Manga : Sorcières. (Daisuké Igarashi)

[Merlin]

Auteur : Daisuké Igarashi

Nombre de tomes : 2 au Japon. Série finie.
2 en France édité par Casterman. (Sakka) au prix de 9.95 euros.

Histoires du tome 1 : (copie collage de manganews) Protectrices ou vengeresses, les sorcières de Daisuké Igarashi prennent autant de formes qu’il existe de magies en ce monde. À Istanbul, la belle Nicole ourdit depuis des décennies une machination destructrice. Son chemin croise celui de la jeune Ciral, fileuse qui crée des tapis singuliers... À l’autre bout du monde, en Amazonie, une jeune sorcière assassinée devient l’esprit protecteur de la forêt, tandis que dans un village d’Asie, un vieillard communique avec sa soeur décédée...



Mon avis : Tout le monde n'aimera pas.
C'est assez particulier car le dessin n'est pas trop dans le style manga.
Le dessin est brouillon dans l'ensemble même s'il est assez détaillé au niveau des visage.
Les hachures sur les vétements ou les décors donnent au destin un aspect crayonné.
Le tome est comme dis plus haut un recueil de plusieurs histoires sur des sorcières. Les évènements se déroulent à notre époque.
Toute ces sorcières ont un rapport à la magie différent.
Deux de ces sorcières utilisent leur pouvoir pour se venger mais leurs raisons sont différentes.
Ce qui est interressant c'est le ressentiment que l'on a pour ces 2 femmes.
Si pour l'une cette vengeance parait légitime, pour l'autre c'est radicalement différent.
Elles sont rongées par la haine d'un amour perdu. L'une d'elle en devient détestable et l'autre obtient notre soutiens malgré ses meurtres.
En fait c'est surtout dû au contexte et à la valeur qu'en tant que lecteur, on attribue à une vengeance juste d'une vengeance sans réels fondements.
Ce manga est donc interressant sur ce point quand on approfondi un peu plus la lecture car il permet de réfléchir sur les comportements humains et certaines conséquences de nos actions.
Il y a tout de même un fort message moralisateur.
Hormis l'histoire sur ces 2 femmes j'ai beaucoup aimé la petite fileuse Ciral qui apportait un plus à la première histoire.
Elle est une sorte de lumière dans cette histoire empreinte de vengeance et de ténèbres. ca faisait pas de mal.

[Mimi]

Je viens de lire le premier tome (le second est à portée de main).

Concernant le style, effectivement il est particulièrement fouilli. Les traits ne sont pas nets et les planches font souvent penser à des esquisses préliminaires pour des peintures par exemple. La lecture est un poil allourdie par le désordre (notamment dans "Le Fuseau" lors de la convocation).

Par contre, une fois que l'on dépasse cet aspect, on s'aperçoit que les personnages sont biens différenciés et ne se ressemblent pas (ça parait être un détail mais souvent les auteurs réalisent que de trop légères variations pour le design des personnages). Ici, les identités sont bien définies, de la petite fileuse au vendeur de "Samsung" du bazar.

Pour ce qui est de l'histoire en général ou des histoires, j'ai apprécié une certaine retenue dans le fil conducteur de ce premier opus. L'idée de la femme sorcière vengeresse est omniprésente mais ne se dévoile que peu à peu - du premier récit, on retient surtout cette petite fileuse des plateaux d'Asie Mineure.

Effectivement, ce titre ne plairait pas à tout le monde. Pour son style. Mais également par l'idée que son titre "Sorcières" - ô combien vendeur par une époque - ne donne qu'une vision restreinte du contenu (combien de personnes ont dû se sentir "arnaquer").

Ici, exit la sorcellerie grand spectacle à la "Witchcraft/Dangereuse Alliance"... ici, on parle de femmes, blessées, tristes voire désespérées qui s'accrochent à la sorcellerie pour se venger. Et qui dit "femme" dit délicatesse (même pour Nicole). Tout est dans le rapport "humain", la psychologie, ni plus ni moins. A se demander si "Sorcières" n'est pas finalement qu'une belle histoire d'amour et un plaidoyer pour toutes les femmes blessées.

Une autre trame conductrice de ce premier tome s'inscrit dans l'opposition, entre deux cultures pour le premier récit et dans l'évolution d'une société (ethnie) pour le second. Quant à la sorcellerie, art ancestral, elle est ramenée d'hier à notre époque pour devenir un moyen, une arme ou une fin en soit.

J'avais ajouté le premier tome de Sorcières à ma "shopping list" il y a quelques temps, en partie à cause du dessin. Au final, je lui ai donné une chance - bah oui occasion donc moitié prix - et j'avoue ne pas être deçu pour le moment par ce qui est proposé. Au final, j'ai acheté le volume 2 sans aucun regret.

[Mimi]

(double post mais suite du premier).

Je viens de finir le deuxième tome. Encore une fois, trois histoires. La thèmatique de la femme vengeresse n'est plus présente cette fois-ci.

Petra Genitalix - cette première nouvelle assez longue fait suite à la dernière du premier volume. On retrouve l'opposition classique "Vatican vs. Sorcières". Le dessin reste toujours aussi fouilli, en dehors des planches représentant les visages (Mira). Ici, on parle de cette pierre annoncée dans le premier tome qui revient à la surface et provoque des changements. La jonction est faite avec le prêtre voyant sa soeur sur le dos d'un oiseau. Encore une fois, la sorcellerie n'est pas au premier plan, bien que Mira - sorcière de son état - aide la petite fille dans son parcours initiatique.

J'ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui dégage beaucoup de poésie et d'humanité dans un sens. On ressent de la haine pour ce clergé "à la vision limitée" empêtré dans l'obscurantisme qui crache sur celle qui les sauvera.

La voleuse de chant - ou le road-trip d'une lycéenne qui se transforme en parcours initiatique... L'histoire est ici centrée sur la relation avec le Monde (thème également abordé dans Petra Genitalix). Encore une fois, la sorcière présente est en arrière plan.

La Plage - une petite fille cherche son matou et tombe sur une plage. Courte nouvelle qui cloture ce deuxième tome.

De manière générale, l'impression de poésie / contemplation est plus présente dans ce deuxième volume - qui à mon sens est meilleur que le premier opus.

Comme en introduction, exit la femme vengeresse, ici la femme devient mère avant tout. Qu'elle protège son enfant ou le monde, qu'elle guide son élève, elle semble toujours donner une impression d'amour sans limite. La meilleure illustration étant Petra Genitalix et sa symbolique de fin.

Bref, malgré un style de dessin qui peut rebuter (et ça se comprend), les scénarios et les thèmes sont suffisamment bien traités pour justifier la lecture (et donc l'achat) de ces deux volumes. Comme précédemment, pas de grand spectacle et d'explosions de magie, on parle des femmes avant tout. C'est ce qui fait le charme de ces recueils.