RIDE YOUR WAVE
A son entrée à l’université, Hinako pose ses bagages dans une ville balnéaire. Surfeuse accomplie, elle est beaucoup moins confiante pour ce qui est de mener sa vie et définir ses aspirations. Au cours d’un spectaculaire incendie, elle rencontre le jeune pompier Minato...
Dernier long-métrage en date de l'extraordinairement prolifique Yuasa au sein de son studio Science Saru, une nouvelle fois rattaché à l’élément aquatique. Moins dispersé que Lu Over The Wall, c’est une histoire sur la jeunesse, une romance fleur bleue à connotation fantastique, et ponctuée des quelques virées dans l’absurde typiques du réalisateur. S’il dispose d’une bien meilleure cohérence que son prédécesseur et se montre même charmant à plusieurs reprises, il est fréquemment lourdé par les excès de mièvrerie, son littéralisme et l’overacting du scénario (pas bête sur le fond) de Yoshida ; façon périphérique de dire que le prodige Yuasa n’est toujours pas aventureux au point de vouloir rompre avec certains codes éculés que l’animation japonaise rabâche sans passion depuis vingt ans. Avec ses caractérisations rebattues allant du garçon parfait à la tsundere à couettes, sa musique doucereuse ou son énième message propre sur lui à propos de la nécessité d’avancer face à l’adversité (spoil : la vague est une métaphore trop d33p pour toi gaijin), le film n’étonne guère mais se réhausse toutefois de plusieurs moments de bravoure, tels que l’irruption surnaturelle d’une gigantesque masse d’eau dans un immeuble abandonné, les saisissantes séquences réalistes impliquant les sapeur-pompiers ou les phases de surf aux angles de vue ingénieux et aux aplats superflat tant prisés de l’équipe. Quelques lueurs de sincérité esquissées dans la relation entre les deux protagonistes poussent aussi la production au-delà du seul formatage "anime", preuve que le récit, conceptuellement intéressant, aurait pu faire des étincelles avec une exécution un peu plus mature ou dégagée de cette pesante habitude nippo-japonaise de tout surligner au feutre stabilo.
Ride Your Wave n’atteint jamais son vrai potentiel mais n’en demeure pas moins plus maîtrisé que son prédécesseur ; cette fois on a senti que les ingrédients étaient réunis sur la table, que le film se dirigeait quelque part et on a même failli l’y suivre. En fait, il existe sans doute un bon récit caché sous la vague de guimauve. Mais les tropes fatigués et les automatismes en tous genres ne lui offrant d’émerger que par alternance, la version aboutie est laissée à l’imagination du spectateur. En attendant les retrouvailles du réalisateur avec Matsumoto, peut-être plus propices à la germination de la promesse yuasienne.