qu’un éleveur de poules au forum de Davos, il n’a pas encore tout à fait réalisé qu’il était le vaincu de l’histoire. Cette anomalie de l’évolution nous fait donc l’obole d’un peu de bruit de tôle froissée, à rebours du cynisme de ses homologues vendeurs de sédatifs colorés. Au terminus de ses intentions GRA ne sera guère plus qu’un clin d’oeil désargenté, dont la planche de salut réside dans la rupture avec l’animation sirupeuse ou tautologique que vénère la bande téléramesque. Quand Kawagoe tient la barre, non seulement c’est à bord de nefs vieilles de cinquante ans dont l’armature part en sucette, mais il évite sciemment les routes commerciales avalisées pour aller se planter dans un calamar géant aux Bermudes. "Because it looks cool".