WONDERLAND : LE ROYAUME SANS PLUIE
Réalisation : Keiichi Hara
Scénario : Miho Maruo, d'après le livre jeunesse de Sachiko Kashiwaba
Chara-Design : Ilya Kuvshinov
Animation : Signal MD
Akane est une jeune fille qui manque de confiance en elle. La veille de son anniversaire, elle fait la rencontre du mystérieux alchimiste Hippocrate et de son petit apprenti Pipo, qui lui déclarent être en mission pour sauver le monde d'à côté. À partir de la cave de la maison, ils ouvrent un passage vers un pays merveilleux, Wonderland...
Un conte pour enfants à la présentation soignée mais auquel manque à peu près tout ce qui fait l'attrait d'un conte pour enfants : héroïne globalement passive et subissant les évènements plus qu'elle n'influe sur eux, morale ou signification rachitique, univers attrayant de prime abord mais finalement peu cohésif. On peine un peu à comprendre non seulement l'objectif de tout cela - en dehors du passe-partout "fin de l'enfance" plus connu au Japon sous le label mon cul c'est du poulet, mais aussi en quoi ce récit méritait de nous être narré, ce qui commence à devenir un leitmotiv dans les films de Hara. Plutôt joli, avec un designer russe qui semble s'être pas mal inspiré des femmes de Satoshi Kon pour croquer les siennes, le long-métrage claudique d'une écriture trop décousue - que l'on m'explique l'apport, vis-à-vis de l'enjeu central, de la longue digression autour du concours de couture de pulls - et ne sait pas comment gérer ses personnages, au point de les transformer en mouche ou de les faire s'endormir lorsque le script n'a plus rien à leur faire faire. C'est assez décevant, dans la mesure où Hippocrate et Zang possédaient un large potentiel jamais effleuré en deux heures - oui c'est du Hara, donc c'est plus long que nécessaire. Les courtes séquences centrées sur le binôme de méchants, avec leur direction artistique à mi-chemin entre steampunk et Don Bluth, sont intrinsèquement remarquables mais n'aboutissent en définitive, comme tout le reste, à pas grand-chose.
Bien sûr, le fait que cette histoire n'ait aucune prétention artistique - à la différence de Colorful et Miss Hokusai qui se voulaient des propositions cinématographiques, pourrait la rendre vaguement sympathique à qui ne nourrit aucune attente particulière. Certaines scènes prises isolément comme le tribunal félin font sourire, sans compter qu'il est toujours agréable de voir l'animation japonaise tenter de s'accrocher à cette cible démographique au mépris d'un quelconque réalisme commercial. Mais même rapporté à des catégories plus "modestes", Wonderland me paraît être un film sans direction nette, une autre occasion manquée pour son réalisateur.