Oeuvre d'origine :
Taiyo MATSUMOTO (Tekkonkinkreet, GoGo Monster, No. 5)
Réalisation :
Masaaki YUASA (Kaiba, Kick-Heart, Yojô-Han Shinwa Taikei, Mind Game, Kemonozume)
Chara-designer :
Nobutake ITO (Kaiba, Kemonozume, Yojô-Han Shinwa Taikei)
Directeur artistique :
AYMERIC Kevin (Kick-Heart)
Music :
USHIO KensukeStudio :
Tatsunoko ProductionsTaiyo MATSUMOTO, Masaaki YUASA, deux hommes ayant tant d'affinités qu'ils se devaient de faire de leur vivant quelque chose en commun, pour le bien de l'humanité. La tendance heta-uma de MATSUMOTO ne pouvait en effet que trouver parfaite résonance dans celle de YUASA pour nous sortir le combo télévisuel ultime. Le choix de se porter sur Ping Pong est un poil discutable si on sait que le manga se focalise sur la relation entre deux garçons, Hoshino et Tsukimoto, avec une forte réflexion sur ce qu'est le talent, la différence, l'amitié et la rivalité. Un schéma qu'on a déjà vu point par point dans Tekkonkinkreet, thème souvent repris par MATSUMOTO dans ses mangas et qui, pour ne pas blaser l'audience ingrate, aurait eu meilleur parti d'adapter un Samourai bambou ou un Number Five.
La case Noitamina prouve une fois de plus que son blason n'est pas mort quoiqu'en disent certains, au-delà de certaines fautes de parcours négligeables.
Le vent rend trop difficile à entendreAborder Ping Pong, c'est savoir faire des concessions. Le générique n'est que stock-shots passés en boucle de scènes présentes dans ce premier épisode et sur lequel il vaut mieux détourner le regard pour ne pas dévoiler la matière qui va suivre. Il annonce la couleur d'un épisode qui recyclera beaucoup, jusque dans ses scènes les plus fortes. Une série a petit budget/personnel qui accusera parfois des fautes impardonnables comme l'animation sur le plateau avec des trajectoires impossibles, des rebonds imperceptibles ou des balles qui se retrouvent du mauvais côté alors qu'elles sont frappées de l'autre. On peut pardonner que les joueurs tournent en boucle dans le background, que des passes soient intégralement reprises sur la scène principale mais qu'un petit rond blanc n'en fasse qu'à sa tête dans une série de ping pong, style ou pas style, c'est dur à avaler. La mise en scène n'a rien d'extraordinaire, ne possède pas ce grain de folie propre à YUASA et on pourra même dénoncer l'usage du replay et du split-screen, deux méthodes que personnellement, je ne cautionne que peu. Il n'y a pas d'autres reproches à faire à ce niveau car la série ne peut pas sombrer dans l'extravagance à cet instant, pas alors que les hostilités sont à peine déclarées. Ping Pong est un manga qui démarre lentement, avec somnolence, parce qu'il y a une routine établie jusque dans le positionnement des talents. La réa choisit donc d'être d'une docilité exemplaire, suivant son chemin sans toutefois se permettre quelques envolées comme cette scène donnant son nom à l'épisode ou le duel Hoshino/Wenge qui rappelle YUASA à notre mémoire.
Néanmoins, Masaaki ne concède rien sur la direction artistique fidèle à elle-même, la musique tranquillement pêchue, la narration sans faute. Le rythme avance doucement, avec bonhomie, nous faisant rire sur la déculottée du nouveau au club Tamura, avant qu'arrive Wenge qui nous fera littéralement frémir. On voit le nekketsu arriver, on voit la rage de vaincre, on sent l'animal blessé. En dépit de tout ce qu'on pourra trouver sur l'animation, sur l'édulcoration du style de YUASA, cet épisode démontre de vraies qualités, une vraie force à peine éveillée si on connaît les promesses du manga. La déception est surtout dû au fait que Ping Pong n'est pas au niveau des standards qu'on est en droit d'attendre de YUASA surtout quand il s'agit de sa première adaptation d'un manga de MATSUMOTO. Cela se devait d'être une rencontre au sommet et nous avons eu un échange devant une tasse de thé et trois petits biscuits.