OBSOLETERéalisation : Hiroki Yamada et Seiichi Shirato
Scénario : Gen Urobuchi (
Puella Magi Madoka Magica)
Animation : Buemon
Original Net Animation en six épisodes de dix minutes chacun, réalisée en CG.
Mini-série co-financée au lance-pierre par Youtube et Bandai.
En 2014, une race extraterrestre prend contact avec l'humanité depuis l'orbite lunaire. Elle se propose d'échanger sa technologie de pointe, des bipèdes bio-mécaniques surnommés -EXOFRAMES-, contre de simples couches de roche calcaire. Un coût dérisoire qui entraîne rapidement la prolifération d'armes redoutables aux quatre coins du globe. Cette nouvelle donne inquiète tout particulièrement l'Occident, qui voit d'un très mauvais oeil l'intervention des mutiques aliens : celle-ci a permis en effet de réduire drastiquement, en l'espace de quelques années, les écarts militaires qui prévalaient entre G20 et pays du Tiers monde, armées régulières et sociétés de mercenaires...Hommage à peine dissimulé à l’oeuvre de Ryousuke Takahashi (par ailleurs rattaché au projet comme producteur),
Obsolete est sans doute possible le plus respectable anime de robots depuis
Argevollen de Xebec. Passons d’emblée sur la technique, puisque la question est ailleurs, et que de surcroît l’animation 3D très rustique n’est pas sans charme – pour la raison bienvenue qu’elle fait assez européenne. Le titre touche très fugacement à tous les thèmes que le genre aurait dû aborder, et aurait abordé, si le chauve à nez rouge et aux grandes chaussures n'avait pas remporté la mise dans les années 80. Du
MS IGLOO sans le nawak ou le mélodrame téléphoné, l’inscription la plus volontariste dans le monde réel depuis au bas mot
FLAG.
Le concept, malléable, est réhaussé par l'idée intéressante de créer non pas une histoire continue mais un ensemble de brèves vignettes de guerre, au sein desquelles trois-quatre personnages récurrents peuvent éventuellement se croiser. Ce qu’on nous propose, c’est une mosaïque de situations évoquant différents aspects des conflits armés : opérations commando, espionnage, utilisation des enfants... Elles ont un lien et esquissent sur la durée le motif du renversement des rapports Nord-Sud. Un sujet présent en filigrane, jusqu’à l'intitulé
obsolete, qualifiant implicitement les (dés)équilibres mondiaux que nous connaissions avant que les aliens ne changent unilatéralement les règles du jeu.
Seulement voilà, derrière ce parangon de mechaphilie capiteuse, sous cette
toxic masculinity plus pileuse que le torse de Tom Selleck se trouve aussi la pire frustration de ces dernières années, conséquence d'un format étriqué et mesquin condamnant l'anime à ne rester qu'une belle déclaration d'intention. Ou si l'on préfère, une goutte d'eau déposée sur la langue en période d'intense sécheresse artistique. Y a pas. Le temps. De développer. La même série avec 26 segments achronologiques se renvoyant la balle, offrant de creuser ne serait-ce que quelques minutes les protagonistes impliqués, aurait été d’un autre calibre, et aurait pu représenter une notable avancée dans la définition d’un objectif pertinent pour le courant real robot. En l’état, et même s’il est possible de reconstituer le canevas approximatif du récit à l’aide des bribes semées au cours de l’ONA-comète, nous n’avons pas passé suffisamment de temps sur cette Terre alternative, loin de là, pour ressentir pleinement les enjeux qui nous sont présentés, bloqués au stade de concept. Que voilà un excellent recap’ messires, maintenant on voudrait bien la version complète.
Spoiler alert : on l’aura pas, trop le seum. Vile machinerie que celle dans laquelle les créations qui mériteraient d’être soutenues à hauteur de leurs aspirations ne le sont pour ainsi dire jamais.
A voir impérativement pour les affidés de la Brigade, mais en tirant la tronche par avance.
On a le teaser d'une ani/m/ation rédimée, et ça fait peu.
"Hello, red shoulders."