
Un artbook consacré aux différentes séries publiées par Rumiko Takahashi entre 1978 et 2004. Ou plutôt à ses séries longues puisqu'on n'y trouvera ni ses histoires indépendantes, ni ses séries plus courtes (comme Mermaid forest). Avec Uruseï Yatsura, Maison Ikkoku, Ranma 1/2, Inu Yasha, Rinne et Mao, il reste cependant de quoi faire et cet artbook de 400 pages est un beau pavé (d'où un prix conséquent de 45 €, mais je ne me suis pas senti volé après l'avoir lu).
Chaque partie commene avec des pages couleurs du manga, parfois accompagnées de commentaires de l'auteur :

On a aussi un nombre conséquents d'illustrations, également acompagnées dans certains cas de commentaires de Rumiko Takahashi :

Ainsi que quelques scènes en noir et blanc, sélectionnées et systématiquement commentées par l'auteur.
Il y a quand même un important défaut pour les pages couleurs, comme on peut le voir sur la première image que j'ai postée. Les dialogues restent en japonais, ce qui est vraiment dommage. S'il s'agissait de garder l'image originale, les textes auraient pu au moins être mis en note de bas de page. Après, ça reste un défaut notable mais minime et l'essentiel est de pouvoir admirer les beaux dessins de Rumiko Takahashi dans un format qui leur fait honneur (bon, il y a quand même 2 planches de Maison Ikkoku qui, en grand format et prises isolément, ne sont pas forcément du meilleur goût, alors que ça passait plus facilement dans le manga : p. 87 et 90).
L'artbook se finit avec une intéressante interview de 10 pages dans laquelle elle nous explique comment elle est devenue mangaka, quelles étaient ses influences et quel est son (impressionnant, après une quarantaine d'années) rythme de travail. Il y a des informations vraiment intéressantes, par exemple quand elle fait le lien entre le contre croisé de Joe Yabuki et celui de Ryunosuke et de son père dans Uruseï Yatsura. Je n'y avais jamais fait attention mais, quand elle en a parlé, c'est devenu évident.
En revanche, il y a des passages où je n'ai pas bien compris ses remarques et où j'ai l'impression de n'avoir pas lu le même manga que celui qu'elle avait dessiné et scénarisé.
Sur Uruseï Yatsura : "J'ai fait de gros efforts pour éviter de reproduire en permannece les mêmes schémas narratifs" : heu, s'il y a une de ses séries où les mêmes schémas se répètent régulièrement, c'est bien UY...
"Dans un manga shônen, le héros doit être un exemple, un modèle qui nous fait dire : "j'ai envie de devenir comme lui."" J'aurais compris pour Ranma ou Inu Yasha. Mais pour Ataru ? Même s'il a quelques qualités (ténacité, compassion envers les faibles), qui aurait envie de devenir comme lui ?
"Je m'attache beaucoup à mes personnages et je pense avoir donné une fin heureuse à tous ceux de la série Urusei Yatsura" : alors, OK pour Shinobu. Mais Ataru n'a pas avoué son amour à Lum (même si c'est devenu évident), Ryonosuke n'a toujours pas pu s'habiller en fille, Mendo n'a pas de copine (alors que l'auteur avait créé un personnage avec lequel ça aurait pu arriver), Ran ne tient toujours Reï que par son estomac... En fait, il y a très peu de changements entre le début et la fin.
Et c'est à peu près la même chose pour Ranma, en un peu moins marqué quand même : Ranma et Akane n'assument pas clairement qu'ils sont amoureux mais c'est évident. Ryoga et Ukyo ont trouvé quelqu'un. Mais Shampoo, Kuno, Kodachi, Mousse... restent sur le carreau sans avoir pour autant renoncé.
Sur le père de Rinne, qualifié d'"homme au coeur d'artichaut" : je n'ai vu que la première saison de l'animé donc peut-être que les choses changent ensuite (mais ça m'étonnerait, ce n'est pas le genre de la maison) mais, dans mes souvenirs, non, pas du tout ! C'est un connard qui arnaque les femmes qu'il séduit grâce à son joli visage et qui n'hésite pas à faire assumer les conséquences de ses actes par son fils qui n'a rien demandé.
Bref, j'ai trouvé ces commentaires parfois assez étranges. Ce qui n'empêche pas d'apprécier le livre pour ses superbes dessins et d'espérer que d'autres artbooks suivront.