Je plussoie l'intérêt pour
Dans l'intimité de Marie qui traite le sujet de façon très inconfortable, donc très intéressante. Désacraliser une intimité, rendre un corps non désirable. Car oui, Marie est tellement secouée que tu ne peux pas prendre du plaisir à voir son anatomie. Isao poursuit sa via dolorosa et ses interactions modifient des relations, mettant en lumière la fragile amitié des jeunes filles lorsqu'un garçon entre dans l'équation. Le tome 4, que l'éditeur présente comme celui sujet à polémiques, conserve sa pertinence dans l'angle proposé sur le regard que nous portons à l'autre sexe.
Après lecture, je considère ce "fan-service" plus intéressant que la moyenne et sans gratuité. Le corps présenté n'a rien de sexuellement attirant et l'acte n'est pas ce qu'il y a de plus "vendeur" pour appâter le petit obsédé qui sommeille en chacun de nous. Marie envie quelque chose, une liberté d'acte, de pensée et peut-être de parole. "Marie" trouve l'interrupteur et la communication est enfin établie. "Marie" éveille la dimension désirée par Marie, sexuellement et socialement parlant. Le tome 5 devrait confirmer tous ces bousculements.
Gemini a écrit:impossible de savoir de quoi parle ce manga.
Rhôô, tout de même...
De quoi parle ce titre (
Innocent) ? D'une fascinante lignée familiale assujettie par sa fonction, tel un condamné "tiraillé" par son sort. C'est une sorte de biographie réarrangée mais vraiment bien fichue sur 4 générations. Seul défaut me concernant : l'apparition d'immeubles haussmanniens sur certaines planches. Et j'ai été agréablement surpris d'apprendre qu'il avait changé d'éditeur pour se caler dans un mensuel pour, je le cite grosso merdo, "avoir plus de temps pour me documenter et ainsi mieux retranscrire le contexte historique sous ma plume".
Area 51 : C'est fou. Autant Jabberwocky m'avait déplu pour son aspect lent et brouillon, autant cette série est bien plus dynamique et punchy dans son déroulement. L'aspect bruckien du graphisme reste toujours le même mais il se marie plus aisément au récit. On est à mi-chemin entre American Gods et MIB. Mc Coy, pendant féminin à Mc Lane pour ses méthodes musclées, est une tête brûlée qui n'accepte pas qu'on la remette à sa place et son passé ressurgit peu à peu. Le dessin se prête merveilleusement bien à ce polar fantasy.
Mon crush du mois ?
ChiisakobeAprès l'apocalyptique Dragon Head,
Après l'horrifique Dame de la Chambre Close,
Après l'initiatique Maiwai,
L'adaptation du roman éponyme de Shûgorô Yamamoto en 4 tomes :

Shigeji, jeune charpentier, perd ses parents et l’entreprise familiale, « Daitomé », dans un incendie. Se rappelant les paroles de son père, « quelle que soit l’époque dans laquelle on vit, ce qui est important, c’est l’humanité et la volonté », il fait le serment de reconstruire Daitomé. Mais son retour à la maison natale s’accompagne de l’arrivée de Ritsu, amie d’enfance devenue orpheline et qu’il embauche comme assistante, et de cinq garnements au caractère bien trempé échappés d’un orphelinat. La cohabitation va faire des étincelles.
Je suis ressorti conquis et apaisé de cette lecture. Le trait épuré avec son petit aspect cassant comme du bois fait ressortir les difficultés de chaque personnage qui devra réviser ses jugements pour mieux comprendre son nouvel univers dans un souci de maintenir l'équilibre d'un microcosme très éclectique. Ritsu est délicieusement dessinée. Ah, et ne vous fiez pas à la couv' : ce n'est ni un ouvrage sociologique sur les hipsters ni une bio de Sébastien Chabal. Bref, une lecture fine et forte que je recobande à tout le monde.
Bestiarius 1&2 : cette tenue stravaganzaesque *bave*
L'histoire met en place trois groupes de personnages qui vont être probablement être amenés à se rencontrer et oeuvrer ensemble contre le joug romain. En effet, l'empire Romain d'Occident domine le continent où coexiste humains et créatures fantastiques (dragons, trolls, gobelins, etc.). Bien entendu, dans un tel monde, les monstres n'ont pas leur place et finissent souvent dans l'arène pour survivre ou être tué. On se croirait dans Berserk. Nous sommes entre 58 et 88 ap JC, période où vont se chevaucher les 3 premières histoires :
Finn et Durandal la Wyverne (dernière représentante de son espèce qui a tué le père de Finn)
Zenon et Talos le fils du Minotaure (tué quelques années auparavant par une légion romaine)
Arthur, Elaine, Pan et Galahad (un garçon, une fille, un satyre admiratif de l'armée romaine et un gobelin)
Les deux premières concernent le monde des gladiateurs où les esclaves doivent tuer toutes sortes de monstres dans une arène pour gagner leur liberté. Finn et Zenon sont des orphelins adoptés par des monstres (la Wyverne et le Minotaure) et se lient profondément à leur nouvelle famille. Tous deux sont passés maître dans l'exécution de monstres de tous poils. On les nomme "bestiari". Je ne dévoile pas plus l'intrigue, vous verrez par vous même (à noter que Kakizaki réussi toujours à dépeindre proprement les salauds de service, que ce soit la glaciale Arianna, le fourbe Domitien ou l'ignoble Sextus)
Le troisième récit concerne l'enlèvement d'Elaine pour devenir esclave à Rome. Ses trois amis vont s'entraîner dur pour se rendre dans la cité impériale et sauver leur amie. Mais...
Dans les trois cas, il s'agit de mettre en exergue la possibilité de faire coexister humains et monstres contre le diktat romain. Et devenir d'irréductibles adversaires de Rome. Comme à son habitude, l'auteur nous régale de son dessin tout à la fois fin et bilalien dans l'aspect crasseux donné à certains visages, habits et décors.
Fin du tome 2 :
A tous les coups, le médaillon va réveiller Eleina et face à cet échec, Lepide va envoyer ses trois molosses déglinguer la donzelle mais Arthur et ses minimoys amis vont la protéger (sauf qu'elle se débrouille assez bien toute seule) et se battre contre eux...
En tout cas, une histoire se dessine via une timeline assez précise. Si on recolle les dates, on peut s'attendre à la constitution d'une dream team pour tataner Rome. Un shônen sur le pouvoir de l'amitié, contre la tyrannie (Bouh la vilayne Arianna ! Bouh, le maychant Sextus !) et la discrimination : une base toute simple sur le fond mais super bien charpentée sur la forme.

D's©
Life is theater... theater is everywhere.